Many hurts

8

Deux semaines plus tard.

Je sursaute.
Je viens de faire un cauchemar.
Je décide de m'asseoir pour reprendre mes esprits.

Je regarde dans le vide et dans le noir complet de ma chambre.
J'attrape mon téléphone sur la table de chevet et allume le flash pour me guider jusqu'à la salle de bain.

Je bois de l'eau au robinet, et m'en met sur le visage.
Il est 5h30 du matin.
Et je viens de rêver qu'Arthur me poignardait.

- Putain de merde, me dis-je à moi-même.

Je retourne dans ma chambre, allume la lampe de chevet et l'observe dormir.

- Je dors pas

Je souris timidement et la rejoint dans mon lit pour la serrer fort contre moi.

- Et moi je viens de faire un cauchemar

- C'était quoi ?

J'hésite avant de lui raconter.

- Ton ex qui voulait me poignarder

- Ah, en effet pas ouf, souffla Danaë.

Je la regarde, allongée en face d'elle.

- Tu m'as manqué baby

Elle sourit et se lève soudainement.
Danaë enfile un gros sweat gris et une paire de basket.

- Viens on va se balader

Je grogne à l'idée qu'il me reste 3 heures à dormir avant de reprendre les cours.
Puis me motive quand je me rappelle que j'ai faillis la perdre à tout jamais il y a 3 semaines de ça.

- Vasy

J'enfile un sweat et des baskets également puis nous descendons l'immeuble pour arriver dehors.
Nous marchons sans savoir vraiment où nous allons.
Nous passons à une boulangerie, prenons quelques pâtisseries et des cafés.
Puis nous trouvons un parc pour admirer le soleil se lever.

- Alors avec ton voisin, annonce Danaë.

- Mmmh, je sais même pas

- Comment ça tu sais pas ?
Elle fronce les sourcils.

- Les choses sont devenues un peu plus sérieuses

- Mais non ? Raconte moi tout

- Son regard et son comportement avec moi ont changés, et il m'a même dit qu'il avait déjà peur de me perdre. Et ça fait deux semaines que je me suis pas retrouver seule ou avec quelqu'un d'autre que lui.

Elle sourit bêtement tout en me regardant raconter mon histoire avec Ken.

- T'es amoureuse Aby

- Non !

Elle pouffe de rire.

- C'était une affirmation, ajoute-elle plus sérieusement.

Danaë avait raison.
Et je ne voulais pas l'admettre, parce que pour moi l'amour, ça fait juste mal.

- Genre il voit pas d'autres meufs que moi alors qu'avant j'en croisais une différente toutes les deux semaines

- Ça te fait flipper ?

- Oui

- Mais ça veut dire beaucoup en soit pour une personne comme Ken 

- Oui, je flippe Danaë

- C'est normal, protège toi mais pas trop sinon tu vas arrêter de vivre

J'acquiesce et pose la tête sur son épaule.

- Je t'aime ma Dana

- Moi aussi je t'aime Ab'

Danaë était sortie d'hôpital depuis quelques jours, elle était venue dormir chez moi hier soir.
Je lui avais préparé son meilleur plat et je l'avais chouchouté jusqu'au bout des pieds.

Oui je culpabilise. Et c'est exactement ce qu'elle m'a dit de ne pas faire.

Mais je ne peux pas m'en empêcher. Je m'en voulais d'une force.
Elle avait perdu du poids à cause des médocs et de son traitement.

Elle, qui était toujours bien maquillée, bien habillée, j'en étais toujours envieuse, ne le faisait plus.
Elle qui rigolait pour rien et qui trouvait toujours un truc à redire après chaque conversation, n'était plus là.
Et me dire que j'ai inconsciemment contribué à ça me brise le cœur à chaque fois que je la regarde.

Elle savait.
Elle voulait me faire comprendre que ce n'était pas à cause de moi. Ni à cause de personne, c'était juste une accumulation de choses pendant des années qui l'ont amené à effectuer une telle horreur que de ne plus vouloir être de ce monde. Qui est si médiocre et si merveilleux à la fois.

Danaë m'a dit elle-même que la vie est un combat chaque jour, qu'elle veut s'en sortir.
Et que ça lui a finalement fait peur de se voir disparaître de ce monde.
Et que ça n'arrivera plus. Même si c'est vraiment très dur parfois.

Elle me rassure. Ça me rassure. Mais je culpabilise toujours autant.
Ça me passera tant que je la verrais motivée pour juste, vivre.