Eloïse San

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" Ma chère Eloïse.

Tu me manques. Beaucoup trop. Chaque minutes sans toi à mes côtés est une torture, une pure souffrance. Ah quelle douleur ! Si tu savais Elo...  Elle ne veut pas disparaître, cette affliction qui m'habite depuis ton départ. J'ai l'impression que des lames de fer brûlant transpercent ma chair, y laissant une marque écarlate d'où suinte un liquide poisseux et vermeille. Je brûle de haine et de chagrin, et pourtant mon cœur de glace ne veut pas fondre. Je voudrais m'arracher les veines et voir mon sang  couler.

Tu sais ? L'amour est comme une flamme et si l'on y prend pas garde, on se brûle. Mais là, c'est un brasier de passion qui consume mon bonheur et ma joie de vivre. Les cendres ont été emportées par la tempête qui a suivi ton départ. J'imagine qu'elles doivent voler quelque part dans l'univers, vers une autre étoile.

Mes nuits n'ont jamais été aussi courtes. Je ne peux plus fermer les yeux sans croiser ton regard bleuté. Je me rappelle lorsque je me noyais encore dans l'océan de secrets qu'étaient tes iris. Je te revois sans cesse sourire. Je peut presque caresser ta peau blanche comme neige, embrasser tes lèvres douces comme les pétales d'une rose. Mais chaque rose a des épines n'est-ce pas ? Les tiennes m'ont poignardées dans les dos.

Tu étais la colombe qui déployait ses ailes, j'étais le corbeau enchaîné à terre. Tu t'envolais vers le soleil, mais je t'ai retenue et entraînée vers les ténèbres.

Je me souviens de tes étranges habitudes. Tu prenais toujours tes selfies avec ta capuche. Je pensais que c'était pour cacher cette partie de toi que tu n'aimais pas, cet œil blanc avec lequel tu étais née. Jamais je ne me serais douté que tu dissimulais quelque chose de bien plus sombre.

Cet oeil, tu le trouvais laid et repoussant. Moi, je le comparais à une perle, lisse et nacrée.

Tu avais toujours le même style vestimentaire. Ongles longs et noirs, uniforme scolaire noir ou vêtements noirs. Même ton sac et tes affaires l'étaient. Les autres te trouvaient étrange, parfois même folle pour cela. Ils étaient aveuglent, le noir t'allait si bien !

Et pourtant je n'ai pas vu. Pas vu que tu allais mal. Ton beau sourire était en fait un masque d'impassibilité qui cachait une profonde détresse.

Tu aurais dû me dire ce qui t'arrivait. Cette peur incontrôlée qui te paralysait la nuit. Tes sautes d'humeur, tes crises de larmes. Le fait que tu ne mangeais plus rien.

Mais surtout, tu aurais dû me parler de cette autre Eloïse San. Cette jeune fille, cette voix dans ta tête, qui te murmurait des horreurs sans que tu ne puisses la faire taire.

Alors, sur ses ordres, tu t'es tue. Tu n'as plus jamais reparlé. Les seules fois où je pouvais entendre ta voix, c'était lorsque tu chantais.

Puis il y a eu ce fameux jour, celui qui nous a tous les deux détruits.

La voix te parlait depuis des mois déjà. Tu étais maigre à force de ne rien avaler, faible au point de tomber à chaque pas.

Après les cours, tu t'es enfuie dans les bois. Je t'ai suivie. Tu t'es brusquement arrêtée, tu t'es tournée vers moi et tu as souris. Je t'ai demandé ce qui n'allait pas. Tu m'as répondu étonnée que tout allait bien. Tu m'as dit exactement ces mots : Elle m'a dit que tout sera fini ce soir. Elle est si gentille ! Elle m'aide beaucoup. Elle dit que je dois la rejoindre. Qu'il ne faut pas pleurer ni avoir peur. Qu'Elle sera là pour me rattraper si je chute. 

Ce n'est que là que j'ai compris que tu avais perdu la tête. Elle, c'était la voix. Et Elle te demandait de la rejoindre. Autrement dit, tu étais sur le point de mettre un terme à tes sombres jours.

Je t'ai suppliée de ne pas sauter. Je t'ai promis que tout allait s'arranger. Les larmes ont perlé sur mes joues, puis ont coulé à flots. 

Tu a secoué la tête et tu m'as dit, d'une voix empreinte de désespoir, que tu étais quelque part déjà partie. Tu t'es avancée sur le bord de la falaise. J'ai hurlé. Tu as chanté ma chanson préférée. Je me suis avancé, j'ai tendu la main. Alors, tu as hésité.

Puis tu t'es enfuie. Je t'ai poursuivie. Et je t'ai retrouvée dans un arbre, caressant un petit oiseau blanc. J'étais confus.

Pars, m'as tu dit. Alors c'est ce que j'ai fait. C'est ce que je n'aurait jamais dû faire.

Le lendemain, un policier a frappé à ma porte. Il m'a montré un tee-shirt noir ensanglanté. J'ai su tout de suite qu'il t'appartenait. Le policier m'a expliqué que tu étais morte en voulant suivre un petit oiseau blanc. Il t'avait demander de descendre, mais tu avais sauté, en espérant t'envoler.

Depuis, j'ai compris à quel point je tenais à toi. 

Pardon de ne pas t'avoir sauvée à temps,

Ton petit oiseau blanc. "

Je refermais la lettre et la déposais sur une tombe de marbre blanc. Eloïse allait me manquer. Je lui avais apporté des fleurs... blanches, c'était sa couleur préférée. 

J'avais retenu une chose de cette histoire :

Dites aujourd'hui à l'amour de votre vie que vous l'aimez, car vous pourriez le perdre demain.

Ce texte est écrit pour le concours de Une_Banane_Perdue 

Le texte contient 888 mots ( c'est fait exprès héhé ) sans compter le texte ce petit paragraphe. 

Voili voilou !

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 15, 2023 ⏰

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La mort d'Eloïse SanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant