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Une jeune fille, aux cheveux dorés de magie, se fit un jour dérobée.

Gardée précieusement, dans une tour enfermée à double clef et élevée, par celle qu’on nommait Ghotel.

Elle chantait nuit et jour, afin que pour toujours, la jeunesse afflue dans les veines de sa maîtresse. 

Fleur au pétal d’or, répends ta magie, inverse le temps, rends moi ce qu’il m’a pris...

Elle faisait du temps, qui était tant convoité, un simple elixire qui faisait jouir sa chère mère.

Elle le condamnait de ses crimes, le contraignant à rendre ce qu’il volait à la mégère qui la nourrissait : des années, des mois, des heures, et des minutes.

Pourtant, la main qui caressait sa pure chevelure, était celle qui, cachée derrière des sourires angéliques, la vouait à une vie tragique. 

Maussade, lassante, fade, lancinante. 

Voilà que des années plus tard, la petite qui désormais sortie de son têtard fut saisie par l’envie de vivre. 

La liberté la faisait rêver. Le monde la rendait furibonde. L’air l'appelait. 

"Puis-je sortir ?" Osait-elle demandé armé d’un sourire luisants d'espoir.

"Non, le monde est trop dangereux !" S'inquiétait sa détentrice les yeux voilés d’artifice..

"Et maintenant ?" Insistait-elle, désormais plus grande.

"Non, ni maintenant, ni jamais. Tu ne seras jamais assez mûr pour affronter le dehors !" S’exclamait celle qui l’enfermait. 

Alors Raiponce, qui sans une once de contestation, se rabattu sur la peinture afin de dessiner ce dehors auquel elle aspirait. 

Pourtant, elle ignorait que derrière ce mur qu’elle ne supportait plus, un jeune homme était en train de le gravir afin de fuir ceux qui l’injuriait 

Vitre brisée.

Homme infiltré.

Jeune fille dévoilée.

Regards échangés.

Coeurs liés.

Pour ces deux jeunes amants, dont l’un tentait de fuir le monde, tandis que l’autre tentait de le découvrir, un éclair qui semait le désir les avait abattus. 

Elle perçut dans cet homme qui s’était immiscé entre les parois abîmées de sa tour, 

Un portail qui la mènerait jusqu’à la liberté.

Cet accès humanisé, avait fièrement proclamé se  nommer Flynn. 

De son aura émanait l’hymne de la témérité, alors qu’elle respirait la sérénité.   

Leur univers désormais confronté, ils s’étaient  alliés.

Assuré, infortuné, et délibéré, il avait emmené la jeune fille candide, se pâmer sous les rayons dorés du soleil. 

Maintenant libérée des lourdes chaînes de mère gothel, la soif de vivre se déferlait en elle.

Flynn qui lui infligeait son rythme, l’immergeât dans les profondeurs exaltantes  de sa vie intrépide.  

Et elle en demandait encore, toujours, plus.

Jamais elle n’était rassasiée. Jamais plus elle ne se contiendrait.

Elle avait laissé tomber le masque de la jeune fille frêle coincée dans une tour; pour enfiler le costume d’une femme affirmée et libérée de tous les tours.

Or Flynn qui l’avait pris sous son aile, avait pris goût à la garder sous sa tutelle.

Surpris il fut de constater que sa dulcinée était en train de s’émanciper. 

De jour en jour, elle se créait un nouvel univers, son univers où elle n’avait plus besoin de demander pour exister.

Elle se suffisait.

Néanmoins, il est réputé que l’on ne peut s'épanouir sans que le désir de nous nuire ne cesse de nous assombrir.

Ce nuage vicieux, prenait vie dans les yeux de celui qui l'avait observé s'imposer au monde.

Alors en silence, à l’aide d’une danse mensongère Flynn commença à construire l’ébauche d’une tour invisible, autour de celle qu’il souhaitait garder précieusement. 

D’abord il dessina les plans: quelques sous entendus qu’il glissait dans son oreille attentive.

Puis il alla chercher les matériaux nécessaires: mots doux, faux semblants, sentiments. 

Ensuite, une fois que les briques étaient prêtes à être modeler, il s’attela à la construction: règles, manipulation, restrictions, condition, obligation…

Et sans même que Raiponce ne s’en aperçoive, il eut réussi à planter ses griffes dans son esprit. 

Elle venait à peine d’effleurer les sensations du monde, qu’on les lui arracha délicatement pour l’enfermer à nouveau.

Cette nouvelle tour, qui pourtant pas faite de murs, était similaire à la précédente.

Elle n’était pas matérialisée, seulement constituée d’illusion. 

Les yeux presque usés de la jeune fille, étaient embués de tromperie, de mesquinerie et bercer d’amour pour celui qui était en train de la modeler à sa guise.

Et voilà que l’envie de vivre lui échappa, car dans l’ombre Flynn lui avait dérobé.

Alors la fillette, qui sans se douter des agissements de celui qu’elle chérissait, se laissa ternir selon son désir.

Mais des Raiponces aux cœurs isolés il en existe par millier.

Et des Flynns qui ont soif de vulnérabilité, il en existe par millier. 

Vous apprendrez que ces mains qui vous attrapent pour en apparence vous relever ne sont pas forcément à prendre.

Car lorsqu’elles constatent avec amertume que vous n’avez plus besoin de leur force, elles peuvent en douceur, transformer votre esprit tenable en une âme fragile.  

The New Rapunzel Where stories live. Discover now