Chapitre 8 : Quand le fils se rebelle...

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Le cœur battant et le cerveau en surchauffe, Tristan Madrigal était inquiet : il avait aidé les Cahill à s'échapper ; il savait que si son père le découvrait, il aurait de sérieux ennuis, car la devise de sa famille c'était « sans pitié, c'est la clé du succès »...

« Mince ! pesta son père en tapant du poing sur la table devant lui. Il a fallu un mois pour créer cette cage géante et six de plus pour trouver la formule permettant de la faire brûler toute seule. Sept mois de travail, pour rien !

Depuis la salle de contrôle des locaux d'Andrad Corporation, les Madrigal et leur père revoyaient en boucle le moment où leurs adversaires s'étaient échappés de la cage grâce à un rouge à lèvres laser.

- Ne vous inquiétez pas Père, le rassura son fils, on les aura la prochaine fois !

Mais son père était dans une fureur noire. Il serrait les dents et fronçait les sourcils.

- Tais-toi Tristan, ordonna-t-il d'un ton sec. J'essaie de comprendre comment ils ont fait pour dérober le rouge à lèvres de ta sœur.

Tristan se mordait les lèvres. « Et s'il découvre que c'est moi...? pensa-t-il. »

En effet, c'était lui : il avait volé le tout nouveau rouge à lèvres laser de sa sœur et l'avait caché dans la poche de Michael avant de le pousser. Sa sœur était furieuse.

- Ces petits voleurs de Cahill vont me le payer ! s'emporta-t-elle. Je me demande comment ils ont fait... Je ne me suis pas approché de la cage pourtant.

- Il n'y a qu'une seule personne qui s'est approché de la cage, déclara Léon, et c'est toi, Tristan.

Le cœur du jeune garçon battait la chamade. Il avait tout compris ! Léon s'approcha de son fils avec un regard menaçant, comme s'il s'apprêtait à le battre avec une arme. Tristan recula, effrayé. Mais son père se contenta de poser sa main sur son épaule.

- Tristan, annonça-t-il d'un ton calme, tu sais que j'ai une totale confiance en toi. Tu sais aussi qu'on ne doit pas garder de secret entre nous...

Son fils hocha la tête, nerveusement.

- Alors dis-moi la vérité : as-tu, oui ou non, aidé les Cahill à s'échapper en leur donnant le rouge à lèvres laser de ta sœur ? Réponds !

Le garçon faillit pleurer : son père ne lui avait jamais parlé sur un ton aussi terrifiant. Tristan baissa lentement les yeux et vit avec effroi le couteau que tenait son père. Il le cachait derrière lui, prêt à le brandir sur lui à la première occasion. Iris écarquilla les yeux, sur le point de crier. Allait-il vraiment tuer son fils sans aucune pitié ? Ou était-ce seulement un moyen d'intimider celui-ci afin qu'il lui dise la vérité ? Tristan avait peur de le découvrir. Dans le regard de son père, il crut lire la phrase « Dis-moi la vérité, ou je te tue. » Son sang ne fit qu'un tour.

Le garçon ravala sa salive et dit :

- N-non, Père. J-je ne les ai pas aidés.

Satisfait d'avoir une réponse, et sans se douter que son fils lui mentait, Léon posa son couteau sur la table. Tristan était soulagé, mais se demandait ce qu'il se serait passé s'il avait dit la vérité. Il ne voulait pas le savoir alors il essaya d'oublier ces secondes terrifiantes. Rassis sur son siège, son couteau rangé dans Léon revisionna le moment où, après s'être demandé d'où venait le rouge à lèvres laser, Daphné avait dit : « Il faut croire que le cœur de Tristan n'est peut-être pas totalement noir. » Un sourire se glissa sur les lèvres de Tristan.

« Merci Daphné, pensa-t-il. » Cette fille n'était peut-être pas aussi banale et agaçante qu'il le pensait. En plus, il fallait admettre qu'elle était assez belle avec son beau sourire, ses jolis cheveux blonds, et ses magnifiques yeux verts.

- Je peux savoir ce qui te fait sourire comme un idiot ? lui demanda son père.

- Rien Père, répondit-il. Je suis juste heureux de savoir que nous avons une totale confiance l'un de l'autre.

Son père n'insista pas et visionna la scène où Jessica et Daphné se battaient pour la photo de son fils. Tristan ne put s'empêcher de rougir en regardant Daphné. Léon, lui, était exaspéré :

- Franchement, soupira-t-il, on ne peut vraiment pas faire un pas sans être entouré de fans hystériques ou d'admirateurs trop agités.

Iris fut en rogne lorsqu'elle vit les agents d'Andrad Corporation se prendre des bandes dessinées dans la figure, lors de leur passage dans l'escalator.

- Quels incapables ! hurla-t-elle. « Des agents bien entraînés », mon œil ! Et le pire, c'est qu'on les paie pour faire ÇA !

Son père, agacé, se leva et se dirigea vers la sortie.

- Je vais aller nous réserver un vol en jet privé, annonça-t-il. Nous devons trouver l'indice que renferme le fort Sumter avant les Cahill. On les a trop sous-estimés.

Lorsqu'il sortit de la pièce, Léon se cacha derrière le mur du couloir pour entendre ce que disaient ses enfants.

- Allez, avoue, fit Iris en s'adressant à son frère. C'est toi qui as donné mon rouge à lèvres aux Cahill. Ne me mens pas parce que je l'ai bien compris.

- Oui, soupira Tristan, mais ne le dis pas à Papa.

- Je n'en ai pas l'intention, lui assura-t-elle, mais s'il le découvre...

- Il ne le découvrira pas parce que tu ne diras rien ! la coupa son frère.

- Alors dis-moi au moins pourquoi t'as fait ça.

- Parce qu'à la base, expliqua-t-il, le but n'était pas de tuer les Cahill. Seulement de leur faire peur pour qu'ils abandonnent la compétition. Mais Papa veut absolument les éliminer, et ça, c'est mal. À Paris, la bombe qu'on a placée à l'Opéra Garnier, c'était pour les enfermer assez longtemps pour qu'ils abandonnent ; dans le bastion de Gorge Danger, les fléchettes et les aiguilles contenaient un puissant somnifère. Là aussi, ce n'était pas pour les tuer. C'était pour les décourager. Tout comme quand on a placé une autre bombe dans le ferry qu'ont pris les Cahill pour se rendre à Liberty Island. On ne l'a même pas utilisée. Là où je veux en venir, c'est que même si les enfants de Gabriel sont têtus, ce n'est pas une raison pour essayer de les zigouiller. Je sais que la devise de la famille c'est d'être sans pitié, mais on n'a pas besoin de trucider tous ceux qui se mettent en travers de notre chemin. Parce que si on suit cette méthode, les autres concurrents feront la même chose, et alors, on en viendra à s'étriper tels des sauvages, se sautant à la gorge à la moindre occasion. À cet instant, les Atlantes ne seront plus civilisés, mais barbares. »

Léon n'arrivait pas à le croire : son fils lui avait menti et remettait en cause la devise ancestrale des Sagittaire. Trop, c'était trop ! Mais il ne pouvait pas surgir et punir son fils d'un seul coup. Il n'en retiendrait rien. Non. Il avait besoin d'une frayeur, assez grande pour qu'il ne recommence plus.


Les clés d'Atlantide - Tome 2 : L'imposteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant