CHAPITRE QUINZE

Depuis le début
                                    

Eteindre le téléphone avec enregistrement vocal → pas de voix, mais continue d'avoir des bourdonnements aux oreilles : soupçonne qu'il y a encore des ondes même si l'ordinateur ne relève rien.

Expérience #4 : Eloigner le téléphone.

Dans une autre pièce → Ondes moins fréquentes.

Juste éloigner le téléphone à l'autre bout de la pièce → adaptabilité des ondes pouvant aller jusqu'à 5m.


Elle soupira en se massant les tempes. Entre les ondes, la voix, ses pensées, les écrans et ses notes, elle ne savait plus où en donner la tête. Elle rejeta alors le carnet, l'envoyant balader plus loin par terre sans aucun remord. Elle se reconcentra sur les sensations primaires. Le froid cognant la peau du visage et de ses mains, l'odeur si particulière de cet hiver qu'ils avaient en Russie, le bruit de la circulation en bas de chez elle, ainsi que les quelques oiseaux qui ne sont pas partis en migration vers les pays plus chauds.

C'était dans ces moments-là qu'elle voudrait sortir, ne plus être dans son appartement devenu trop petit au fil des jours, qu'Igor ignore ses avertissements pour venir la sortir de là. Mais elle n'avait reçu aucune nouvelle. Elle ne voulait même pas regarder son propre portable de peur d'avoir des désillusions. Pas de nouvelle sur l'état d'Agata, ni sur Viktor, et encore moins pour savoir comment elle allait, elle. Un bourdonnement résonna dans ses oreilles devenues sensibles, lui faisant froncer les sourcils.

— Tu le vois bien qu'il ne s'intéresse pas à toi, Viki. Il ne s'est jamais intéressé à toi.

C'était une voix rocailleuse, qui se faisait très largement entendre, mais dont Viki n'en avait pas conscience. Pour elle, tout ceci était une pensée qu'elle avait dans sa tête. Que c'était sa conscience qui lui parlait, et non autre chose.

Elle dont la joie de vivre était marquée sur sa face, son visage montrait plutôt de la tristesse et de la colère depuis ces derniers jours. Tout l'énervait. Tout. Sauf la Russie en elle-même, elle s'était rendue compte que ce pays était merveilleux et qu'on devait en reconnaître sa beauté ainsi que sa puissance.

Mais ce genre de réflexion ne lui ressemblait pas. Parfois elle se réveillait en se disant ça. Mais cette fois-ci, c'était plus compliqué de ne pas céder aux ténèbres du cœur. En ce moment même, elle ne songeait même pas à se sortir de cette mauvaise passe. Juste à se laisser tomber petit à petit, en espérant atteindre le fond.

Son téléphone sonna néanmoins et, cette pensée disparaissait pour laisser place à la surprise, regardant l'appareil comme si elle le découvrait pour la première fois. Depuis quand cet objet qui lui appartenait était là ? Elle laissa sonner deux fois avant de prendre le mobile et de décrocher.

— Oui, allô ?
— Viki j'ai absolument besoin de toi ! Peux-tu me remplacer pour assister à un service très important ? Je te revaudrais ça promis.

Il ne fallut même pas quelques secondes avant que la réponse sorte naturellement de ses lèvres, comme un souffle de libération.

— J'arrive.

*

Le jour après sa petite visite à Agata, Igor revenait cette fois-ci en compagnie de Viktor, enfin sorti de l'hôpital. Jamais le psychologue ne s'était senti aussi libre et content d'être dans le froid, lui qui détestait tant ça. Et à peine fut-il dehors, il s'était remis au boulot, voulant absolument voir sa patiente malgré les recommandations de son oncle. C'était donc contre son gré qu'il l'accompagnait. Et pour lui faire penser à autre chose, Viktor lança un sujet.

Golos [PREMIER JET]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant