Age Game

Chapitre 16

La gamine refusait de quitter mon esprit.

Ce n'était même pas sa faute ; Jess ne m'avait pas approché une seule fois depuis cette journée dans la piscine. Je ne l'avais pas croisée, et pourtant j'avais souvent jeté un œil par chez elle. Après tout, sa fenêtre donnait directement chez moi.

Mais non, il avait fallu qu'elle disparaisse sans un regard en arrière et, comme l'accro que j'étais, je ne pouvais pas m'empêcher de la chercher.

Un pack de bière à la main, je marquai une hésitation avant de toquer à la porte. Paul m'avait invité à venir manger, et je n'avais pas hésité une seconde. On avait quitté l'armée ensemble à l'époque pour construire nos maisons l'une à côté de l'autre.

Je passais la moitié de mon temps chez lui, et inversement. Quelques semaines plus tôt, je n'aurais pas pris la peine de réfléchir avant d'entrer. Je savais que ces soirées avec lui étaient toujours agréables.

Un léger détail avait changé depuis : Jess. Ce n'était plus une enfant et ça me perturbait salement. Les choses avaient été gérables avant de la prendre, mais maintenant...

Je replaçai ma queue d'une main en jurant. Ouais, une fois n'allait pas me suffire. Sauf que je ne pouvais pas décemment en faire mon amante en étant capable de regarder mon meilleur ami dans les yeux.

J'avais eu le vain espoir que les choses s'apaisent que, maintenant que j'avais gouté à mon fantasme, il allait disparaître. Je m'étais salement trompé, et pas qu'un peu. L'obsession que j'avais développé pour Jess était telle qu'elle me réveillait la nuit.

Qu'importe le nombre de fois où je pouvais me branler, ça ne changeait pas grand-chose. Quant à toucher une autre femme pour l'exorciser, ça ne marchait pas. J'y avais bien pensé, mais je n'avais envie d'aucune autre que d'elle.

La porte s'ouvrit soudain devant moi, m'obligeant à revenir dans l'instant présent.

— Ah, parfait ! s'exclama Paul en récupérant les bières. Jess a fait une recette étrange avec les miennes et j'ai plus de stock.

— Une recette à la bière ? répétai-je.

Désabusé, il haussa les épaules.

Visiblement, je n'étais pas le seul à être perdu dans les expériences culinaires de la gamine. Au moins, c'était bon. C'était toujours bon ; elle avait un putain de don dans le domaine, et c'était génial qu'elle l'exploite enfin.

L'odeur qui régnait à l'intérieur de la bâtisse me poussa à fermer les yeux de plaisir. Mon estomac gargouilla salement et je me frottai distraitement le ventre d'une main.

— Affamé ? ricana Paul.

J'acquiesçai.

— J'ai passé la journée à bosser, j'ai pas pris le temps de manger.

— T'as bien fait, Jess a cuisiné pour dix. A ce rythme, on va doubler de volume avant la fin du mois.

Ouais, alors ça, j'en doutais. On s'entrainait encore régulièrement, sans parler du boulot, de la chasse, et de nos journées à rallonge. Ce n'était pas dans notre nature d'être inactif et d'attendre la mort.

Cela dit, je n'étais pas contre de bons petits plats maisons. Je savais cuisiner, mais de manière atrocement basique. Mon meilleur plat n'arrivait pas à la cheville d'un simple sandwich de Jess. Je pourrais me faire à l'habitude qu'elle me nourrisse et que je la regarde bosser.

Combler mon ventre et mes tendances obsessionnelles, c'était un bon moyen de me faire plaisir.

— Parle pour toi, mon vieux, marmonnai-je en jetant un coup d'œil à la quantité de paperasse sur la table. Je compte pas me laisser aller maintenant.