— Tu sais que tu peux tout me dire, Lyly.

— Généralement, quand tu commences une phrase comme ça, c'est mauvais signe.

Il fait comme s'il n'avait rien entendu.

— Tu sais aussi que je sais garder des secrets et que si tu en as à me confier, je suis apte à tout entendre.

— Non, Lauris, je ne suis pas cannibale. Même si à des moments, j'aimerais bien te manger.

Lauris ouvre grand les yeux, choqué de ce que je viens de lui dire. Il sait pourtant aussi bien que moi que je rigole.

— Je voulais simplement te parler de Germain, mais je crois que je vais retourner à mes dessins animés.

Je le retiens avant de me rendre compte qu'il ne comptait pas du tout s'en aller. S'il veut parler de Germain, qu'il parle de lui.

— Que voulais-tu dire à son propos ?

— Que si tu ne te mets pas avec lui d'ici une semaine, je te le pique.

— Voleur.

Je pensais qu'il allait trouver quelque chose à ajouter, mais non. Je m'en vois extrêmement déçue. Ce n'est pas son genre et je crains que mon frère soit malade. Et puis, d'un coup alors que j'étais prête à me lever pour de bon, il se tourne vers moi.

— Que me caches-tu, ma sœur adorée ?

— Je ne cache rien à personne, mon cher. Je sais juste mieux fermer ma gueule que toi.

Il fait comme s'il était offusqué mais rigole derrière cet air-là.

— Sérieusement, Leslye, reprend-il.

— Je suis très sérieuse. Je n'ai rien à te cacher.

— Tu me le promets ?

Peut-être ai-je malencontreusement oublié de mentionner à un repas que Baptiste m'avait mal parlé et que c'était Germain qui était venu me sauver. Mais je pense que c'est la seule chose que j'ai sur le dos depuis Paris. Rien d'autre. Rien qui le concerne du moins. 

Car Lauris n'est pas au courant et je ne suis pas prête pour cela. Son rôle n'est pas celui-là.  Ce n'est le rôle de personne et il n'appartiendra jamais à quiconque. Je suis la seule responsable de moi-même. S'il m'arrive quelque chose, c'est à moi de prendre soin de ma santé mentale et de ce qui crée mes larmes. 

Un jour, je n'en aurais plus. Et ce jour-là, je serais bien malheureuse.

— Oui, je te le promets.

Il me regarde, sans jamais cligner des yeux, essayant certainement de lire dans ces derniers si je dis la vérité. Et comme je n'ai aucunement envie de lui donner raison, je soutiens son regard, jusqu'à ce qu'on en rigole. 

Tous les deux, nous nous levons et allons dans la cuisine pour prendre notre petit déjeuner. Lauris se prépare un chocolat au lait alors que je fais griller des tartines de pain de mie. Marius est sorti courir et Augustin prend sa douche. J'entends l'eau provenant de leur chambre couler. Nous sommes donc en tête à tête à cette heure-là. 

Sur l'ilot, Lauris pose sa tasse et sa pâte à tartiner préférée, juste à côté de ma confiture de figue préparée par notre grand-mère. Je lui sers un verre de jus de pamplemousse et ça me fait penser à Germain. Plus précisément à l'après-midi que nous avons passé ensemble. C'était incroyable, bien que nous ne nous connaissons pas tant que ça. J'ai pu le voir plus intimement, sans tout ce monde autour de nous. 

Le fait qu'il soit venu me voir il y a quelques jours et se faire passer pour mon petit copain m'a fait développer un début d'affinité pour lui. Jamais je ne pourrais pleinement le remercier pour ce qu'il a fait pour moi. Je lui dois bien une amitié.

— Comment ça se passe au collège ?

— C'est nul. La troisième, ça ne sert à rien.

— Je disais la même chose à ton âge et je continue de tenir ce discours. Mais je te promets que quand toit ça sera passé et que tu auras ton Brevet, tu n'y penseras plus.

Je me tourne pour lui montrer que je ne dis pas des bêtises mais quand je le vois le nez dans sa tasse, je comprends que c'est bien plus complexe que ça. Nous avons tous les deux un rapport plus que difficile aux études et ce depuis que nous sommes entrés à l'école.

— Je n'aurais pas mon Brevet.

— Bien sûr que si tu l'auras, ne me raconte pas n'importe quoi.

Augustin arrive vers nous, et Lauris parait sûr de ses dires. Le voir comme ça met fait plus de mal que ça ne le devrait. Alors je lui frotte le dos et lui embrasse ses cheveux blonds, les humant au passage. Toujours cette odeur particulière qui me passionne tant. Il n'y met rien mais ils sentent toujours bons. 

Notre père nous fait à chacun un bisou sur la joue, ébouriffant au passage les cheveux de Lauris, faisant naitre un semblant de sourire sur les lèvres de mon petit frère.

— Vos affaires sont prêtes ?

À l'unisson, nous hochons la tête. Cet après-midi, nous allons chez nos grands-parents, ses parents. Ça doit faire deux mois que nous ne les avons pas vu et ils nous manquent un peu. Cette occasion de les prendre à nouveau dans les bras, nous ne pouvons pas la gâcher.

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À l'unissonWhere stories live. Discover now