Partie 3 : Le retour

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C'est trop dure l'inceste. Certains se demandent sans doute ce que cela veut dire.L’inceste c’est le fait d’avoir des relations sexuelles avec un membre de sa famille, alors que c’est interdit. Ça fait partie des grands tabous de l’humanité. Si l’inceste est interdit dans toutes les sociétés humaines, c’est parce qu’il réunit des personnes que l’on considère comme « trop semblables » : elles ont en commun des composantes essentielles de leur être, qu’elles soient physiques − le sperme, le sang, le lait ou la chair − ou immatérielles − l’âme ou le nom. J'ai trop honte de moi. Mais ce qui me fait le plus mal, c'est qu'il s'agit de ma sœur.  Je l'aurais fait qu'une seule fois, une seule nuit. Mais, elle, chaque jour ouvre ses jambes à des inconnus,  malades ou pas, elle n'en sait rien. A présent que va devenir ma vie ?
C'est trop dur, que va penser notre père s'il apprend cela. Lui qui croit que sa fille travaille comme serveuse dans un restaurant de luxe.

Mais à l’époque, je ne voulais pas étouffer. Je voulais respirer à m’en décoller les bronches, respirer plus fort que la capacité de mes propres poumons, respirer pour oxygéner mon cerveau, respirer pour ne plus être dyslexique…. Mais ça, c'était avant. Avant que mon cerveau ne manque d’air. Cela fera une semaine dans deux heures et quatorze minutes. Depuis, je compte les jours, je pleure la nuit. ».
Je n'ai plus revu ma sœur depuis un moment.  Je suis finalement devenu un soûlard pourceau qui nage sous les flots d'un nuage de regrets et de haine.  Dois-je rédiger un exposé orale pour défendre la personne que j'étais,  je pense que non. L'erreur est humaine soutiennent certains. 
Ma femme m'attendais,  plutôt dois-je dire mon ex femme ? Nous avons divorcé.  Ne l'oubliez pas.  Pour moi ce n'était qu'une nuit de sexe. Elle n'est pas actuellement au Sénégal.  On était en lune de miel en France. Un voyage qui fut payé par mon oncle.  Elle a choisi d'y rester. Elle était dans une chambre à m'attendre croyant que je reviendrai.  Pour elle c'était plus qu'une histoire de sexe.  Elle était amoureuse.

C’est la chambre des amoureux, la plus vaste du manoir, on l’appelle « Chambre bleue ». Elle était allongée sur le lit m'attendant dans cette chambre bleue toute seule.

Bleue comme les tapisseries qui recouvrent ses murs, bleue comme les yeux de cette fille qui ne parvient pas à dormir, bleue comme cette blafarde soirée d’hiver.

            Les douze coups de minuit bousculent la bâtisse assoupie. Cœur de métal insensible et sonore, le balancier reprend son inlassable mouvement. L’écho de ses pulsations se répercutant dans les murs de pierre parvient aux oreilles de la jeune femme allongée sur le lit. Ce bruit familier, ce bruit qui depuis son enfance jalonne ses songes, ce bruit la rassure… Un peu. Est-ce que je viendrai. J'ai trop souffert.  J'ai assez souffert.

            Afin d’ignorer les jérémiades du vent, les glissements furtifs émanant du grenier, afin d’éconduire les mille craquements de la vieille demeure, elle concentre toute son attention sur le « toc-toc » monotone de l’antique horloge qui imperturbable et hautaine, pétrifiée dans sa toge de bois, martèle depuis trois siècles la vie familiale de quatre générations.

            Minuit ! Le voile de la peur s’insinue.

            Animés par le pâle orchestre rougeoyant de la bougie, les murs dansent autour du lit un ballet imprécis. Figés sur leurs toiles, méprisants, ironiques, moqueurs, les ancêtres l’observent. Dans cette chambre trop grande pour elle, tout est ombres mouvantes, formes irréelles. Mais elle court le risque espéra que je revienne.

Et cette porte !

Cette porte qu’elle ne peut fermer, car il manque le loquet. Cette porte qui grince lorsqu’un courant d’air la frôle. Comme elle aimerait la pousser !

Elle voudrait me téléphoner aussi, elle voudrait, sans quitter le refuge douillet du lit, embraser toutes les lampes de la maison. Mais la neige, qui depuis la veille s’agglutine sur les toits du vieux manoir isolé, a rompu les fils téléphoniques, brisé un poteau électrique. Elle est seule, face à la nuit, face à l’angoisse.

Une ombre blanche passe devant les carreaux puis s’écrase mollement sur la véranda. Elle sursaute, retenant un cri. Ce n’est rien ! Un paquet de neige trop lourde vient de s’échapper du toit. Le regard de la jeune femme se pose sur la fenêtre hérissée de flocons cotonneux, larmoyante d’humidité.
Elle croyait que c'était un autre, elle croyait que c'était moi !

La fenêtre !

Recroquevillé sous la couette, le jeune corps frissonne.

La fenêtre !

Contre sa chemise de nuit, elle sert le fusil de chasse huilé.

La fenêtre !

Les yeux soudés sur l’objet de sa peur, elle demeure prostrée.

— Je dois me lever, fermer les volets, oublier, dormir, rêver ! Ce vaut rien ne viendra pas.  Il a goûter mon Q et pour lui c'est suffisant.  Moi par contre j'en veux plus , je veux son cœur. 

Murmurait-elle !!!

Elle voudrait détacher son regard de cette tache claire dans laquelle se reflète le frissonnement incertain de la bougie. Elle voudrait se libérer, elle voudrait me revoir.  Sénégal-France dou Keur massar Pikine.

Dans l’incapacité physique d’accomplir le moindre mouvement, elle cultive son angoisse, écarquillant les yeux afin de percer le brouillard opaque de la nuit. La chute légère des cristaux de glace contre la vitre, émet des sons clairs qui tintent désagréablement à ses oreilles, mais qui la captivent.

Dans le silence ouaté, elle s’assoupit enfin. La mèche enflammée lance un dernier éclair sur la cire fondue puis s’estompe. La jeune femme gémit, ses yeux s’ouvrent démesurément. Elle mord son poing à en hurler de douleur. Elle perçoit nettement les claquements secs contre la vitre, la roche des murs extérieurs qui s’effrite. Quelqu’un est là, elle le sait, elle l’entend ! Un être hideux, émergeant des ténèbres, escalade la façade au crépi lépreux. Ses contours irréels se posent contre la fenêtre. Une voix sépulcrale grince dans un jargon indistinct.

Cette sentence de mort arrache la jeune femme de sa torpeur. L’apparition est là, qui la contemple de ses yeux malfaisants. Une longe main gantée de noir, caresse la croisée de bois qui grince. La dame du lit, poussant un hurlement strident, lève le fusil, détourne son regard et presse la détente. Tonnerre assourdissant dans la chambre obscure, la détonation éclate. Par la fenêtre déchiquetée, le vent glacé s’engouffre ranimant la jeune femme abasourdie. Sa respiration saccadée peu à peu se régularise. Le va-et-vient du balancier reprend possession du calme trop pesant qui règne à nouveau sur la demeure. Avec avidité, aspirant l’air chargé d’humidité, s’imprégnant de l’odeur de la poudre, de la neige et du froid, elle pose le fusil de chasse sur le chevet.

C’est alors qu’elle se remémore l’étrange discours prononcé par le maléfique visiteur. Son regard fouille la pièce, les ancêtres la dévisagent, plus goguenards que jamais. Elle prend sa tête entre ses mains, contemple le fusil inanimé et elle rit.

— Chérie ! Tu peux m’ouvrir ? Je suis de retour !!

Voilà, mot pour mot, ce que l’apparition a dit. La jeune femme se met à rire, à rire, à rire ? Elle est contente de me revoir...
Je suis enfin de retour.  Mon oncle a assuré.  Elle m'avait manqué....

A suivre....

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⏰ Last updated: Sep 27, 2023 ⏰

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