« Merci, souffle-t-elle sans plus de précisions. Tu n'avais pas tes lunettes de soleil. J'espère qu'on ne t'a pas reconnu.

- Personne ne sait encore que j'ai emménagé à Milan, explique-t-il en haussant les épaules.

- Tu t'y plais ? demande-t-elle alors qu'elle scrute les lumières des gratte-ciels qui dansent sous ses yeux.

- Je n'ai pas encore eu le temps de visiter. Mais on pourra le faire tous les deux, suggère-t-il en remarquant ses doigts crispés sur ses cuisses et sa lèvre qu'elle mord presque au sang. Il pose ses doigts sur le dos de sa main qui est aussi froide que dans ses souvenirs. Hey, je te promets que ça va aller. Je mesure ce que ça t'a demandé de venir jusqu'ici et je n'en suis que plus admiratif. Tu es une championne Asha. Je suis fier de toi. Et il porte sa main à ses lèvres pour y déposer tendrement ses lèvres.

- Je... C'est juste que je suis fatiguée, soupire-t-elle au bord des larmes. Le voyage a été... Elle cherche ses mots. Compliqué. »

Pierre se contente d'acquiescer et de resserrer un peu plus son emprise sur ses doigts glacés. Une fois l'euphorie passée de la proposition du pilote, ils avaient dû se pencher sur des aspects bien plus pratiques. La jeune femme n'avait jamais voyagé. Encore moins seule. Les transports en commun étaient des nids à microbes qu'il fallait à tout prix éviter. Alors affronter l'inconnu et la foule semblait impensable. Et pourtant, l'envie de le revoir avait été plus forte que toutes ses terreurs.

Elle appuie sa tête contre la vitre et se laisse bercer par l'agréable conduite du normand. Asha a peur de tout. Mais pas de lui. Elle n'a plus peur de rien quand elle est avec lui. Alors, apaisée, son esprit fatigué prend le dessus et ses paupières se ferment petit à petit. Elle se laisse envelopper par une douce chaleur jusqu'à rejoindre les bras de Morphée.

Ils sont arrivés depuis quelques minutes mais le normand n'a pas le cœur à la réveiller alors que la brune semble si sereine. Il détaille ses traits et sa poitrine qui se soulève doucement, à intervalles réguliers. Il ne veut pas troubler cette tranquillité qu'elle vient de retrouver.

Il se décide finalement à la porter jusqu'à son appartement pour qu'elle soit dans les meilleures conditions pour profiter d'une nuit réparatrice. Dans un demi-sommeil, Asha s'agrippe à sa nuque en venant nicher son nez au creux de son cou. Le pilote sent son souffle s'échouer sur sa peau, provoquant au passage des frissons dans tout son corps à cause de cette proximité qu'ils n'ont jamais égalée. Ses joues s'empourprent lorsqu'il se débat pour ouvrir la porte de son logement d'une main et que l'autre glisse sur les reins de la brune, toujours endormie.

Il l'installe confortablement sur son lit alors qu'elle se recroqueville naturellement sur elle-même et redescend rapidement au garage chercher ses affaires. Pierre soupire de satisfaction lorsqu'il pénètre à nouveau chez lui. Il a du mal à y croire. Asha est à Milan. Et ils vont avoir quelques jours rien qu'à eux pour en profiter. Il ne pouvait pas rêver mieux avec ce début de saison qui approche à grands pas.

Il ôte ses baskets qu'il jette dans l'entrée et s'approche de la chambre où il a laissé la jeune femme dormir à poings fermés. Une main sur la poignée, il pousse délicatement la porte pour ne pas la réveiller mais son geste se fait plus précipité dès lors qu'il perçoit des sanglots de l'autre côté.

Il trouve la brune en pleurs, assise dans le lit, les bras entourant ses jambes, la tête contre ses genoux. Et son cœur se serre face à sa détresse. Il se précipite vers elle et s'assoit sur le bord du matelas.

« Hey, hey ! Asha, regarde moi. Tout va bien ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Pierre...? demande-t-elle dans un murmure. »

Il acquiesce de la tête. Sa gorge est nouée et aucun mot ne franchit la frontière de sa bouche. Il croise ses yeux transparents et il tente de la réconforter de son regard bleu chaleureux. Ne supportant pas sa peine, le châtain s'empresse d'essuyer les larmes qui coulent sur ses joues.

« Tu es là ? s'assure-t-elle.

- Je suis là, Asha.

- Je me suis réveillée toute seule dans un endroit que je ne connais pas, explique-t-elle. Je t'ai appelé mais... Sa voix se brise.

- Tout va bien. »

Il l'enlace et profite de cette étreinte pour la bercer. La journée a été éprouvante et elle ne semble plus vraiment être en mesure de combattre ses angoisses. Elle a trop lutté durant tout le voyage.

Il se dégage finalement et se redresse. Asha se mord la lèvre. Elle ne veut pas le voir partir à nouveau. Elle n'est pas sûre de réussir à dormir cette nuit si la panique l'envahit.

« Tu... Tu t'en vas...? »

Elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même. Il doit trouver ses crises ridicules, dignes d'une gamine.

« Non princesse. Je me mets juste à l'aise pour dormir. »

Elle avale difficilement sa salive. Est-ce qu'elle a bien compris ? Mille scenari s'écrivent dans sa tête alors qu'il se débarrasse de son jean, gardant son caleçon et son haut. Elle n'a jamais partagé son lit avec personne, si ce n'est sa grande sœur lorsqu'elles étaient encore petites et que toutes les deux avaient bien trop peur du noir et des angoisses qu'il amenait avec lui. Elles dormaient alors l'une contre l'autre, jurant de se protéger pour l'éternité.

« Je... Je dois me changer..? »

Pierre n'arrive à déterminer si son ton est interrogatif ou non. Il n'a pas le courage de l'abandonner, ne serait-ce que pour aller chercher sa valise qu'il a abandonnée dans le hall d'entrée. Il se tourne vers sa penderie et en sort un t-shirt de sa collection ainsi qu'un vieux short de foot du PSG, son équipe préférée.

« Tu peux mettre ça pour dormir. »

Et sans qu'elle n'ait à plus s'expliquer, le normand  se tourne pour lui laisser toute l'intimité dont elle a besoin. Il entend les vêtements se froisser et tomber sur le sol. Lorsqu'elle lui indique qu'elle a terminé, elle est déjà sous les draps, à gauche dans le lit. C'est le côté où il a l'habitude de dormir mais il ne veut pas faire la moindre remarque qui puisse la mettre mal à l'aise ou la perturber davantage.

Il contourne le sommier et s'installe à son tour confortablement sous la couette froide. Il jette un œil à la jeune femme. Elle lui tourne le dos, en position fœtale, à l'autre bout du matelas. Il a l'impression que si elle bougeait de quelques centimètres de plus, elle viendrait à en tomber.

Il ne veut pas se montrer maladroit. Alors il tourne et retourne les mots dans sa tête pour élaborer la phrase la plus parfaite. Et puis, la fatigue l'emporte. Et il se lance.

« Asha, murmure-t-il, je te promets que tu n'auras plus jamais à te réveiller seule dans un endroit que tu ne connais pas. »

Son corps roule dans le lit, pour se tourner vers lui. Elle ne pensait pas qu'il était aussi proche d'elle et elle est surprise de cette proximité. Elle fixe ses yeux. Leur bleu est toujours aussi réconfortant pour elle. Pierre approche sa main de son visage mais hésite un instant avant d'entrer en contact avec sa peau blanche.

« Je peux ? demande-t-il respectueusement. »

Elle se contente de hocher la tête. Alors il pose ses doigts sur sa joue, descend sur son bras et son flanc pour la passer dans son dos.

« Viens par là, dit-il en la tirant à lui. »

Asha n'ose plus bouger. Son nez est niché contre le torse du normand. Elle peut entendre les battements de son cœur qui semble s'affoler et elle se demande même pourquoi il bat aussi vite. Mais elle se retient de poser toute question. Elle profite juste de l'instant pour fermer ses paupières et se laisser aller dans les bras de Pierre dont la main masse tendrement son cuir chevelu. Elle n'a jamais rien connu d'aussi doux, et elle a tout juste le temps de murmurer un remerciement avant de sombrer.

...

Désolée, je n'ai plus vraiment de rythme.
J'espère que vous suivez toujours et que cette nouvelle étape de l'histoire vous plaît :)

REMÈDE - PIERRE GASLYWhere stories live. Discover now