Et effectivement, elle le comprenait parfaitement. Cette précaution de garder les informations cruciales pour ne pas que les autres nuisent leur plan. Elle soupira, résignée. Mais Viki n'en resta pas là.

— Et au sujet je sais pas... Du mec qui tire ?

Il aurait dû se douter que Viki serait la plus difficile à calmer. En même temps il l'avait mis inconsciemment en danger en venant parler avec elle. Mais jamais il n'avait envisagé qu'elle serait à cette soirée. Et cet imprévu l'avait un peu perturbé, au point de ne pas s'être concentré davantage sur les personnes alentours. Il se maudissait de ne pas avoir fait preuve de professionnalisme.

— Ça, c'est une autre histoire.
— Alors raconte-la. Et si tu refuses, ajouta-t-elle en le voyant ouvrir la bouche, je ne te parle plus !

Il aurait pu ignorer cette menace des plus enfantine. Mais il ne le pouvait. Car il savait que si elle avait décidé de ne plus lui parler, ou le voir, alors elle le ferait avec conviction. Et dire qu'au début, elle avait été une fille timide ne voulant pas s'affirmer, là c'était tout son contraire. Et il préférait ça, qu'elle soit elle-même et s'affirme.

C'était pour ça qu'au lieu de se renfrogner ou de se sentir en colère, il eut un sourire sur les lèvres. Il croisa les bras, regardant l'extérieur.

— D'accord, j'vais t'le dire. C'était juste après la libération d'Agata et l'invitation à ce bal...

*

— Non, je ne mettrai pas ta veste à la noix !

Viktor rejeta au sol la fameuse veste, qui était en réalité un gilet anti-balle. Igor soupira et le ramassa en le posant sur le dossier de la chaise. Il regardait son neveu, qui s'était affalé sur son fauteuil. Lui resta debout à regard la pièce dans laquelle ils étaient. Il connaissait les réactions de son neveu par cœur. Il allait poser ses mains sur sa tête, regardant un point vide au sol où dans ce cas précis sur son bureau. Il allait pousser un long soupir et recoiffer quelques mèches brunes puis lui dire qu'il était fou. C'était qu'en entendant son soupir qu'il posa son regard sur lui.

— Vraiment, faut que tu arrêtes d'être parano !
— En attendant, ma paranoïa comme tu l'appelles nous a été très utile.
— Ce n'est pas une raison de vouloir me protéger comme si j'étais ton enfant.

Il serra les dents. Oui il n'était pas son père. Il le lui avait répété des tas de fois. Et pourtant, cette phrase lui faisait toujours aussi mal. Il lui rappelait les échecs qu'il avait eu, et qu'il aurait toujours. Non pas en le voyant, mais en lui disant sans cesse que jamais, non jamais il ne remplacerait ses parents. Ça n'avait jamais été son but, mais il aurait aimé que le plus jeune ait de l'estime pour lui, au lieu d'avoir un continuel conflit entre eux.

Il expira longuement pour se relâcher. Mieux valait se calmer plutôt que de s'énerver et de dire des choses fâcheuses. Il le regardait droit dans les yeux.

— Là-bas, il n'y a qu'des personnes pouvant s'procurer un Kolpi. Mieux vaut être prudent.
— Avec le monde qu'il y aura, ce serait suicidaire de vouloir faire une telle chose.
— Au contraire, Vik'.

Pour une fois, le surnommé ne le rectifia pas sur ce surnom qu'il détestait. Mais son regard démontrait son scepticisme envers ce qu'il avançait. Igor s'assit sur son bureau nonchalamment, les mains entre ses jambes.

— Quand y a du monde, c'est plus difficile de savoir qui est le coupable dans c'te histoire. C'est même une occasion parfaite pour faire c'qu'on a à faire. Utilise tes trucs de psy, tu verras.

Le brun soupira à ce rappel. Parfois, il n'aimait pas qu'il le dise, car il se rendait compte que oui, il pouvait utiliser ses capacités en-dehors de ses séances. Il ferma les yeux, se cala contre son fauteuil et visualisa la mentalité de quelqu'un qui voudrait tuer quelqu'un. Pas pour le simple plaisir du meurtre, mais plutôt pour attirer l'attention, faire un scandale. Un gros scandale. D'abord, il y avait eu Agata, une célèbre jeune actrice russe qui attaque son psy. Ensuite, dans la même soirée, pendant que les policiers étaient dispersés, il y a eu l'attaque du commissariat. Dans les deux cas il y avait un point commun : le manque de monde. Mais malgré tout, les journalistes avaient appris la nouvelle très rapidement. Car les deux personnes étaient connues, et que ça avait touché la police locale. Mais pas assez pour que ce soit une nouvelle mondialisée. Et si c'était ce qu'ils recherchaient, ce dont il était presque certain à présent, alors le fameux bal du Tsar, un événement majeur dans la nation, mais aussi connu par les riches célébrités voulant passer du bon temps, c'était le moment idéal.

Golos [PREMIER JET]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora