Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1

5.1 r

Elle rêvait de deux halos luminescents qui l'observaient avec sévérité. Témoins de l'horreur de ce qui lui était arrivé et de chaque instant de pur effroi. La scène se déroula tantôt lentement, avec plus de clarté comme à rebours, ou bien démultipliée, comme si elle se recevait plusieurs gifles de la part de son agresseur. Son visage était flou.

Elle se voyait de l'extérieur de son corps et en même temps a l'intérieur, avec lucidité. La douleur qui avait surgi la réveilla soudainement en sursaut. Elle se redressa en geignant comme une âme en peine, à bout de souffle et le cerveau dans un étau lourd.

Elle se prit la tête à pleine main en gémissant. La souffrance la fit plisser des paupières.

— Tout va bien, calme-toi.

Elle bondit de surprise et se tourna vers la voix inconnue. Il faisait assez clair à présent dans la pièce pour mieux le discerner.

— Vous êtes qui?

Ses yeux avaient légèrement dégonflé et sa vision put faire le point sur son visage fin, ses pupilles noires scrutatrices et ses longs cheveux sombres attachés en queue de cheval.

Emmet!

Sa mâchoire tomba dans les abysses de l'effroi et un frisson glacé parcourir son échine. Elle serra alors le drap sur elle en grimaçant. Il l'observait d'un air sévère, les sourcils froncés et les lèvres pincées, bien plus qu'à l'accoutumée.

— Qu'est-ce que tu fais là? s'exclama-t-elle d'une voix aiguë.

Un sourire sinistre se dessina lentement sur les lèvres d'Emmet.

— C'est plutôt à moi de te poser cette question.

Lorey se figea et regarda autour d'elle, fébrile. Ce n'était pas sa chambre. Une fenêtre ouverte lui faisait face. Il faisait jour. La pièce était peu décorée et tous les meubles étaient en bois sombre.

— Qu'est-ce que je fais là? couina-t-elle d'une voix encore plus aiguë, tendue en prenant conscience qu'elle n'était pas dans sa chambre et qu'elle était seule en présence de ce type.

Il ne répondit pas à sa question et s'enfonça dans son siège. Il croisa les bras en l'observant d'un œil curieux, les lèvres toujours pincées.

— C'était toi. Toi, dans cette rue.   T'as mis ces hommes à terre comme j'ai jamais vu personne le faire... mis à part dans les films, finit-elle dans un souffle, plus pour elle-même que pour lui.

Elle fronça les sourcils en serrant plus fort le drap autour d'elle.

— Pourquoi tu étais là-bas? Tu m'as suivi?

Emmet prit quelques secondes avant de répondre, comme pour savourer sa torpeur.

— Oui.

La nausée monta dans sa gorge et elle serra les poings.

— Pourquoi? Qu'est-ce que tu me veux?

Pour la première fois, elle vit l'expression de son visage changer durant une seconde. Néanmoins, il reprit bien vite les traits durs et peu avenants.

— Je suis... curieux, avoua-t-il en évitant son regard un instant.

Lorsqu'il le reposa sur elle, ses yeux devinrent scrutateurs, il la détaillait comme un prédateur le ferait avant d'attaquer. C'était réellement dérangeant.

Et qu'est-ce qu'il racontait? Elle n'était pas un objet d'amusement, ses muscles se tendirent à cette pensée.

— Tu n'aurais pas dû te mettre en danger comme ça. C'est complètement inconscient.