/🦍/ 200 kilos de muscle

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Pour un livre qui a « Arc-en-ciel » dans le nom, il n'est vraiment pas très joyeux ce bouquin.

Je suis assise sur ma chaise, derrière le bureau de la bibliothèque. Piquée par ma curiosité grandissante et toute cette intrigue autour du fond de ce bâtiment, j'ai commencé à lire ce livre qui serait soi-disant trop difficile à supporter selon mon inconscient. Il y a certes quelques passages gores et violents, mais de là à dire que c'est trop pour moi...

On est jeudi. Enfin, la nuit de mercredi à jeudi. Après être revenue de chez Grand Ours et avoir la bibliothèque avec un peu de retard, Charly m'a invité à une soirée après le travail.

Normalement dans le reste du monde, les soirées ça se fait la nuit. Mais vu que tout est inversé ici, c'est le jour. Ce qui doit être vraiment bizarre maintenant que j'y pense.

Je me dis que ça va me changer les idées. Mais mon côté introverti angoisse à l'idée d'être entourée de personnes que je ne connais pas. Surtout que tout le monde me connait. Tous les yeux vont être fixés sur moi... Pourquoi j'ai accepté moi ?!

Non, du calme Emily. Après tout, tu seras qu'une humaine parmi tant d'autres, personne ne saura–

Mais qu'est-ce que je raconte moi, ils se connaissent tous ! Je serai la seule intrus, donc ça peut être que moi la fille bizarre qui ne se transforme pas ! Surtout que connaissant Charly, elle a dû parler de moi à tous ses potes !

Aaaaah !

Quelqu'un rentre. Cela empêche mon angoisse de continuer de grossir, m'obligeant à me concentrer sur mon travail. Je place un marque-page dans mon livre et le pose dans un tiroir avant de me lever pour accueillir ce nouveau client.

Le sol tremble avant même que je l'aperçoive. C'est une masse noire qui rentre. Mon cœur s'arrête, pensant qu'il s'agit d'un Ohanzee... Mais non, c'est un gorille. Il arrive sur ses quatre pattes, l'air amical, presque enjoué de me voir. Je ne le connais pourtant ni d'Ève ni d'Adam, mais lui semble être venu pour moi.

Dans son dos, en bandoulière, repose un fusil d'assaut. Un énorme fusil d'assaut. Il porte aussi une ceinture avec une sorte de pistolet attaché sur la hanche. Un Américain normal en somme.

Plaisanterie à part, la présence de ces armes me met vraiment mal à l'aise. S'il n'était pas rentré en souriant, je pense que j'aurai commencé à paniquer. Mais il engage vite la conversation pour désamorcer la situation.

« Bonnuit Emily, on n'a pas encore eu l'occasion de se rencontrer. Je suis Daniel, le père de Charly. Et pour me présenter plus en détail, je suis le commandant des Wakizas. »

Sacré morceau. Si je n'arrivais pas à voir sa personnalité sous sa forme animale, je serais probablement terrifiée d'être dans la même salle qu'une créature aussi musclée, capable de me tuer d'un seul coup de poing. Mais derrière ces poils et ces pectoraux prédominants, j'aperçois un homme fort, d'une bonne cinquantaine d'années. Le genre sportif, probablement bien barbu, qui porte toujours des jeans aussi vieux que lui et une casquette avec une marque de pêche sur ses cheveux bruns. Le genre encore bloqué dans la guerre froide et qui vote à droite plus par ignorance que par réelle méchanceté... Je crois que je m'améliore à ce petit jeu.

« Ravi de vous rencontrer Monsieur ! »

Je tends la main par réflexe, mais quand je vois la sienne s'approcher de mes petits doigts blancs, je la recule, persuadé qu'il va me l'écraser s'il ne contrôle pas sa force. Devant son petit sourire, je me ressaisis et lui serre sa main. Je sens bien qu'il pourrait broyer mon crâne et le transformer en une simple pastèque si l'envie l'en prenait, mais pourtant il me touche avec une délicatesse insoupçonnée. Il continue de sa voix grave et posée, installant ses yeux dans les miens.

Là où le diable se terreWhere stories live. Discover now