Tu étais avec une figure de carton
Caressant ses angles colorés de pixels, les doigts mouillé de sel pour t'imprégner de son encre.
Tes cils se perdaient dans les craquelures marron, dans le papier craft des cheveux, papier de lettres d'amour inavouées, inachevées, absence de sujet
Fasciné par la silhouette, ses ombres de papiers tentatrices, allongées sur un lit maculé de la blancheur des jasmins, des pétales sur l'oreiller .
Tu dansais autour de mains figées, d'un sourire immobile, d'une pose imprimée , mon corps tout entier sur une surface debout.
Ma seconde dimension érigeait un mur si désiré que l'embrasser paraissait si facile. L'enlacer, moins fragile.
Mais la pluie est tombée
Et a fondu le papier :devant toi se tenait l'envie, le besoin, l'avarice, la cruauté, le mépris - oh ce mépris, inexcusable pour d'autres ! Et pourtant - le mépris et malgré tout restait l'amour, sur ses deux jambes malades, son sourire coincé, son ventre en feu.
J'ai vu passer un ange et j'ai compris qu'il était mort.
J'ai déposé sur sa tombe une fleur, un chrysanthème carmin découpé en un calque coloré. Tu aimais une figure de carton, et ma désolation n'y fera rien : on dit que la perfection réside dans l'idéal, la conception dans l'idée, dans le spectre abstrait qui hante nos attentes au détour des abribus, dans un film, dans un oreiller.
Tu étais avec une figure en carton et j'en suis désolé
