Blanche-Neige Online

56. Face à la Reine

— Tu savais tout, dis-je en relevant la tête pour dévisager Rob. Au sujet de Fred et Laurine, de moi, de mon passé. Je ne me souvenais pas de la fin de notre soirée après la boîte de nuit, avant aujourd'hui. Maintenant tout est clair : c'est pour cela que tu t'es précipité pour m'aider quand tu as su que Jay avait frappé mon ex. Tu savais dans quel état je serai après cette rencontre.

Rob me fixe, perplexe

— Tu... tu ne te souvenais de rien ?

Je bouge mon visage de droite à gauche.

— Non... Je... Mais si tu savais, pourquoi es-tu parti avec Laurine ?

— La blonde ? il recule. C'est ta colocataire ? Je... Je n'avais pas fait le lien, je ne lui ai demandé son prénom qu'une fois dans les jardins et...

Il se passe une main dans les cheveux, fixant le sol.

— Pardonne-moi, je n'ai pensé qu'à toi, à notre dispute et je ne lui ai prêté aucune attention.

— Est-ce que quelque chose pourrait être simple entre nous, pour une fois, je soupire de lassitude.

— Je voudrais tout te dire de mon passé, ainsi nous serions à égalité. Mais avant, je dois parler à Jay, car il en fait aussi partie.

Je comprends et laisse Rob partir au-devant de Jay qui le rejoint.

En me dirigeant vers les salons du château pour rejoindre Stella que je viens d'apercevoir en compagnie de Matthias, je me fige. Laurine est là ! À me dévisager de la tête aux pieds, comme on jauge l'ennemi. Est-ce que je suis prête ?

Son départ au bras de Rob dans les couloirs du château, ses lèvres sur celles de Fred, mon cœur qu'elle a piétiné en volant mon travail au passage, tout cela me remonte en boule dans la gorge. Jamais je n'ai été aussi en colère contre quelqu'un. Toutes ses excuses ne suffiront pas à me calmer.

Pourquoi est-elle encore ici ? Tout le mal qu'elle m'a fait n'est donc pas suffisant ? Est-elle venue voir ce qu'elle pouvait encore tirer de cette stupide et naïve Blanche ? Elle est mal tombée !

Je me redresse et la dévisage.

— Si tu viens t'excuser, je t'écoute, tu as deux minutes. Sinon, tu peux partir.

— M'excuser ? dit-elle, piquée au vif. Mais de quoi ? D'être majeure et de sortir avec un homme consentant ? Et puis, ne rejette pas la faute que sur moi ! Fred est concerné aussi, je te signale. Et lui, il est parti en reportage à l'autre bout du monde plutôt que de s'expliquer avec toi.

— Laurine, mes relations avec Fred ne te regardent pas ! Ne me fais pas la morale !

— Parlons-en de Fred, justement ! Il t'aimait et toi, tu jouais avec ses sentiments, dans le genre : « Oh non, je ne sais pas... Je pensais que l'amour ce serait différent. » Tu n'étais pas amoureuse de lui, ça se voyait ! Rien ne t'obligeait à rester dans ses bras, tu pouvais partir quand tu voulais !

— Tu m'accuses d'avoir joué avec les sentiments de Fred ? Mais il ne sortait avec moi que sur ton ordre !

— Pardon ?

— C'est toi qui lui as demandé de détourner mon attention pendant que tu volais mon travail pour l'incorporer à tes demandes d'emploi !

— Jamais je n'ai dit à Fred de t'embrasser ! Cette histoire-là s'est faite sans moi !

— Tu te fiches de moi ?

— Si Fred est sorti avec toi, c'était sa décision ! Fred agit dans son propre intérêt, pas pour moi. Tu lui plaisais vraiment, même si ce n'était pas l'amour fou. Et puis, ce baiser, tu le lui as rendu. Et les suivants aussi. Tu n'étais pas forcée de continuer à le voir. Au fond, c'est toi qui ne l'aimais pas vraiment. Mais ce n'est pas la fin du monde : des couples qui se quittent car ils ne s'aiment pas ou plus, ça arrive tous les jours. Ne me rends pas responsable de tout.