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À Yuei, l'ambiance était bien différente. Cela faisait près d'une heure que le couvre-feu était passé, et pourtant Midoriya ne trouvait pas le repos. Recroquevillé dans les draps de son lit qu'il serrait contre sa poitrine, sous laquelle battait un cœur nerveux, il tentait de calmer le sentiment d'angoisse qui nouait sa gorge. S'il ne ressentait plus l'atmosphère oppressante de sa chambre depuis quelques temps déjà, cela faisait plusieurs jours qu'elle refaisait peu à peu surface. Il détestait cela. Et ce soir là, il ne pouvait pas se réfugier près de son petit-ami, puisqu'il était exceptionnellement chez lui.

Les choses allaient pourtant mieux, il avançait et parvenait à se détacher des chaînes imprégnées de tristesse l'ayant longtemps maintenu cloué à son lit. Toutefois il semblait qu'après avoir été brisées, ces chaînes s'entêtaient à essayer de se reconstruire, plus solidement encore. Izuku refusait cela, il ne se laisserait pas emprisonner ainsi une seconde fois. Comme s'il espérait que cela l'éloignerait de la désagréable sensation parcourant son corps, il s'extirpa de ses draps et prit le chemin vers l'espace commun, supposé être vide à cette heure-ci.

Alors qu'il descendait machinalement l'escalier, l'esprit bien trop absorbé par l'urgent besoin de desserrer sa poitrine douloureuse, il manqua de heurter quelqu'un au beau milieu des marches. Il redressa maladroitement le visage et fit face à Bakugo, dont les joues étaient parsemées de faibles rougeurs, à peine perceptibles dans l'obscurité.

«Tch, pousse-toi de là le nerd, ronchonna-t-il, d'un ton étonnamment bas.»

Sans même laisser le temps au plus petit de réagir, Kacchan le bouscula tout juste et passa son chemin sans rien ajouter de plus. Confus, le plus petit ne releva ni cette étrange absence d'énergie chez son ami, ni le fait qu'il était inhabituel pour lui de ne pas être déjà couché.

Arrivé dans la salle commune, il remarqua bien assez vite qu'il ne se trouvait pas seul, contrairement à ce qu'il avait espéré. Sur le canapé, la silhouette de Kirishima amorçait un geste pour se tourner vers lui.

«Katsuki, qu'est-ce- ah, M-midoriya, bégaya-t-il malhabilement.»

Eijiro passa une main maladroite dans ses cheveux, à moitié gêné de s'être mépris sur l'identité de la personne qu'il avait entendue arriver derrière lui. Néanmoins, un mince sourire se logea sur ses lèvres tandis qu'il dévisageait brièvement le vert. Izuku lui adressa un rapide signe de main avant de se diriger plus ou moins précipitamment vers la cuisine. Penché au-dessus de l'évier, il but quelques gorgées d'eau à même le robinet, dans l'espoir que le liquide rafraîchissant aiderait à dénouer sa gorge. Malheureusement, ce ne fut pas très efficace.

Venant de se redresser et essuyant sa bouche humide d'un revers de main, le rouge se tenait à ses côtés et passa un bras amical derrière ses épaules, un geste qui fit sursauter le plus petit.

«D-doucement, Kirishima, murmura-t-il, grimaçant à ce contact qui lui parut plus brusque qu'il ne l'était réellement.»

«Désolé, Midoriya, je ne voulais pas être brutal, s'excusa-t-il, souriant maladroitement. Dis...il paraît que tu te retapes une phase de déprime, continua-t-il, perdant son sourire sous son manque de tact.»

«...il paraît ? répéta-t-il, le regard rivé sur l'évier devant lui.»

«Uraraka et Asui sont venues me voir tout à l'heure, d'après elles tu ne sembles plus aller vraiment bien depuis quelques jours.»

«Pourquoi viennent-elles te voir toi et pas moi ? l'interrogea-t-il d'une voix basse, ses yeux restant parfaitement immobiles.»

«Parce qu'elles n'arrivent pas à te parler, soupira-t-il. De ce qu'elles m'ont dit, elles essayent d'aller vers toi, vraiment, mais tu finis toujours par feindre un sourire et fuir. Elles pensent que tu serais peut-être plus honnête avec moi, ajouta-t-il, d'un ton qui sonnait tristement.»

𝗦𝗮𝘃𝗲 𝗠𝗲 𝗙𝗿𝗼𝗺 𝗧𝗵𝗲 𝗙𝗹𝗮𝗺𝗲𝘀 - 𝖳𝗈𝖽𝗈𝖽𝖾𝗄𝗎Where stories live. Discover now