Chapitre 9

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Une main pressée contre le creux de mes reins, Thomas me guida dans un café que je n'avais encore jamais vu. Moderne et coloré, il détonnait avec le reste de la ville, mais c'était plutôt appréciable. Je n'avais rien contre le changement.

Je fus presque surprise de le voir tirer ma chaise pour que je puisse m'y asseoir et la repousser comme un gentleman. Ça collait tellement au personnage que j'en restai sans voix. Quelque chose clochait, un petit détail qui me poussa à froncer les sourcils.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il en s'asseyant face à moi, dos au mur.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Le regard qu'il braqua sur moi était si mauvais que j'eus envie de me recroqueviller comme une enfant. Merde, sa présence était étouffante !

Thomas n'avait pas besoin de forcer ou de se donner un rôle ; il possédait un charisme naturel qui impressionnait et faisait tourner les têtes. C'était le genre d'homme qui prenait les décisions et se faisait suivre sans discuter.

Dans un sens, il était trop masculin, trop oppressant. C'était exactement ce qui m'attirait chez lui.

— On est deux adultes, je peux bien t'inviter à boire quelque chose, non ?

— D'habitude, quand on m'offre un café c'est pour me foutre à poil juste après, répondis-je avec un petit haussement d'épaules. Vu que tu as été clair et net sur le sujet, je te le redemande : qu'est-ce que tu veux ?

Il ouvrit la bouche pour répondre quand la serveuse vint nous tendre les cartes de l'établissement. Avec un remerciement, je me plongeai dans la liste de pâtisseries et de boissons sans fin.

A vrai dire, je me foutais bien de ce qu'il voulait. J'avais été aussi claire que lui sur ce que j'attendais, sur ce que je pouvais lui donner. Il m'avait repoussée, les choses s'arrêtaient là. Je n'étais pas du genre à m'accrocher face à un non.

— Je veux juste discuter, lança-t-il quand on fut à nouveau seuls.

Je lui jetai un coup d'œil las par-dessus ma carte plastifie.

— C'est cela, oui, marmonnai-je de ma voix la plus hautaine. De quoi tu veux parler ? Du temps merveilleux ?

Bon, il s'était couvert quand on avait quitté le marché pour venir jusqu'ici. Peut-être qu'il voulait s'étendre sur les nuages qui couvraient le soleil. Personnellement, ce n'était pas ma tasse de thé. Si c'était le cas, j'allais devoir écourter ce tête-à-tête comme un rencard gênant.

Nos commandes furent prises et préparées en un rien de temps. Il n'y eut pas une seconde où Thomas détourna les yeux de moi, même quand la serveuse rit alors que je lui demandais double dose de chantilly sur mon chocolat chaud.

Je le sentais m'observer avec une intensité qui finit par me faire rougir. J'étais une bonne femme d'affaires, mais me retrouver avec un homme pareil qui me regardait comme si j'étais une sorte de curiosité à percer à jour, c'était dérangeant.

— Quoi ? grinçai-je en attrapant ma boisson pour porter la paille à ma bouche.

Les bras croisés, Thomas haussa les sourcils.

— T'es pas commune, tu sais ?

— On me le dit souvent.

Environ soixante pourcents du temps, c'était un reproche. J'en avais l'habitude et ça ne me dérangeaient plus. Les gens que ça emmerdait n'avaient qu'à foutre le camp. Quant aux autres... Disons qu'on pouvait devenir amis.

— Qui ?

Je manquai de roucouler de plaisir quand le chocolat toucha ma langue. Ok, ce café allait devenir mon lieu de prédilection quand je voulais me tirer de la maison pour me détendre. Ça faisait une éternité que je n'avais pas goûter quelque chose d'aussi bon !

Age GameWhere stories live. Discover now