04 : willy et abigail

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Misty - Sarah Vaughan.


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‎ WILLY ET ABIGAIL‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ CHAPITRE 4BARBARA TEBOUL

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WILLY ET ABIGAIL
‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ CHAPITRE 4
BARBARA TEBOUL

"Ce que tu as progressé en quelques heures, je pourrais presque suspecter des gènes de sirène tant cela relève du prodige." D'une voix granuleuse dû au tabac, Willy me hurle ce compliment en riant de son sourire édenté.

L'odeur iodée de la mer devient presque impénétrante en vue du temps que j'occupe à même le sol de l'embarcadère. Le soleil n'a pas embrassé mais bien embrasé ma carne en ces derniers jours du printemps. Heureusement qu'il se couche. Le dérèglement climatique a de beaux jours devant lui. Je sens la peau de mes doigts peler à force de jeter, d'agripper et de tendre cette canne à pêche chancelante que le pêcheur de la vallée m'a généreusement offert. Toute ma vie, j'ai imploré le ciel pour que je puisse jouir de dons en musique, en art, dans la drague quand je découvrais au collège que j'aimais bien un peu beaucoup regarder Tamara et que ça a duré un peu trop d'années ; je me demande si j'aurais préféré ne pas savoir que mon don implique de puer le fraichin et de me confronter à l'eau.

"Ce que tu es concentrée. On dirait que ça fuse dans ta tête. Tes expressions du visage sont identiques à celles de ton grand-père, haha. Ah, tu m'apportes de la nostalgie. Mais, ne te vexes pas. Elle est emplie de bons souvenirs. Nos navigations en haute-mer, nos rêves et récits sur le mystérieux monde benthique..." Ses yeux sont clos, comme pour illustrer au détail près à mesure de ses remembrances. Je ne pipe mot, pour rien au monde je souhaite l'interrompre dans cette révérence.

Après des aventures narrées et un sceau de cadavres de sardines et d'anchois rempli, Willy pose sa canne à pêche de professionnel ardu à ses côtés.

"La vie à la ferme n'est pas facile, ma jeune fille. Un bon moyen de t'emplir les poches est de te consacrer à la pêche le temps d'organiser ta culture." Il se lève. "Prend ce sceau chez toi. Vide le dans ton bac à récoltes. Tu récupèreras l'argent en temps et en heure. Si on t'as bien expliqué, tu sais que tu peux y déposer quoique ce soit que tu souhaites vendre."

"Oui. Très bien entendu. Je vous remercie, Willy !"

"Bon. C'était une belle après-midi à tes côtés. Un bonheur de revoir une Teboul. Viens me retrouver à ce port quand tu veux ! Désormais, tu es comme ma petite fille."

Nous nous saluons de la main pour nous souhaiter bonne nuit, et je reste là. Plantée. Les pieds remuant en avant et en arrières, à quelques centimètres de l'eau cristalline qui ne reflète désormais que la lune et les lampadaires.

Dr. Harvey [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant