𝗦𝗮𝘃𝗲 𝗠𝗲 𝗙𝗿𝗼𝗺 𝗧𝗵𝗲 𝗙𝗹𝗮𝗺𝗲𝘀 - 𝖳𝗈𝖽𝗈𝖽𝖾𝗄𝗎

𝟼𝟶.

Quelques heures plus tard, alors que la nuit était bien avancée, le bicolore était réveillé et se déplaçait avec une extrême discrétion à travers la chambre, jusqu'à atteindre la porte et sortir. Il se doutait que Bakugo ne le laisserait pas repartir gentiment pour retrouver Toya et se jeter tête la première dans ses flammes. Ne voulant aucunement avoir à se battre avec son ami, Shoto préféra fuir une seconde fois.

Sans un seul bruit ni un seul mot, il quitta l'hôtel et disparut à travers les rues les moins éclairées de la ville, déterminé à retrouver la trace de son grand frère. Il savait que Crématorium n'était jamais très loin de lui, qu'il se réjouissait de l'observer s'épuiser à le courser sans même le voir. Mais il allait bien finir par se lasser, jouer à faire tourner en rond son jeune frère ne l'amuserait pas indéfiniment. Un jour, il jubilerait d'initier une nouvelle confrontation entre eux deux.

Et ce jour semblait être arrivé.

Dans la périphérie de son champ de vision, Todoroki apercevait une longue et sombre silhouette filer d'un mouvement furtif de temps à autre, parfois éclairée de minces étincelles bleuâtres. Obnubilé par le vilain depuis bien trop longtemps, il aurait pu croire que ceci n'était que le résultat de son cerveau se jouant de lui, voulant lui donner un éclat d'espoir après ces dernières semaines résumées par l'échec. Toutefois, cette pensée ne lui traversa pas l'esprit une seule seconde.

Crématorium était tout près, il en était certain, il se montrait à peine et ne cessait de bouger, guidant son jeune frère vers un endroit inconnu. Se fichant bien de savoir où on le menait, le bicolore suivait cette ombre mouvante sans se soucier de ce qui pouvait se trouver sur son chemin. Il se contentait de courir sans s'arrêter et perdre de vue sa cible, esquivant agilement les quelques obstacles inintéressants se dressant sur sa route, jusqu'à se retrouver à slalomer entre les arbres sombres d'une forêt vide de civilisation.

Après quelques minutes à s'engouffrer entre les troncs surplombés de feuilles, presque noires sous le ciel nocturne, l'ombre avait disparu. S'arrêtant aux abords d'une large étendue d'herbe à peine parsemée d'arbres, plus aucun mouvement n'était percevable. À plusieurs reprises, Shoto balaya du regard le décor dressé autour de lui, espérant trouver cette silhouette. Elle était réelle, il l'avait bien vue. N'est-ce pas ? Son obsession ne le rendait tout de même pas fou au point de lui faire voir ce qu'il souhaitait en dépit de lui montrer la réalité, si ?

Pris d'un horrible doute, le bicolore passa une main tremblante entre ses cheveux qu'il agrippa maladroitement, comme si ce simple geste lui permettrait de rester accroché au monde réel. Peut-être bien que lui aussi devenait dingue. Après tout, ça n'aurait pas été si étonnant, la stabilité ne cessait de s'estomper un peu plus chaque jour, peut-être avait-elle finalement déserté sa vie. Le souffle court en raison de l'angoisse lui serrant la gorge, il se rendit compte de l'absurdité complète de sa situation. Il se retrouvait au beau milieu d'une forêt où il n'avait jamais mis un seul pied auparavant, tout cela parce qu'il croyait suivre Toya après avoir entraperçu ce qui s'apparentait à une ombre humanoïde.

Son crâne devenant tout juste douloureux face à ces pensées déroutantes, il se força à prendre une grande inspiration, imprégnant ses poumons d'une bouffée d'oxygène avant de la relâcher lentement. Il était hors de question qu'il se laisse aller à la panique, pas alors qu'il était seul dans un environnement inconnu. Seul au possible depuis plusieurs semaines, il ne pouvait pas s'autoriser à se montrer vulnérable. Même s'il l'était, il se devait de paraître fort et déterminé, autrement il s'écroulerait six pieds sous terre en une fraction de seconde.

Le dos droit et la tête haute, prêt à lancer une ruée de flammes ou de glace sur quiconque, une flammèche bleue tournoya de ses pieds jusqu'à sa tête et le fit pivoter vers son détenteur. À l'instant même où son regard croisa celui de Crématorium, dressé quelques mètres devant lui et s'amusant avec une flamme bleuâtre au creux de sa paume, un affreux mélange de puissantes émotions enserra la poitrine du bicolore. Il était là, l'assassin d'Izuku était là, un sourire aux lèvres et le menton fièrement relevé. Maintenant que Shoto s'était rassasié et reposé, l'épuiser une deuxième fois aurait été ennuyeux aux yeux du brun, alors il s'était enfin décidé à se montrer.