Chapitre 13

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Leila


La nuit était tombée sur Thiercelieux et la lune était pleine. La jeune fille marchait à travers les rues du village, tout en évitant de glisser sur les pavés mouillés. Bien que la pluie se soit arrêtée, l'orage était toujours là et il se faisait de plus en plus menaçant.

Leila se hâtait de rejoindre la maison ; sa grand-mère détestait la voir traîner tard le soir dans le bourg. Elle arriva sur la place du marché puis tourna à gauche. Elle tapa sur la troisième porte de l'immeuble. « Mamy, c'est moi ! » lança-t-elle. Voyant que personne ne répondait ou même ne venait lui ouvrir la porte, elle se décida à appuyer sur la poignée.

A sa grande surprise, la porte n'était pas fermée à clé.

La franchissant, la jeune fille se retrouva dans son salon, il était plongé dans les ténèbres. L'agencement des pièces lui étant familier, elle trouva sans mal les escaliers situés au fond de la pièce et commença sa montée. Arrivée en haut, elle tourna la tête et vit avec horreur sa grand-mère étendue au milieu du couloir, dans une flaque d'un rouge écarlate.

Elle s'approcha doucement du corps. Elle sentait les larmes couler abondamment sur ses joues. Lorsqu'elle arriva au niveau de la vieille femme, elle se baissa de façon à ce que sa tête soit au niveau des yeux de sa grand-mère qui étaient jusqu'à maintenant cachés par sa chevelure.

Ses magnifiques yeux bleus azur accueillirent avec douceur Leila, qui se mit à pleurer plus fort encore. « Pourquoi ? Pourquoi les loups t'ont tué toi ? De tous les habitants ? ».

Les questions tourbillonnaient dans la tête de la jeune fille. Pourquoi était-ce elle la cible ? Pourquoi Yohan ne l'avait-il pas protégé ? Elle fut tirée de ses pensées par le bruit de craquement du plancher du couloir.

Elle se tourna et vit une grande silhouette l'observer à quelques mètres d'elle. La jeune fille n'arrivait pas à distinguer ce qu'était cette forme sombre, mais lorsque la foudre frappa, le loup-garou fut entièrement révélé au grand jour.

Leila hurla à plein poumons en direction de la bête, au même moment que la porte du bureau s'ouvrait. « Mais qu'est-ce qui se pa... ». La question de Yohan resta en suspens dès qu'il vit le corps de la voyante, puis la silhouette du monstre. Il alluma la lumière, comme pour s'assurer que tout n'était qu'un rêve, mais l'horrible spectacle était toujours là.

Au bout des quelques secondes au cours desquelles personne ne bougea, le loup-garou prit ses pattes à son coup et dévala l'escalier quatre à quatre. Leila pensa au pouvoir qu'avait Yohan de dévoiler la forme humaine des loups et lui cria : « Cours, espèce d'imbécile ! Rattrape-le et vois qui c'est ! ».

Le jeune homme, pour toute réponse, se mit à la poursuite du meurtrier et l'adolescente fit de même, après avoir refermé les yeux de sa défunte grand-mère. Malgré sa force, le lycanthrope n'était pas aussi rapide que le salvateur, et ce dernier se jeta sur le monstre à côté du canapé dans le salon. Leila fut éblouie par une intense lumière émanant du corps du loup.

Lorsqu'elle les rouvrit, elle trouva, sous Yohan, Diane Grassfield.

Elle ne savait plus quoi penser, entre surprise et haine. La sœur de sa meilleure amie était un loup. Elle n'avait même pas remarqué son absence dans la maison de Léna. Elle avait dû partir peu après le dîner, lorsque sa mère était partie se laver et que sa sœur et elle-même étaient allées discuter dans la chambre.

Grâce au choc de Yohan et Leila, Diane attrapa un verre posé sur la table basse du salon et l'écrasa sur la tête du jeune homme. Libérée de son étreinte, elle s'enfuit de la maison sans aucune égratignure.

*****

Après s'être assuré que la tête de Yohan n'avait rien, Leila sortit pour essayer de retrouver la meurtrière, mais elle ne fut accueillie que par le vent et la pluie intense.

Aucune trace du passage de la jeune fille n'était visible.

En désespoir de cause, et en gardant son sang-froid, elle se dirigea vers la mairie pour avertir Jude Marty des évènements.

A sa grande surprise, lorsqu'elle arriva dans le hall, Leila découvrit Diane, se tenant à quelques mètres seulement du maire. Son sang ne fit qu'un tour, la jeune fille se jeta en direction du loup mais fut stoppée par la voix du vieil homme.

« Ne t'inquiète pas Leila, débuta-t-il. Elle vient de tout m'avouer. Je comprends ce que tu ressens, mais la tuer ne ferait qu'empirer les choses, tu ne crois pas ? Laisse la justice la juger. Elle sera exécuté dès que la pluie cessera ».

A peine eût-il fini de parler qu'une voix s'éleva depuis l'entrée de la bâtisse. Elle découvrit avec surprise le visage de Léna : « Arrêtez ! Ce n'est pas elle le loup ! Elle n'a rien fait ! »

Le visage de Leila se décomposait au fur et à mesure des paroles de sa meilleure amie.

« C'est moi qui ai tué la voyante ! ».


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