Fixing past mistakes doesn't always work

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Elle y pensait constamment, les mêmes pensées tournaient en boucle dans sa tête, comme une ritournelle incessante. Elle était fatiguée de se sentir comme cela, de se sentir vide.

Elle était devenue spectatrice de sa propre vie, elle se sentait comme une marionnette mais tout ça, tout ça allait changer.

Elle avait vingt-et-un ans et toute la vie devant elle encore.

Elle en avait assez de devoir se plier aux règles, de vivre en fonction des autres et de ne pas suivre ses propres rêves. Bien sûr, et elle en avait conscience, cela restait plus facile à dire qu'à faire. C'était un long processus, elle le savait, mais elle était prête et cette nouvelle vie, elle commençait maintenant.

C'est pour cela qu'elle se trouve devant cette porte après toutes ces années. Dire qu'elle est effrayée serait un euphémisme. Quoique, effrayée n'est peut-être pas le bon mot pour décrire comment elle se sent à cet instant précis. Anxieuse conviendrait mieux. Voilà, elle se sent anxieuse, elle sent son estomac se retourner désagréablement, une sensation vicieuse qui fourmille à l'intérieur d'elle-même. Des pensées envahissent son esprit, des pensées dont elle aimerait bien se passer et qui l'empêchent de réfléchir correctement. Elle a aussi cette irrépressible envie de vomir, le goût amer de bile sur sa langue la dérange fortement. Elle tente en vain de se détendre, elle ne peut pas se permettre de défaillir maintenant, pas quand elle a enfin pris son courage à deux mains.

Charlie avait toujours renvoyé cette image de fille sûre d'elle, avenante et sarcastique. Enfin, ça, c'était avant L'INCIDENT. Bien-sûr, elle paraissait toujours la même aux yeux des autres mais une fois les portes closes, elle revêtait son véritable masque, celui d'une fille brisée et en proie à des doutes et des peurs.

Combien de fois avait-elle souhaité n'avoir jamais existé ? Combien de fois s'était-elle posée cette question, dans la pénombre de sa chambre, son corps secoué par des sanglots silencieux, le visage déformé par la douleur et la tristesse. Dans ces moments-là, elle regrettait les années qui avaient précédées L'INCIDENT, ces années où tout semblait plus facile.

Secouant la tête pour chasser ses mauvaises pensées, Charlie prend son courage à deux mains et frappe à la porte. Elle attend cinq minutes. Cinq minutes qui semblent être une éternité. Cinq minutes durant lesquelles ses pensées la font douter. Cinq minutes durant lesquelles elle regrette d'être venue.

Soudain, la porte s'ouvre et Charlie a peur. Le moment qu'elle a tant redouté, qu'elle redoute encore, est arrivé. Elle lève les yeux et son regard se pose sur un visage qui la hante tous les jours depuis deux ans.

– Alice.

Alice, c'est joli comme prénom. Avant, c'était synonyme de bonheur, de sorties tardives, de conversations sans fin au téléphone, de virées shopping et de secrets échangés.

Maintenant, son prénom lui rappelle L'INCIDENT, les erreurs, les disputes et les larmes, les mots échangés et tout de suite regrettés et la séparation.

Et tandis que Charlie pense à tout ça, une pensée se fraye un passage parmi les autres : pourquoi, mais pourquoi a-t-elle eu cette idée stupide ? Comment a-t-elle pu penser que se pointer chez celle qu'elle considérait comme sa meilleure amie autrefois était une bonne idée ?

La dénommée Alice la regarde, le visage figé en un masque froid.

En fait, elle ne la regarde pas, elle la foudroie du regard et Charlie sait que si son regard avait été mortel, elle se serait écroulée sans vie à ses pieds.

Charlie ne lui en veut pas, elle comprend. Après tout, c'est elle qui est partie, elle qui l'a abandonnée alors qu'elles s'étaient promis de rester soudées quoiqu'il arrive.

– Charlie.

La voix d'Alice est froide et pourtant, Charlie parvient à entendre la surprise dans sa voix.

Deux ans sont passés depuis L'INCIDENT et Alice a changé, comme tout le monde.

Charlie remarque sans vraiment faire attention que ses cheveux, qu'elle portait longs avant, sont coupés au carré.

– Charlie ! La voix d'Alice la fait sursauter.

Charlie n'a pas le temps d'ouvrir la bouche pour parler, déjà, Alice lui ferme la porte au nez. Ou du moins, elle essaie car Charlie réagit à temps et met son pied dans l'embrasure de la porte pour la bloquer. Alice la fusille à nouveau du regard.

– Qu'est-ce que tu veux ? Le ton d'Alice est dur, froid, sans appel.

La sentence est tombée, la fameuse question tant redoutée est posée. Et comment y répondre quand Charlie elle-même ne sait pas ? Charlie se torture l'esprit, cherchant dans chaque recoin de sa tête ce qu'elle cherche à dire mais elle finit par seulement gagner un mal de crâne à la fin.

– Ecoute, si tu es seulement venue dans le but de me pourrir la journée, bravo parce que tu as gagné !

L'amertume dans la voix d'Alice la fait frissonner et prise au dépourvu, Charlie s'empresse de répondre.

– Je voulais m'excuser pour ce que j'ai fait.

Souvent, on dit qu'une fois qu'on a avoué les choses qu'on gardait au fond de nous, un poids disparaît. Charlie peut mettre sa main au feu qu'elle sent toujours l'énorme poids qui compresse sa poitrine et qu'un mélange désagréable de peur et d'appréhension vient s'y ajouter.

Le silence d'Alice qui n'arrange rien...

– T'excuser ? Tu es venue t'excuser ?! Tu crois vraiment que ce sont tes excuses minables qui vont effacer tout ça ? Qui vont effacer tout ce bordel ?

Alice crie et Charlie réalise qu'elle n'aime pas ça. Elle n'aime pas cette image d'Alice dans cet état, surtout quand c'est à cause de Charlie.

Le silence se fait pesant encore une fois et une pierre tombe au creux de l'estomac de Charlie.

Cette fois, et elle le voit au regard d'Alice qui a décidé de la tuer avec ses yeux, c'est fini. Alice a eu le dernier mot, comme Charlie deux ans auparavant, et a décidé qu'elle ne regardera plus jamais Charlie autrement qu'avec la haine qu'elle a au fond de ses yeux. Charlie ne lui en veut pas car après tout, c'est de sa faute si elles en sont là aujourd'hui. Charlie et son tempérament de feu ont gâché plus d'une amitié mais jamais, jamais, elle ne s'est sentie aussi dévastée.

Elle se sent idiote d'avoir cru qu'Alice pourrait oublier les paroles blessantes que Charlie avait eu à son égard et à cause de ça, à cause d'elle, elle a perdu la personne qu'elle aimait le plus au monde et elle s'en voudrait toute sa vie.

Et tandis qu'elle se perd dans ses pensées, Alice referme la porte sur elle, une porte qui ne s'ouvrira plus jamais pour Charlie.

Fixing past mistakes doesn't always workOnde histórias criam vida. Descubra agora