Cela semblait lui convenir, et la plus jeune s'introduisit dans le bureau pour se mettre en face de l'appareil. En quelques clics, elle retrouva la vidéo enregistrée et elle s'éloigna, prête à partir. Mais avant elle s'arrêta pour observer son supérieur, souriant d'un air bienveillant.

— Il vous suffit à présent d'appuyer sur « Play » et ce sera bon.
— Merci ma p'tite !

Le surnom la fit lever les yeux au ciel, mais gardant un sourire devenu amusé, puis elle quitta la pièce, laissant les deux hommes seuls. Le plus âgé sourit légèrement et regardait son neveu, comme fier de lui.

— C'est une brave petite. Dommage qu'elle ne soit que secrétaire, j'aurai été ravi de la former.
— Tu n'as jamais été doué pour être pédagogue. Bon, et si on passait aux choses sérieuses. Qu'est-ce qui valait mon déplacement ?

Cela ramena Igor à la réalité, car il se hâta à son bureau pour s'asseoir sur sa vieille chaise en bois. Le brun se demandait comment il pouvait supporter d'être assis sur un tel support, mais en le voyant se relever et lui faire signe de venir, il devina comment.

Il le rejoignit alors et s'assit sur la chaise devenue libre pour observer l'écran. Il mit en lecture la vidéo de la caméra qui avait enregistré la nuit d'Agata. En la voyant de dos, sous les draps chauds, avec le mouvement de ses côtes réguliers, il se sentait comme un voyeur. Il détourna le regard, se demandant si c'était bien ce qu'il faisait actuellement. Le policier semblait le remarquer, car il fit d'un air excéder :

— Ne me dis pas que tu doutes maintenant !
— J'entre dans l'intimité d'une de mes patientes, ce n'est pas rien.
— Elle était d'accord, tu me l'as dit. Et maintenant arrêtes avec tes règles d'éthique et concentre-toi, fit-il en désignant sévèrement l'écran.

Dans un soupir, il s'exécuta et observa la vidéo en essayant de faire taire la voix de la raison. À première vue, rien d'intéressant ne se passait. La blonde semblait dans un sommeil réparateur, ce qui le rassurait dans un sens. Mais c'était tout de même inintéressant. Il soupira lourdement.

— Reste concentré.
— Bon tu vas me dire ce qui ne va pas ? demanda-t-il d'un air impatient.
— Sois patient bon sang. Tu comprendras et me croiras qu'en le voyant et l'entendant.

Il fronça les sourcils avant qu'une voix grave familière ne lui parvint aux oreilles. Il reporta son regard alors à l'ordinateur. Il n'avait pas entendu clairement ce que la voix disait, étant étonné de l'entendre.

Il se concentra alors, prêt à écouter et à regarder ce qui se passait. Un autre son, provenant de la blonde, suivit de froissement de draps, indiquaient qu'elle se tournait. On pouvait à présent voir son visage détendu. Les sourcils froncés accompagnaient quelques grisaillements venant probablement d'un bruit de la maison habituel. Ses lèvres s'entrouvaient et, au même rythme que la corde vocale masculine, elle semblait prononcer ces quelques mots :

— Ne leur fais pas confiance...

C'était un murmure, qui correspondait aux mouvements de la bouche de la blonde. Sidéré, il appuya son dos contre le dossier dur de la chaise. Rapidement, il passa nerveusement ses mains dans ses cheveux. Son cœur semblait vouloir exploser à tout moment.

— Non... Non... Dis-moi que c'est pas vrai...

Sans grand espoir, il observa son oncle qui faisait les cent pas devant le bureau, les mais croisés derrière son dos. Ils s'observaient une fois qu'il s'arrêta.

— Viktor, c'est la vérité. La voix semble provenir d'elle. Même si c'est normalement celle d'un homme. Je ne sais pas si c'est possible, mais c'est ce qu'on voit dans la caméra.
— Ce n'est peut-être qu'une coïncidence...

Golos [PREMIER JET]Where stories live. Discover now