CHAPITRE 3

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KADE

Je reste là, stupéfié, une main posée sur ma joue endolorie. La claque de la nana résonne encore dans mon esprit. Je regarde autour de moi et remarque que la salle de classe est en ébullition. Certains étudiants chuchotent entre eux, d'autres jettent des regards curieux vers moi. Ils attendent de savoir comme je vais réagir. Dans cette fac, tout le monde me connait. Ils savent que je ne suis pas le gars le plus calme. J'ai défoncé la gueule à un connard friqué dans l'aile ouest de l'université. Aux yeux de tout le monde histoire qu'il apprenne la vie, parce qu'il avait agressé un de mes plans cul de l'époque. Elle était arrivée en pleurs chez moi, j'ai beau être un enfoiré avec les femmes, le viol, est un acte qui me dégoute. Le sexe doit être consenti et surtout... Il sert à prendre son putain de pied, rien n'est meilleur qu'une femme qui vous considère comme un dieu parce que vous lui avez servi le meilleur orgasme de sa vie.

Mais, là, rien ne vient. Encore moins quand Emma Etcher s'insurge. Ils voulaient que je fasse quoi ? Que je la frappe ? Hors de question. Je ne pense pas qu'une femme est incapable de se battre contre un homme loin de là. J'ai vu Délia, foutre tellement de fois des mecs à terre pendant les entrainements que ma vision des choses à évoluer.

— Dégage imbécile ! Merde, Nolanne revient ! Elle s'élance à sa suite ravivant l'agitation de l'amphithéâtre.

Nolanne.

Nolanne, j'ai enfin le nom de la fille qui m'a percuté ce matin. Mon épaule s'en souvient encore. Quelque chose cloche avec elle, elle semble tellement parfaite que c'en est suspect. Ce qu'il l'a été encore plus, c'est ça façon de me regarder. Ces yeux m'ont transpercé. Ils n'ont rien d'exceptionnel, un simple marron mais... Un regard incisif, comme si elle regardait au fond de votre âme et pouvait voir toutes vos fêlures. Et cet enculé de Destin a décidé d'une blague cruelle, en faisant en sorte que je me la coltine toute l'année. Comme si gérer mes études de médecine et les combats n'était déjà pas assez.

Soudain, Gavin et Ethan arrivent à coter de moi, ces deux grands couillons ont un sourire placardé sur leur visage, bien trop heureux de cette altercation.

— Hé, mec, qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi elle t'a giflé, tu ne l'as pas rappelé après l'avoir fait monter au septième ciel ? rigole-t-il.

Ethan lui gifle l'arrière de la tête ce qui ne l'empêche pas de continuer à rire comme un con.

— Respecte un peu les femmes Gavin.

— C'est vrai que toi le saint, tu ne risques pas de connaître ça, en couple depuis 5 ans, qui l'aurait cru, rétorque Gavin.

Aucun d'entre nous. Ethan avait toutes les meufs à ses pieds, sa gueule d'ange l'aidait pas mal. Un blond aux yeux bleu, plus clichés, tu meurs. Sa femme et lui sont en parfaite harmonie. Je ne crois pas en ses conneries d'âme sœurs. Mais, ces deux-là se sont bien trouvés. Ils se sont même mariés il y a deux ans. Natasha est une perle, elle est douce, gentille, sans être naïve.

Je pousse un soupir frustré pour calmer mes émotions bouillonnantes. Je passe une journée de merde. Le prof me fusille du regard, je vais m'en prendre plein la gueule. Il calme tout le monde avant de reprendre ses explications.

— Elle m'a bousculé dans les escaliers à son arrivée, et quand le prof a annoncé qu'on devait travailler ensemble, je n'ai pas pu me retenir de lui dire ce que je pensais. Elle a fini par me gifler et s'enfuir de la salle, chuchoté-je.

— T'as fait du grand Kade Ridler en somme, me répond Gavin

— Peut-être qu'elle a des problèmes personnels, ou peut-être que tu l'as vraiment mise en colère. En tout cas, ça ne va pas être facile de travailler ensemble maintenant, me signale Ethan.

Ce projet compte pour la moiter de ma note finale, qu'importe qu'elle m'aime bien ou pas, elle va faire marcher ses deux neurones pour me faire obtenir la première place.

— Elle n'aura pas le choix, sinon je vous jure que je vais faire de sa vie un putain d'enfer jusqu'à ce qu'elle se mette au travail, affirmé-je.

Gavin rigole tandis qu'Ethan, lève les yeux au ciel.

— T'as eu des nouvelles de ta sœur ? demande Ethan.

— Ouais, sa famille d'accueil veut lancer une procédure d'adoption.

— Merde mec, ça ça craint, souffle Gavin.

— Pas besoin de ta pitié connard.

Quand Mathilde m'a appelé pour me partager sa joie à l'annonce de sa famille d'accueil, j'aurais pu pleurer de rage. Ça n'a pas été facile pour elle, mais l'entendre si heureuse au téléphone m'a mis dans un état difficile à gérer. Mais, elle mérite d'être dans une famille stable et qui l'aime. Ma douce Mathilde, tellement sensible et désireuse de sauver le monde entier.

Tout l'inverse de moi. Je me complais dans la destruction des autres, tant que j'obtiens ce que je veux. Rien n'a d'importance. Mon père me répétait que je n'étais pas fait pour déambuler entre des âmes charitables. Il a toujours craint cette fureur dévastatrice. Alors, au lieu de la contrôler, je l'ai aimé et chéri comme une vieille amie.

— Gavin, tu me dois 400 dollars mec, t'as parié contre moi ?

— En même temps, t'as vu la taille du combattant en face de toi, j'espérais qu'il te casse un peu plus la gueule.

— La taille ne veut rien dire.

— C'est ce que tu te dis pour te rassurer au lit, Ridler ?

J'assène une claque à l'arrière de la tête de cet idiot beaucoup trop heureux de sa vanne. Le professeur m'appelle d'une voix sévère, brisant mes pensées tourmentées.

— Kade, venez immédiatement ici ! me somme le professeur.

Je me lève et me dirige vers le professeur, sentant les regards interrogateurs de mes camarades posés sur moi. Je me tiens devant lui, prêt à recevoir sa réprimande. Je ne peux pas être viré dès le premier jour, je n'ai pas les moyens d'être expulsé tout court.

— Votre comportement est inexcusable, Kade. Vous ne pouvez pas permettre une telle altercation en classe. Ce n'est pas le genre de comportement que j'attends de mes étudiants. Encore moins de vous, vous êtes intelligent, ne gâchez pas tout, me réprimande-t-il.

Je baisse la tête, me sentant submergé par une vague de frustration et de colère. J'aurais dû la contrôler, mais la nouvelle de ma sœur couplée à ce, je ne sais quoi d'agaçant chez Nolanne m'a poussé à bout.

Je veux que vous alliez immédiatement vous excuser auprès de Nolanne et que vous la retrouviez. Vous devez régler ce différend et trouver un moyen de travailler ensemble de manière constructive.

Mes muscles se raidissent à l'entendre. Non seulement je dois m'excuser, mais je suis également chargé de la rattraper. Je sens une pointe d'irritation monter en moi. Qui est-elle pour que je doive la pourchasser comme ça ?

— Monsieur, pourquoi est-ce moi qui dois courir après elle ? Je veux dire... C'est elle qui a décidé de fuir comme une demoiselle en détresse. C'est qui, pour qu'elle obtienne un traitement de faveur de votre part ?

— Le statut de Mademoiselle Ratchet ne vous regarde pas, mais je ne tolérerai pas que cette querelle puérile interfère avec vos opportunités futures. Maintenant, allez-vous excuser et réglez ce problème au plus vite.

Je soupire, je comprends que je n'ai pas d'autre choix que d'obéir. Je détourne mon regard du professeur et me dirige vers la sortie de la salle de classe, déterminé à trouver Nolanne et à régler cette situation une bonne fois pour toutes.

La frustration et l'agacement me rongent alors que je traverse les couloirs, à la recherche de Nolanne.

Où cette petite conne a-t-elle bien pu se planquer ?

Je suis déterminé à mettre fin à cette animosité. Je n'ai pas le temps de détester une gamine pourrie gâté. Cependant, une part de moi ne peut s'empêcher de ressentir un certain ressentiment envers cette obligation imposée.

Il fallait que je me tape la princesse de service.

Mais je n'ai qu'une chose en tête. Me venger, personne ne s'en prend à moi impunément. 

THE SCARLET CIRCLEWhere stories live. Discover now