— Tu es blessée ici... fit-il comme s'il était fautif.

Viki sourit légèrement et passa sa main sur la sienne pour l'enlever de son égratignure.

— A part ça, il ne m'a rien fait.

Le regard aussi gris qu'un ciel de pluie la fixait pour vérifier si c'était la vérité. Ses yeux étaient si profonds, si tristes et en colère à la fois. Alors, elle sut que ce qu'elle avait entendu plus tôt dans son appartement était faux. Elle gardait son léger sourire qui devenait même taquin.

— Tu me dois un restau' du coup.

Les yeux ronds démontraient sa surprise avant d'éclater d'un rire tendu mais sincère quand même. Il hocha la tête, tapotant gentiment son épaule.

— Demain si tu veux.

Les deux se regardaient, se sourirent, retrouvaient leur complicité malgré les évènements qu'ils avaient chacun vécu. Un moment simple, sans parole. Juste un regard et ils se comprenaient. Mais leur bulle se perça avec la venue d'une infirmière qui venait certainement vérifier l'état du brun. Alors instinctivement ils se séparèrent en détournant leur regard à l'opposé. Même quand la soignante sortit, ce drôle de silence gênant envahissait la pièce. Igor se gratta la gorge comme pour retirer son embarras.

— Tu dois être fatiguée... Tu devrais aller te reposer.
— Ah ça non ! Je ne suis pas venue ici pour repartir bredouille ! elle posa son index sur ses lèvres quand il les vit s'ouvrir. Je suis venue pour faire un rapport complet. Pas pour un câlin, même si je dois avouer que c'était plutôt plaisant...

Elle masqua ses rougeurs en passant sa main sur ses cheveux et se tourna pour prendre ce qu'elle avait apporté. Elle omettait aucun détail. Elle lui fit part de ses soupçons à propos de l'étrange clarté de la voix des enregistrements étudiés, de l'incident avec cet homme, du téléphone qu'elle avait confisqué avant de partir de la scène de crime, et surtout de son désarroi qu'elle avait vécu dans son appartement.

— Dans un sens, c'était horrible à supporter ce grésillement. Mais d'une autre part... J'étais comme dans une certaine léthargie. Je ne saurai dire quoi, mais c'était une drôle de sensation.

Le policier regardait la jeunette un moment, elle, puis le téléphone qu'elle avait confisqué. Il le prit dans ses mains, regardant la marque.

— Kolpi... Ça me dit quelque chose...
— C'est normal. C'est la nouvelle marque de téléphone russe de luxe. Toutes les célébrités russes l'ont. Elle existe depuis je dirai cinq ans.

Tout allait si vite dans la tête d'Igor. Ça défilait sans qu'il puisse réellement s'en rendre compte. Car pour lui, c'était normal qu'il pense à ce rythme-là. Il se rappela de différentes affaires plus ou moins récentes. Puis, l'évidence apparut dans ses yeux écartés de clairvoyance. Il tourna lentement la tête vers Viki qui ne semblait pas effrayée par un tel regard. Elle avait travaillé suffisamment de temps avec lui pour connaître ses réactions.

— Tu as une idée ?
— Le téléphone. C'est le téléphone qui fait ça !

Igor aurait pu éclater de joie s'il n'y avait pas cet air sceptique dans les yeux de la secrétaire.

— Réfléchis. Agata a le même téléphone que ce mec. Je le connais, lui. C'est un gars bien, jamais il ne ferait ce genre de chose. Il était venu au poste plus tôt pour une histoire de cambriolage ou je ne sais quoi. En plus, tous les cas de justice impliquant des renoms russes avaient cette marque de portable. Ce n'est pas possible de contrôler quelqu'un avec des ondes ou je ne sais quoi d'électronique ?

Sa théorie était totalement folle, mais pas impossible. Viki était une femme qui s'y connaissait en technologie, et elle savait que les ondes avaient une influence sur le cerveau. Même si le fait de contrôler quelqu'un avec des ondes était ahurissante, il fallait quand même admettre qu'avec leur connaissance actuelle sur la technologie ils pouvaient faire bien plus de choses qu'ils ne le pensaient.

Golos [PREMIER JET]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ