Prologue

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Sois ton propre rêve.
Et n'oublie jamais, au grand jamais, de croire en toi. Tu peux tout accomplir.

À tous les rêveurs et les ambitieux.

À Juliette.

Je suis la meilleure.

Je suis la meilleure là où Sacha Ward est une pauvre, insignifiante et incapable merde. Et par merde, j'entends qu'il est probablement l'acteur le plus talentueux de notre génération, qu'il est époustouflant et envoûtant — c'est pour dire mon niveau.

Il pourra dire ce qu'il veut, gonfler le torse comme un coq fier autant qu'il le peut : je sais qu'il tremble quand j'entre dans la pièce, parce que je suis une putain de légende.

Quand je me glisse sur scène, je ne me contente pas d'être une actrice. J'incarne le personnage, le décor, l'univers. Sous les feux des projecteurs, je suis l'âme de la pièce.

Le bruit des chaussures sur le sol de la scène, les décors en bois, l'effervescence des équipes avant chaque représentation, les pas appris à la perfection, les échauffements avant d'éclater telle une étoile : c'est mon domaine.

Aujourd'hui, je suis en rogne, parce que Broadway est ma maison. Je ne laisserai jamais personne marcher sur mes plates-bandes.

Je tape du pied sur la scène, les poings serrés et les veines prêtes à exploser. La musique s'élève et emplie la pièce. Elle étouffe l'espace, s'étend jusqu'au plafond et je pousse ma voix plus fort. Je connais les paroles de cette scène par cœur. J'ai passé les trois dernières semaines à les lire en boucle. Matin, midi et soir. Mon existence ne tenait qu'à un seul besoin vital : devenir cette histoire. Je me suis imprégnée du texte, des émotions, des paroles. Je ne fais qu'un avec l'œuvre qui m'a été confiée.

À Broadway, il ne s'agit pas uniquement de savoir chanter. Il faut savoir jouer, se lâcher, transmettre les émotions, bouger. Ici, la vie prend une toute autre forme.

Je sais que je suis la meilleure.

Je suis la meilleure. Je suis la meilleure.

Je donne le ton à la perfection. Je sais que mon visage se tord correctement sous l'émotion, que l'auteur de la pièce est subjugué sauf que voilà... Sacha.

J'ignore si c'est la façon qu'il a de m'hurler dessus, de se précipiter vers moi et de me débiter des atrocités à quelques centimètres du visage, mais il est réel. Son jeu d'acteur est tout bonnement sans égal.

D'une seconde à l'autre, les larmes déferlent sur mes joues alors que je m'écroule face à la méchanceté du personnage qu'il incarne. Celle que je joue se déchaine et sous ma détermination, Sacha en fait autant.

Il est doué et à chaque fois qu'il chante, avec sa voix parfaite, je sens qu'il me vole la vedette. À chaque pas, je sens que l'attention se fige sur lui. Il est hypnotisant, ce que je n'autorise pas. Alors j'en fais encore plus, je me dépasse.

Alors il en fait plus. On se dépasse.

Les personnages se déchirent au beau milieu d'une scène tragique, presque autant que nous nous déchirons. C'est la première fois que nous jouons ensemble. La première fois depuis que j'ai appris qu'il serait ma co-star qu'on se retrouve à se provoquer à ce point.

Je le méprise. Je veux qu'il comprenne qu'il ne m'arrivera jamais à la cheville. C'est le moment que choisis le personnage pour s'immiscer dans mes veines. Je ne suis plus une jeune femme de vingt-et-un an. Je suis cette femme de vingt-cinq ans, presque vingt-six, qui se retrouve à devoir affronter cet horrible personnage, ce pervers narcissique, qui jure l'aimer alors que ce n'est pas vraiment le cas. Une romance tragique au beau milieu des années 80. Où les familles s'en mêlent, où la pression sociale est accablante.

Et où les choses dérapent.

La scène que je redoutais le plus arrive... pas parce que je crains de me louper, mais parce qu'il est difficile de garder son calme quand quelqu'un approche une lame de couteau à quelques centimètres de votre gorge, surtout dans le cas où on est presque sûrs que la personne rêve de nous tuer.

Sacha s'arrête à temps, comme prévu, et me braille son texte à la figure pendant que je feins la peur. Mon personnage ne dit plus rien, ne bouge plus. Je suis tétanisée, sauf que la vraie moi ne frémis pas. Si je suis persuadée qu'il voudrait plus que tout m'enfoncer ce couteau dans la gorge, c'est uniquement parce que j'en meurs d'envie aussi.

Je rêve de le voir disparaitre.

Les applaudissements nous sortent de notre transe. Mes épaules retombent tandis qu'il recule, retrouvant de son sérieux.

— Vous deux ! Écoutez-moi bien, vous allez foutre le feu à Broadway. Je n'aurais pas pu rêver mieux pour ma pièce ! C'était fantastique !

Je rêve de le voir disparaitre... parce que tant qu'il est dans les parages, je ne suis plus très sûre d'être la meilleure.

Et ça me tue.

Et voilà, le prologue de cette nouvelle histoire ! Je suis trop contente de pouvoir vous retrouver, et j'ai tellement hâte d'avoir vos retours !

L'idée du roman vous plait, pour l'instant ?

Qu'est-ce que vous pensez de cette première impression de Ivy ? Vous penchez plus du côté où vous allez l'aimer ou celui de la détester ?

Telleeeement hâte de vous lire et de voir vos commentaires,

Le chapitre 1 arrive Vendredi à 18h ! On se retrouve pour un rythme de deux chapitres par semaine (ce n'est pas à l'abris de changer en fonction de mon avancée sur le roman), tous les deux à 18h !

Passez une bonne semaine et prenez soin de vous !

Livia
(Ig : _livwriting)

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