Avoir, à voir.

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J'arrive toujours à m'imaginer des scénarios incroyable que mon cerveau peut trouver deux secondes de libre dans ma journée.

Par exemple : Y'a un garçon dans mon cours de philo, à qui je n'ai jamais parlé (c'est pas important pour le scénario, mais ça l'est pour la vraie vie), qui m'a souris aujourd'hui pendant la pause. Et plutôt que d'écouter le restant du cours, ma tête a décidée de divaguer.

Des images inventées de son sourire dans plusieurs situations différentes, et l'idée de ses lèvres sur les miennes. Et ma main dans ses cheveux bruns, courts. Et le soleil contre ses mèches qui les blondis pendant qu'il me raconte sa vie. Et puis alors qu'on partageait un pic-nique, il aurait proposé une bague et je l'aurais embrassé comme preuve d'acceptation et on aurait été content de rouler dans notre bonheur à ce moment-là.

Bref.

Je me suis retrouvé avec des notes de cours trouées, et vraiment déçus quand le gars du bus (Sam) attendait mon souriant anonyme à la fin du cours. Mais parce que j'ai autre chose à faire que de m'attarder sur les roches qui enfonces mon estomac dans jusque dans mes talons et me ralentissent dans ma course à me rendre à la case pour prendre le chiffre que j'ai accepté à la hâte ce matin en apprenant que mon cours de l'après-midi était annulé, je fais comme si je ne les voyaient pas se balader devant moi main dans la main.

Je pense que j'ai même réussit à les dépasser à un moment, mais j'ai pas fait attention (trop en tout cas). J'ai peut-être ignoré Sam qui m'interpellais. Mais j'ai un chiffre qui m'attend ! J'ai pas juste ça à faire...

Ma case est au sous-sol, et généralement entouré de jeunes de mon âge assit sur les dalles froides en train de discuter. Aujourd'hui, les jeunes étaient Charlie et ses amies d'art.

-Tu vas ou ? Me demande Charlie, entre un gloussement partagé avec les trois autres jeunes femmes qui l'entoure. Elles m'énerve déjà, ça va être une longue session si ça se commence comme ça.

Je décide de fermer les yeux, autant physiquement que métaphoriquement et fais juste hausser les épaules, parce que : 1) j'ai pas trop envie de parler point et 2) je me sens pas d'en parler devant des filles que j'ai jamais vues de ma sainte-crisse de vie. Me semble que c'est pas compliqué.

Mais Charlie n'a pas l'air comprendre le message, pourtant très clair, et sans se redresser, me tire une jambe de pantalon pour avoir mon attention. Et quand mes yeux se dépose sur la fausse rousse à mes pieds, elle réitère sa question.

-Je dois aller travailler, j'ai pas trop le temps, Char... Je préfère dire.
Comme ça, elle est pas blessée, et j'ai pas besoin de m'expliquer devant trois parfaites inconnues.

-T'es sûre ? T'as l'air morose.

Et c'est juste à ce moment-là qu'elle se redresse pour arriver à ma hauteur, un peu plus même, Charlie doit bien faire deux ou trois pouces de plus que moi. Je suis même pas certaine qu'elle sait ce que morose veux dire.

C'est juste l'irritation qui parle. Tu le sais que Charlie à un bon vocabulaire, tu as passé ton secondaire avec. Des fois, la petite voix dans ma tête sonne trop comme si ma mère était sur mon épaule. Et j'ai pas la patience d'avoir ma mère qui m'explique tout ce que je ressens et pense en ce moment.

Mais c'est vrai, à un certain niveau, Charlie lit beaucoup... de roman en anglais. C'est déjà un miracle qu'elle s'adresse à moi en français aujourd'hui. Ses forces sont ailleurs que dans la langue, même si le français est sa langue maternelle. Honnêtement, plus je pense, plus ses questions me rendent juste en tabarnak que je le suis déjà, et c'est pas peu dire. Ma patience est déjà à sa fin de chiffre (j'ai pas encore commencé le mien) et j'ai même plus la force de me coller un sourire aux lèvres

Et puis y'a MoiWhere stories live. Discover now