Interlude 2 : Promenade sur le marché

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Docteur Natan


 L'homme regarda sa montre, elle indiquait neuf heures et vingt-cinq minutes. Il soupira, de la vapeur s'échappa de sa bouche.  « Déjà une demi-heure que je marche avec cette bécasse... ».

 A son coude se tenait Marine Marty. Il ne la détestait pas, loin de là. C'était sa première expérience qui fonctionnait, et il en était fier. Mais, depuis son premier « repas », son attitude envers le médecin avait radicalement changée.

 On était passé d'insultes à compliments, et ça l'agaçait. Mais alors, pourquoi restait-il avec elle, s'il ne l'appréciait pas ? Tout simplement car elle voulait lui parler des conséquences de son opération.

            En effet, elle lui avait témoigné une certaine difficulté à digérer son « repas ». Bien qu'elle l'ait grandement apprécié, celui-ci ne l'aimait pas, de toute évidence. Ainsi, depuis deux semaines, c'était, dans la mairie, rempli de complaintes à propos de son mal de ventre incessant. Il lui avait donc expliqué, tout en faisant le tour de Thiercelieux, que ce genre de choses pouvaient arriver, mais qu'il garderait un œil sur elle, « au cas où ».

            Enfin, le couple arriva sur la place du marché. Seul les Robinson étaient sortis exposer leur pain. Une dizaine de personnes discutaient avec le couple de boulangers, ne faisant pas attention à la neige qui commençait à tomber.

 « Vous pouvez me laisser ici, déclara Marine. La mairie est juste là, je n'ai pas besoin d'être accompagnée, et merci pour vos conseils ! ». Le docteur ne la salua même pas, il la regarda simplement s'éloigner vers l'entrée de son domicile.

 Alors qu'il allait repartir, il fut attiré par le bruit de la toux qui venait prendre la jeune veuve. « Quel étrange son... »Pensa-t-il. Il se rapprocha d'elle. Elle toussait de plus en plus fort, attirant les regards des personnes sur la place du marché. Le docteur vint placer sa main sur le dos de Marine. « Allons, ça va aller ? », lui demanda-t-il.

 Celle-ci se releva péniblement, elle toussa encore une fois. Du sang jaillit de sa gorge. Elle regarda Natan, du liquide rouge dégoulinant de ses lèvres. Elle toussa une dernière fois et le sang éclaboussa le visage du docteur, impassible.

            Marine s'effondra sur le sol, morte. « Allons bon, songea Natan. Qu'est-ce qu'on va dire cette fois... Tiens ! Pourquoi pas une petite pneumonie ? ».


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