Chapitre 7 embuscade

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Sans tarder, les hommes ont repris la route, toujours accompagnés d'Angèle qui n'a jamais été plus loin que Longpont-sur6orge et découvre un paysage qu'elle ignore totalement. Les chevaux prennent un galop rapide mais suffisamment tranquille pour les mener loin, sans les épuiser.

Elle ne comprend pas, visiblement le garçon semble avoir décidé de repartir, arrêtant tout ce qu'il avait entrepris avec les mousquetaires, abandonnant ce rêve qu'il semblait poursuivre ; mais ses compagnons n'ont pas cru ce message. Du moins pas son sens. Où la conduisent-ils ? Ils semblent vouloir rattraper le retard qu'ils ont pris sur la route pour rattraper le jeune homme. Cela lui semble totalement impossible.

Elle n'est pas mousquetaire, elle n'a pas l'habitude de voyager autant, aussi longtemps, ni aussi vite. Son cheval ralentit bien avant les coursiers des trois hommes. Elle craint d'être un poids pour eux, mais ils ne semblent pas s'en soucier outre mesure. Ils alternent les temps de monte avec des temps de marche, pour soulager les chevaux et les dos. Une façon simple et efficace de ne pas perdre de temps.

« Vous pensez qu'il a vraiment tout abandonné comme ça sur un coup de tête ? » demande-t-elle à la ronde, ne sachant trop à qui s'adresser précisément.

« Non. Jamais. Il est parfois irréfléchi et impétueux mais jamais stupide ! » lâche Athos qui semble plus soucieux à voir ses rides sur son front.

« Il n'abandonnerait pas. Pas sans une bonne raison » souligne Aramis.

« Pas idiot » se contente de marmonner Porthos.

Angèle baisse la tête, visiblement, les hommes sont furieux, mais elle ne comprend pas. A qui en veulent-ils ? S'ils sont persuadés que leur ami n'est pas parti comme cela, qu'espèrent-ils trouver là où ils vont ? Et d'ailleurs,

« Où allons-nous dans ce cas ? » finit-elle par oser demander

« Lupiac, en Gascogne » répond sobrement Athos qui se referme aussitôt.

Après une courte pause, à l'ombre des bois, et un maigre repas partagé à la hâte, les hommes reprennent leurs montures. Suivis de près par Angèle qui ne veut décidément pas se montrer faible face à leur détermination.

Athos, de son côté, se concentre de son mieux sur la route. Il la connait bien, trop bien. Cette route qu'il a plus d'une fois parcourue pour retrouver cette partie de la famille, demeurée chez eux en Gascogne. Il se revoit, jeune gamin de 12 ans, à peine, accueilli comme un prince par Françoise et Alexandre. Son oncle et sa tante lui avaient accordé la même attention que s'il avait été leur enfant. Il avait passé des jours heureux là-bas. Il n'avait, à cette époque, que peu fait attention à son cousin, un bambin qui n'avait pas grand intérêt à ses yeux alors. Puis d'Artagnan était arrivé à Paris, le cherchant partout. Il était devenu un jeune homme gracile et efflanqué mais qui semblait doté d'une vigueur et d'une fougue qui lui avaient plu immédiatement. Les nouvelles qu'il avait apporté avaient balayé l'insouciance jeunesse d'Athos, sa tante étant décédée d'une mauvaise épidémie qui avait frappé la région et son oncle venant d'être tué au point qu'il lui avait cherché querelle. Mais le temps avait permis de soigner les blessures et de rétablir la vérité. Et maintenant imaginer d'Artagnan tournant bride à tout ceci lui semblait totalement improbable. Pas avec l'entêtement qui caractérisait le jeune homme. Il s'était forcément passé un événement qui l'avait obligé à agir ainsi. Trois jours déjà qu'ils traversent la France vers ce Béarn qu'il ne pensait pas revoir de sitôt.

Des cris ont stoppé net le train de pensées d'Athos, l'obligeant à réagir, instinctivement et à porter la main à son pistolet.

Des tirs venus des bois qu'ils traversent, des deux côtés de la route, arrêtent le petit groupe. Athos chute lourdement de son cheval tandis que ses amis mettent pied à terre plus vite que leur ombre, tirant leurs épées. Aramis se jette en direction du premier adversaire qu'il croise et son épée parvient rapidement à faire lever celle de l'homme qui l'affronte mais d'un coup de feu, Aramis l'abat, la rapière n'ayant servi que de prétexte à éviter la lame adverse. Il se précipite sur le second homme qui suivait de près et le duel fait crier le fer des épées. Porthos dans un cri guttural et sauvage s'est lancé directement sur l'un des hommes et ayant réussi à le désarmer se met à le combattre à mains nues. Une lutte féroce où chaque coup est rendu, les deux hommes étant de corpulence équivalente, aucun ne semble vouloir lâcher prise.

Complot et KidnappingWhere stories live. Discover now