Loki : Tu pourrais continuer ?

June se tourne en direction du balcon. Elle ne pensait pas qu'il serait encore là après presque trois heures. La jeune femme ouvre de nouveau le piano, s'apprêtant à jouer une nouvelle fois sur la demande du dieu de la malice. Elle remet la partition de « Survivor » et la joue une nouvelle fois. Elle la joue autant de fois qu'il le faut. Elle a bien compris que la mélodie du piano l'aidait. Et elle jouera autant de temps qu'il faudra pour qu'il se sente de nouveau serein.

Loki : Merci.

La jeune femme ferme de nouveau le piano.

June : Ce n'est rien.

Elle l'entend s'approcher. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il vienne. Elle se doutait qu'il avait probablement encore besoin de solitude. Mais Loki s'est approché d'elle et lui a embrassé le front. La jeune femme ne s'attendait pas à cela, mais elle ne l'a pas repoussé. Elle a profité de ce rapide contact pour se détendre. Ce baiser signifie beaucoup de chose pour elle. D'abord, qu'il ne l'a jamais mis à l'écart depuis que madame peste est là. Qu'il est inquiet pour elle et qu'elle compte pour lui.

June : Merci d'avoir pris ma défense tout à l'heure.

Loki : C'est normal. Ne me remercie pas pour ça.

Elle se sentait obligée de le remercier. Ce qui n'est pas arrivé depuis des siècles. Mais rapidement, June se fait happé par ses questionnements. Ces questions sont revenues en force depuis qu'elle est rentrée. Elles sont plus fortes que jamais. Comment va-t-elle s'en sortir ? Comment va-t-elle trouver ses réponses à ses questions ? Et seulement, veut-elle les avoir ? Veut-elle vraiment savoir ? June n'en n'est pas certaine, mais elle rêve que ces questions cesse de la tourmenter. Elle voudrait ne plus se tourner vers le passé.

Loki : Que ce passe-t-il June ?

La jeune femme avait le regard dans le vide. Ses mains l'une dans l'autre et les jambes qui se sont mises à bouger toutes seules.

June : Rien d'important. Dit-elle simplement.

Mais cette réponse n'est pas satisfaisante pour le dieu de la malice. Il s'accroupit pour être à sa hauteur.

Loki : Je t'écoute quand même.

June pose son regard sur lui, soupirant faiblement.

June : Je n'ai jamais été suffisamment longtemps seule et inactive pour penser à ça...

Loki : Penser à quoi ?

June : ... À mes parents. Réussit-elle à dire. À ce qu'ils m'ont fait. Où plutôt ce qu'elle m'a fait. Je ne me souviens pas d'avoir déjà vu mon père. Je ne me souviens pas l'avoir vu près de nous. Je ne peux donc lui en vouloir, mais elle... Elle déglutit difficilement. Quand je suis sortie, j'ai vu une petite fille attendre toute seule sur des marches dans la rue. Et au bout d'un moment, son père est venu la chercher. Elle m'a rappelé moi... J'attendais tous les jours ma mère devant la maison de cette vieille femme : mais elle n'est jamais venue. J'ai attendu trente années. J'ai continué à espérer... J'ai perdu mon temps... Je n'ai jamais compris pourquoi elle m'avait... Abandonner... Elle venait de le dire. Le mot qu'elle déteste par-dessus tout : abandonner. Sa gorge se serre, mais elle ne peut plus se taire. Elle doit dire ce qu'elle pense tout bas. Pourquoi elle m'a laissé chez cette vieille Asgardienne qui n'aimait pas les enfants ? Pour quelles raisons on abandonne une enfant de trois ans ? Est-ce que j'étais méchante ? Est-ce que j'étais bête au point de lui faire honte ? Est-ce que je la dérangeai ? Je n'en ai aucune idée, encore aujourd'hui... Je me souviens encore, du sourire qu'elle avait en partant. C'était comme si elle était heureuse de me laisser dans cet horrible endroit. Qu'est-ce qu'on peut reprocher à une enfant de trois ans qui aimait sa mère au point de l'attendre tous les jours sur le trottoir pendant trente ans ? Quelle motivation aussi puissante peu pousser une mère à faire ça à sa fille ?

ToxicWhere stories live. Discover now