• soixante-dix •

Depuis le début
                                    

Puisqu'on savait très bien, elle et moi, qu'elle présentait une grossesse à risque, et qu'au final, sa question s'avérait plus sérieuse qu'une simple plaisanterie. Et le pire là-dedans, c'était qu'il était impossible pour moi d'y répondre, je me voyais pas vivre sans Nour d'un côté. De l'autre, je nous voyais pas nous relever de la perte de nos deux enfants, après tout ce qu'on avait traversé.

- T'inquiètes Hakim, tu vas être un daron de ouf. m'assurait mon pote après avoir couché ses deux filles pour la sieste, et qu'on ait rejoint son salon.

- J'espère.

- Je doute pas dessus. T'es déjà un tonton de dingue pour Eliott alors j'imagine pas pour tes propres gosses. Et Nono aussi, ce sera une super maman, j'ai pas de craintes sur ça.

- C'est obligé, elle est trop forte avec les enfants. souriais-je tel un imbécile, grattant nerveusement mon coude en perdant mon regard sur la petite table devant moi. Elle a grave ce truc maternel, elle va être incroyable, je suis sûr.

- T'es salement amoureux mec.

- J'me suis marié avec elle et on va avoir deux enfants, encore heureux que je sois putain de fou d'elle.

Ken ricanait en avouant que je n'avais pas tort sur ce coup-là, avant d'enchaîner direct avec les designs de maquettes qu'il avait commencé à dessiner pour une sorte de mini-projet. Juste six sons qui allaient sortir comme ça, sans tournée ni rien, c'était les vieux "restes" de son disque dur qu'il n'avait pas voulu jeter.

Même s'il avait pris sa retraite musicale depuis un bout de temps, ça nous empêchait pas de tous nous retrouver au stud' afin de gratter deux-trois morceaux rien que pour le kiffe, sans prise de tête. C'était d'ailleurs comme ça qu'on se retrouvait, une heure après, derrière les platines, après qu'Oria soit rentrée d'un rendez-vous médical.

Ken lui avait demandé quinze fois si ça ne la dérangeait pas de rester seule avec les filles et même Oria avait fini par lui crier dessus pour qu'il s'en aille profiter un peu. Depuis la naissance de Tesnime et de Célina, le grec était devenu encore plus un papa poule, il voulait toujours s'assurer que ses deux princesses allaient au mieux.

ll avait été comme ça avec Eliott, pourquoi est-ce qu'il changerait pour les jumelles ?

- Tu peux m'mettre ça sur clé ? je posais ma main sur l'épaule de Diabi qui était aux manettes, s'amusant à faire quelques réarrangements.

- Le son de t'à l'heure ?

- Ouais voilà. J'ai une piste en plus, de dix secondes, à rajouter à la fin si ça te dérange pas.

- Pas de soucis mon reuf, j'te prépare ça.

- Nickel, tu gères.

Le beatmaker m'envoyait un clin d'œil entendu, avant que je ne retourne m'asseoir sur le canapé du studio, poursuivant ma discussion avec les gars sur un sujet que je comprenais même pas. Mais c'était un plaisir de contredire Théo à chaque seconde, ça le faisait monter dans les tours et c'était grave gol-ri.


(...)


Dans ma vie, il m'avait été donné de voir de belles choses. Les paysages de mon pays, le sourire fier de ma grand-mère, le succès de mes frères dans leurs carrières. Mais tout ça n'avait d'égal avec la vision de Nour qui contemplait son ventre dans le miroir de la chambre. Il n'y avait pas mieux, vraiment.

- Tu trouves pas que j'ai pris des cuisses ?

Sauf quand elle se descendait elle-même.

- Rien qui me choque, t'as les jambes d'une femme enceinte de jumelles quoi.

𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘢𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳Où les histoires vivent. Découvrez maintenant