• trente-neuf •

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Hakim essayait parfois de me sonner pour prendre de mes nouvelles des fois mais il était vraiment claqué, que ce soit le soir ou le matin, ou même dans la journée. Je ne pouvais pas lui en tenir compte, c'était son boulot.


(...)


Fermant le cabinet à double tour derrière moi, je rangeais les clés dans mon sac avant de me diriger vers le parking privé, juste derrière le bâtiment. Je détestais le mois de septembre, c'était trente jours qui te prévenaient que l'hiver arrivait doucement et que le soleil ne ferait plus long feu dans la soirée. Et ce qui m'énervait davantage, c'était qu'il était à peine vingt-et-une heure et qu'il faisait déjà nuit.

Je n'avais rien contre la noirceur du ciel mais le fait que les lampadaires ne marchent toujours pas dans la rue adjacente au cabinet, ça ne me rassurait pas tellement. Surtout qu'à cette heure-ci, il n'y avait plus beaucoup de personne et c'était peut-être qu'une impression mais, c'était comme si je sentais une ombre qui me suivait.

J'avais beau me retourner maintes et maintes fois sur mon trajet, je ne croisais jamais le regard de quelqu'un, juste la rue déserte dans mon dos.

- Y a quelqu'un ? tentais-je quand même en m'arrêtant en plein milieu du chemin, à quelques mètres de ma voiture.

Le silence me tendait sa réponse et je marmonnais mentalement, sujette à des hallucinations compulsives. En même temps, Hakim m'avait confédéré des hormones de stress, à me demander à chaque fois où j'étais et à ne pas vouloir que je me retrouve seule dans des endroits sombres. Il avait peut-être raison en fin de compte.

Je reprenais ma route à peine quelques secondes plus tard et un cri s'étouffait dans ma gorge quand je me retrouvais propulsée contre le mur qui faisait l'angle de mon cabinet. Mon corps tapait contre le crépit, ma tempe s'égratignait avec le frottement sur le plâtre et je geignais en sentant tout mon bras meurtri, me faire mal.

Avant même que je n'appelle au secours, une main se plaquait sur ma bouche et mon dos heurtait douloureusement le mur derrière moi, m'empêchant de crier à l'aide tellement j'avais le souffle coupé. Les yeux grands ouverts et la respiration repartant de plus belle, j'essayais de déchiffrer le visage de la personne face à moi, qui se cachait lâchement derrière un gros bonnet et des lunettes de soleil.

Impossible de voir la couleur de son teint, de ses yeux, ou même une petite caractéristique qui me permettrait de l'identifier, comme un grain de beauté ou une cicatrice. Je ne voyais rien et la peur affluait déjà pas mal dans mes veines.

- Lâchez-moi. articulais-je difficilement contre la peau couverte d'un gant qui m'opprimait.

- T'as pris de mauvais choix dans la vie, de très mauvais. grognait l'inconnu en prenant une voix grave. Je peux pas te laisser t'en tirer comme ça.

- Vous êtes- Vous êtes qui ? mes cordes vocales se coupaient instantanément quand sa deuxième main attrapait mon cou pour me coller encore plus contre le mur. Laissez-m-

- Je serais la plus grosse des merdes si je te fais pas payer ce que t'as fait. J'en ai pas fini, et ton fils de pute de mec me fait pas peur non plus.

- Sûr ? mes paupières se plissaient brièvement à cause de la douleur sur ma gorge. Pourquoi att- Attendre qu'il soit parti pour- Venir me voir ?

La logique des choses voudrait que je me plie à ce que ce potentiel danger me dise de faire mais je n'arrivais pas, s'il m'attaquait alors qu'Hakim n'était pas là, ça signifiait qu'il avait peur de lui. Donc qu'il n'était pas si dangereux que ça.

Après avoir exercé une dernière forte pression sur ma peau, il me lâchait enfin, avant de jeter une enveloppe à mes pieds et de rebrousser chemin en trottinant, enfonçant bien son bonnet sur son putain de crâne. Encore secouée par les récents événements, je me massais le bras ainsi que le cou, avant de cligner des yeux et de prendre de grandes respirées d'air.

𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘢𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳Where stories live. Discover now