Épilogue

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« ... pourtant, lorsque je rouvre mes deux yeux, aucun chérubin ne m'accueille. Je ne sais pas vraiment comment, mais les Siuslaw m'ont rattrapé avant de reprendre leur forme humaine. Je suis en vie. Les voilà qui s'excusent et nous remercient, les deux genoux au sol, enfin libérés de l'emprise de Lucifer. Les wakizas les imitent et à leur tour.

Je souris. L'avenir s'annonce radieux. Charly me prend dans ses bras.

On a gagné. »

Je soupire et essuie une larme qui coule sur ma joue. Ça y ait. J'ai terminé.

Je n'oublie pas de sauvegarder puis ferme l'ordinateur. Cela fait plus d'un mois que je suis dessus. Je n'ai jamais écrit aussi vite de ma vie ! Un beau bébé de 150 000 mots qui retrace toute mon histoire depuis mon arrivée dans cette baie si particulière jusqu'au combat final contre le diable. J'aurais pu aller beaucoup plus vite si j'avais délégué mon travail de bibliothécaire, mais hors de question d'abandonner mon poste ! Je n'ai jamais eu autant de clients, c'est incroyable ! La frénésie s'est un petit peu calmée, certes, mais n'en reste pas moins impressionnante si on la compare à mes premiers jours ici. Je commence à me dire qu'il faudrait que je recrute quelqu'un pour que l'on reste ouvert 24 heures sur 24.

Le soleil traverse la fenêtre toute neuve. Ça sent encore la peinture fraiche. Notre chambre a été complètement refaite, comme le reste de la maison. Des tons doux, pastel. Comme je le voulais, on a mis de l'orange ici avec un immense tableau de liège sur lequel on a commencé à mettre quelques photos. Il reste encore beaucoup de places pour nos futures conneries.

Quelqu'un gratte à la porte. J'ai un flashback de cette fameuse nuit où Nelson s'est amusé à m'espionner. Qui cela peut-il bien être ? Soudain, un gros "boom" me fait sursauter et manque de faire tomber l'ordinateur. On a enfoncé la porte ?

Je me lève en quatrième vitesse et fonce dans le salon, prête à engueuler ma guéparde qui serait bien capable d'une telle bêtise ! Lorsque j'arrive dans le salon, je tombe sur un immense ours brun allongé de tout son long sur le canapé.

Joe.

« Tu t'es encore trompé de maison... »

Il ronfle déjà. Un vrombissement tonitruant qui fait vibrer les quelques cadres posés sur les meubles. Je soupire. L'un de ses enfants a été blessé pendant l'attaque. Une jambe cassée, je crois. Depuis cet incident, c'est la troisième fois qu'il rentre ici à moitié endormi après avoir passé trop de temps à son chevet. Mais bon. Comment est-ce que je pourrais t'en vouloir ? C'est grâce à toi si je suis là après tout. Toi et ta folle envie de ramener du sang neuf.

Une tête passe le seuil de la porte. C'est ma guéparde. Son pelage jaune tacheté reflète les rayons du soleil avec une beauté sans égal. Elle rentre en observant la porte puis finit par comprendre en entendant cette véritable cacophonie.

« Encore ?

— Encore. »

Elle soupire à son tour.

Depuis que la malédiction s'est levée, tous les habitants peuvent se transformer à leur guise, quel que soit le moment de la journée. Ça a changé la vie de pas mal de monde, notamment celle des animaux marins. Mais beaucoup ont décidé de garder leur forme animale en permanence. Sans grande surprise, c'est le cas de ma chère et tendre coureuse de sprint.

« Je dois passer au musée. Tu viens avec moi ? »

Je la suis et par réflexe, me retourne pour fermer la porte à clé. Bon. Tant pis.

Là où se terre le diableWhere stories live. Discover now