Nous rentrions tous les deux à la même heure, et ce pour la première fois depuis des semaines. Même des mois. À ce moment-là, rien ne me faisait plus plaisir que de le voir. Il avait beau sembler fatigué et marchait avec difficultés, mas c'était bien lui. 

C'est mon père qui, en me voyant, me fis un coucou de sa main libre. De son autre, il s'agrippait à son sac. Non en ayant peur de se le faire voler, car rien d'important n'était à l'intérieur, mais pour se tenir à quelque chose. De ce fait, s'il avait un instant hors d'ici, où son esprit quittait son corps, il avait cette lanière pour l'aider. Sans n'avoir jamais eu le courage de lui dire que ça ne servait à rien, je trouvais quand même ceci beau. 

Petit à petit, je me rapprochais de lui, devinant derrière ses cernes et ses yeux qui ne demandaient qu'à se fermer, un sourire qui m'était destiné. Le mien, qui n'avait jamais quitté mes lèvres, devenait de plus en plus grand à mesure que j'accélérais le pas pour le serrer contre moi. Un simple câlin, qui faisait tout. Quand je me heurtai contre lui, j'enfonçai directement ma tête contre lui, le serra plus que je ne devrais surement. Ce contact, qui sans que je ne m'en sois aperçu, m'avait énormément manqué. 

Durant ses longues gardes à l'hôpital, je ne pouvais pas lui prouver mon affection, ni même faire un FaceTime avec lui en étant sûre qu'il ne s'endorme pas en plein milieu ou plutôt qu'il me réponde. Il n'avait jamais cessé d'aimer son travail et d'aider les gens dans le besoin. Avec Lauris, nous avions, tous les jours, Marius rien que pour nous.  

Car quand Augustin rentrait, personne d'autre que son mari lui était mieux destiné. Ils restaient des minutes complètes, et des fois des heures, l'un contre l'autre. Parfois, ils ne se disaient rien. Je n'avais jamais compris comment on pouvait autant aimer une personne. Alors je levais la tête pour voir l'amour que mon père me portait à cet instant. Et là, je savais qu'aucun autre être humain sur terre ne pourrait m'aimer et me chérir comme ils l'avaient fait. 

Pas même l'amour de ma vie ou mon âme sœur. Car, que je le veuille ou non, c'était à eux que mon cœur avait appartenu en premier. Il resterait le leur pour le reste de ma vie.

⎯ Tu m'avais manqué, me chuchote-t-il avant de m'embrasser le front.

⎯ Tu nous as encore plus manqué.

Nous nous séparons, sa main prenant ma taille, pour toujours garder un contact.

⎯ Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vraiment parlé, Lyly. Et je m'en excuse.

Je fronce les sourcils, lui faisant comprendre que ce n'est en rien sa faute.

⎯ Si tu n'es pas là pour nous, tu l'es pour des personnes qui en ont surement plus besoin que nous.

⎯ Personne ne mérite plus ma présence que ma famille. Je ne me pardonnerai jamais de ne pas avoir passé assez de moments avec vous. Marius a cette chance que je n'aie pas.

⎯ Quand tu es là, ce sont les meilleurs moments. Sans toi, ce n'est pas la même chose, je te l'assure, lui avouais-je en lui offrant le sourire qu'il mérite, plus que tout.

⎯ Assez parlé de ça, comment se passe ton début d'année ?

Je ne pourrais pas le lui résumer en une seule phrase, car je ne sais moi-même pas ce que je ressens concernant ce début d'année. Je ne sais dire si mon année scolaire va être une réussite et si je vais toujours performer en danse. Du moins, c'est ce que je souhaite plus que tout.

⎯ Monsieur Mansart nous a appris que nous allions organiser une collaboration avec des autres danseurs. Ça fait quelques jours qu'on a commencé, et même si au début je ne prenais pas au sérieux mon partenaire...

À l'unissonWhere stories live. Discover now