MOUVEMENT N°12

Depuis le début
                                    

Après cela, j'invite Germain à aller dans ma chambre pour qu'on soit plus au calme pour faire ce que nous avons à faire. Je profite qu'il soit devant moi pour taper la tête de mon frère et lui faire les gros yeux. Il fait comme s'il ne voyait pas en quoi mon geste était justifié et se lève pour me le rendre. Mais je suis déjà trop loin. Je crois même l'entendre dire, un truc du genre de « Tu vas vite le regretter », mais il est nul en attaques, alors je ne crains rien.

Quand j'arrive dans ma chambre, après avoir vérifié que Lauris ne nous avais pas suivis, Germain est en train de la contempler. Il tourne sur lui-même, se rapproche de la fenêtre et là, ses yeux s'écarquillent. C'est toujours l'effet que ça produit. Je dois bien avouer, que je n'en suis pas peu fière.

— Tu as une vue incroyable sur le centre-ville d'Angers.

Je viens me mettre à côté de lui.

— Je passe des heures entières avec Louis dans les oreilles à l'admirer.

Il hoche la tête, mais nous restons tout de même encore dans cette position. Au bout d'une minute, lorsque je pense que nous en avons fini, il reprend la parole :

— Quelle est ta chanson préférée ?

— Pardon ? lui demandais-je en encrant mon regard dans le sien, sachant pourtant précisément ce que cette question signifie.

— De tous les albums de cet artiste, laquelle est ta favorite ? Celle qui t'émeut plus que les autres ou te parle particulièrement. Parce que la mienne est Perfect Now.

Mon cœur loupe un battement. Il a écouté toutes ses chansons. Il l'a fait, alors que je ne pensais pas que c'était possible. Et il a fait cela pour moi. Enfin, je pense. Jamais personne n'avait fait ça.

Saturdays. C'est Saturdays ma préférée.

Germain hoche la tête et j'en souris. Il me faut un moment avant de me rappeler pourquoi il est en face de moi et surtout qui je suis.

Nous nous asseyons tous les deux sur mon lit, et je prends mon ordinateur, ouvrant une page Google Doc pour que tout soit clair. Je m'installe correctement contre le mur, collant sans faire attention mon épaule contre la sienne. Puis ma respiration se coupe. Je ne comprends rien à ce qui m'arrive. Ce n'est pas normal, pas du tout.

Il me parle de ses idées, de tous les pas qu'il veut absolument mettre et de la manière dont il pense qu'on pourrait assembler tout ça. À côté de ses idées, les miennes ne ressemblent à rien. Je ne connais ni ses capacités en classique, ni les choses qu'il peut faire avec son genou à moitié débranché. Alors il me rassure, insistant sur le fait qu'il est prêt à tout. Si ce tout peut nous permettre de se défouler et de s'amuser.

Je ne prends quand même pas le risque, n'ayant pas envie que ça nous retombe dessus. Même si je sais qu'il ne m'accusera jamais de quoi que ce soit. Ce n'est pas son genre, je l'ai vite compris.

— Tu peux danser sans tutu ?

— Tu as des aprioris sur le classique qui me font mal à la tête.

— C'est une simple question, se défend-il, comprenant que c'est un sujet sensible.

On se tourne à l'unisson l'un vers l'autre.

— Oui, je peux danser sans tutu. Même sans pointes, tant que je ne fais pas des pas qui nécessitent leur utilisation.

— À toi de me dire. Je pense que ça serait quand même intéressant que tu montres de quoi tu es capable.

De quoi je suis capable ? De quoi pense-t-il que je suis capable ?

Quand je lui pose la question, il ne me répond rien. Il n'avait pas besoin d'émettre un seul mot, j'ai compris.

À l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant