je revoyais un peu contre mon gré taï tout les samedis. on s'ignorait. toujours j'essayais d'éviter son regard, ou encore de me retrouver seule avec elle.
je prétendais la détester mais un samedi je me suis rendue compte que cette haine se transformait en admiration.
soudainement je voulais être blonde, avoir les yeux bleus, être calme et douce. soudainement je voulais lui parler, l'entendre dire, l'écouter.
cette femme rendait le temps pluvieux poétique, le soleil doux, et arrivait même à trouver des points positifs dans ce que tout le monde trouvait nocif.
elle a sûrement eu un mari. et en a peut-être encore un. seulement je ressent qu'ils ne s'aiment plus comme avant. qu'ils s'aiment encore plus fort, et qu'un seul regard échangé leur permettrait de se rendre transparent vis-à-vis de l'autre.
j'adorais son mari. je ne l'ai jamais rencontré, jamais entendu son nom, ou son prénom, je n'ai jamais entendu s'il existait, mais je l'adorais. je savais qu'en lui se reflétait taï, et qu'en elle se reflétait lui.
j'aurai voulu voyager avec taï. j'aurai voulu lui partager des choses.j'aurai voulu l'inciter à écrire.
mais je n'ai jamais osé lui adresser la parole.
car la haine que j'éprouvais à son égard était finalement toujours aussi vivante que la veille.
