Chapitre IV

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Chapitre IV - Origine

Je sentis une pression sur mon front. Puis, des bruits étouffés me parvinrent en écho. Des voix féminines s'exprimaient dans une langue que je ne comprenais pas. Elles répétaient sans cesse le même mot, avec toujours plus d'insistance :

— ... steseira... ?

— ... fia né, steseira... ?

— ... steseira, tilnir sél vaï sél... ?

Des mains me secouèrent avec vigueur. Je poussai un grognement, engourdie par le sommeil. Mes couvertures ne m'avaient jamais paru si douces, et mon matelas, si moelleux. J'avais l'impression d'être couchée sur un nuage.

— Maman... ?

Ta sta trio, steseira, me répondit doucement l'une des voix. Sa renotsa Héméra Solia sél beo prim...

Je me redressai d'un bond, mon cœur manquant un battement.

Trois jeunes femmes vêtues de robes grises identiques m'encerclaient. L'une était rousse, tandis que les deux autres étaient presque aussi blondes que moi. Mais le plus frappant, c'étaient leurs yeux : ils pétillaient comme si elles étaient en train d'assister à un miracle. Non. Héméra n'avait tout de même pas réussi à m'emmener sur...

Je baissai les yeux sur mon lit.

Mes couvertures n'étaient plus jaunes, mais blanches, cousues de fils d'or et de petits diamants. Des voiles assortis étaient rattachés aux poutres dorées qui se trouvaient aux extrémités de mon matelas, lui-même assez grand pour accueillir au moins quatre ou cinq personnes. Rectification : ce n'était pas mon lit. Et à en croire les deux soleils qui étaient bien visibles par les fenêtres qui m'encerclaient, ce n'était pas non plus ma planète.

Ma première réaction fut de hurler de toutes mes forces. Ma deuxième, de leur jeter les oreillers en plein visage et de prendre la fuite, vêtue de la nuisette la plus courte que j'avais portée de toute ma vie.

Je poussai l'unique porte et m'élançai dans un immense salon doré. J'entendis les trois femmes pousser de petits cris paniqués :

Renotsa Nathis Denra! Renotsa Nathis Denra!

Leurs voix furent vite remplacées par le bruit de pas se rapprochant à toute vitesse. J'accélérai en comprenant qu'elles avaient lancé quelqu'un à ma poursuite. Un homme, à en croire la voix menaçante qui tonna :

Steseira, trilo stotma!

— Non! m'écriai-je en zigzaguant entre les canapés et les tables basses. Arrêtez de m'appeler steseira! Je veux rentrer chez moi!

Steseira...! débuta-t-il d'un ton encore plus menaçant.

— Non! le coupai-je en lui balançant la première chose qui me passait sous la main — un vase doré probablement hors de prix.

Je jetai un coup d'œil plein d'espoir vers l'arrière, mais le regrettai presque aussitôt; le vase éclata d'un coup d'épée dorée luminescente et le visage de mon assaillant m'apparut clairement : des cheveux aussi blonds que les miens, des yeux bleus meurtriers et une marque de losange doré sur son front. Sa combinaison blanche similaire à celle que portait Héméra le rendait encore plus terrifiant. Oh non. S'il était aussi monstrueux qu'elle...

Je ne devais pas le laisser me toucher.

Sous aucun prétexte.

J'attrapai des dizaines d'autres objets — des lampes, des statuettes et des vases remplis de fleurs tropicales — et les balançai vers l'arrière en poursuivant ma course. Je l'entendis pousser ce qui ressemblait à des jurons, et je réussis même à prendre un peu d'avance sur lui.

Origine - Le Cristal d'Éther (nouvelle version)Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora