Chapitre 63 : Desire

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« Les gens sauront maintenant que tu es une pleurnicharde »

Je secoue la tête. Mes mains protègent mes oreilles de toutes ses phrases, de son rire démonial. Sans succès. Ils percent mes tympans et me ramènent à cette cave. J'entends les rats grouillés ainsi que les cafards. Ma douleur à la gorge revient. Les piqures sur mon ventre également.

Soudain, j'entends des pas. Instinctivement, je ramène mes jambes vers moi avant de dissimuler mon visage. Mon pouls s'intensifie de plus belle. Tout mon être convulse. Ma respiration colonise la pièce. Je ferme les yeux et prie pour qu'il ne s'approche pas de moi. Mes prières sont vaines. Il est là... Devant moi... Son eau de Cologne me claque les narines. Grimaçante, je me renfrogne davantage.

— Pia !

Au loin, la voix de Beth bourdonne dans mes oreilles. Je m'y accroche. Dans ma tête, je ne cesse de me dire que ce n'est pas réel. Lui présent maintenant, ce n'est pas réel. Son visage illuminé par une moue satanique, ce n'est pas réel. Lui s'approchant pour « contempler, comme il dit » son œuvre, ce n'est pas réel.

Il n'est pas là. Il est en prison et ne sortira pas de sitôt.

En écho à mes pensées, j'entends la berceuse de ma mère. Une seconde fois, je m'y cramponne, comme si ma vie en dépendait.

Je suis forte ! Je suis forte ! Je peux réussir à sortir de ce cauchemar. Je peux. Je suis forte !

— Oui, tu es forte !

L'encouragement de Beth m'incite à me surpasser.

Ce n'est pas réel. Ce n'est pas réel.

À pas comptés, l'image de mon oncle s'évapore. Son rire également. Je m'extirpe, petit à petit, de ce cauchemar. J'entends désormais distinctement la voix de ma meilleure amie. Mon souffle haletant s'amenuise jusqu'à reprendre une cadence normale. La douleur dans mon ventre ainsi que celle de ma poitrine, s'éclipsent. Je parviens à inspirer, sans que cela me donne la sensation d'avoir des lames dans mon cœur.

Sans ouvrir les paupières, je baisse mes jambes. C'est à cet instant précis que je prends conscience de l'eau sous mes fesses Mon pantalon tout comme mes pieds sont trempés. J'entrebâille les yeux et note les dégâts. Le sol de la salle de bain est mouillé. L'eau de la baignoire a débordé, faisant d'énormes flaques par terre.

Le cœur battant, je me frictionne les poignets, honteuse. Beth s'approche de moi. Plusieurs plis soucieux fripent son visage imbibé de larmes. Un étau enserre mon cœur face à son expression et les perles salées sur ses pommettes. Ma tête se baisse de culpabilité tandis que mes phalanges continuent à frotter mes cicatrices. Sur le point de m'excuser, je me vois freinée par ma meilleure amie qui me questionne :

— Tu vas bien ?

J'acquiesce, inapte à prononcer ne serait-ce qu'une syllabe. Sans que je m'y attende, elle me prend dans ses bras et me serre fort.

— Tu m'as fichu une de ses trouilles !

La note affligée dans son intonation me dilacère les viscères.

— Je suis désolée ! Je ne voulais pas !

Elle m'enserre davantage. Sa boîte crânienne se remue.

— Ne t'excuse pas. Je suis heureuse que tu ailles bien.

Son étreinte m'obstrue la trachée, me contraignant à lui demander de me lâcher. Ses joues se teintent de roses. Elle se mordille la lèvre inférieure. La seconde suivante, elle murmure un « pardon ». Avec un sourire, je lui assure qu'il n'y a pas d'excuses qui tiennent.

VICIOUS : WICKED FASCINATION (DARK ROMANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant