« C'est... C'est pour quoi ? demande-t-elle finalement.

- Il ne faut pas de raison particulière pour offrir quelque chose à quelqu'un. Elle se pince les lèvres, perplexe. Si ça te dérange, on n'a qu'à dire que c'est pour rattraper ton anniversaire...

- C'est en avril.

- C'est donc un cadeau en avance dans ce cas, concède-t-il.

- Je ne le fête jamais, indique-t-elle d'un ton terriblement neutre. »

Le cœur de Pierre se serre un peu plus alors qu'elle ne semble pas comprendre pourquoi il a perdu son sourire. Il essaye de s'imaginer qu'elle a eu une vie bien différente de lui, et de tous ses amis ayant eu une adolescence un peu plus normale que la sienne. Mais à chaque fois, la vérité qu'il n'arrive pas à mesurer le rattrape et l'attriste un peu plus.

« Tu ne veux pas l'ouvrir ? »

La brune s'emploie à enlever méthodiquement chaque bout d'adhésif pour déballer délicatement le papier dont la couleur lui rappelle les iris du pilote. Elle n'a jamais vraiment eu de cadeau, alors elle traite ce paquet comme s'il était la chose la plus précieuse à ses yeux. Elle y trouve un petit pot en terre cuite, entouré d'une bague de carton rempli d'instructions.

« Je sais que ton but c'était de trouver un trèfle à quatre feuilles mais je me suis dit que ça serait aussi une belle symbolique de le faire pousser, explique-t-il. Et puis comme ça, tu auras toujours un porte-bonheur avec toi. »

Elle le remercie dans un murmure. Sa lèvre inférieure tremble sous le coup de l'émotion et une larme solitaire s'échoue sur sa joue. Jamais Pierre n'aurait pu mesurer l'impact de son geste sur la jeune femme qu'il s'empresse de prendre dans ses bras. Elle se laisse aller, serrée tout contre lui. Elle n'a pas les mots pour lui traduire ce que ce présent représente pour elle, mais Asha a la sensation qu'il comprend.

Elle laisse la chaleur du normand l'envelopper. Elle se demande ce qu'elle a bien pu faire pour mériter une telle chance. Pour que cette main lui soit tendue et qu'elle l'emmène dans cette quête de liberté, et d'elle-même. Elle est consciente qu'elle doit apprendre à être seule, à se débrouiller, à faire les choses sans que personne ne vienne l'aider. Mais elle pense que c'est loin d'être mal de s'appuyer sur une personne qui a su voir au-delà des aprioris et des défenses qu'elle a bâties.

« Tu penses que ça va aller pour le reste de la journée ? s'assure-t-il alors qu'elle éloigne son nez qui était encore plongé dans son torse.

- Le reste de la journée ? répète-t-elle tandis qu'il hoche la tête, esquissant un sourire qui fait naître ses fossettes. Tu as prévu quelque chose ?

- J'ai élaboré tout un programme. Il sent que ses muscles commencent à se crisper à l'idée d'affronter l'inconnu sans y être préparée. Mais si ça ne te convient pas, on n'est pas obligé, s'empresse-t-il d'ajouter.

- Non, oppose-t-elle précipitamment. Enfin, je... Je peux savoir ce que tu as prévu ?

- T'aider à finir ta liste, et puis peut-être, au passage, compléter la mienne. »

Pierre voit dans ses yeux que son ton mystérieux ne suffit pas à l'apaiser. Elle se demande ce qu'il a bien pu organiser et quels points il a choisi de cocher en premier. Alors, jugeant que la surprise serait plus handicapante que profitable, le châtain se jette à l'eau.

« Mon écurie organise une journée pour tester une triplace. J'ai proposé de t'emmener avec moi. Le point numéro treize, c'était bien vivre à 300 à l'heure ?

REMÈDE - PIERRE GASLYTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon