Chapitre 12 | Juliann

13K 610 151
                                    

Chez les Ronadone
Samedi 7 Octobre
15 : 39

Je serre le volant si fort que mes mains sont devenues blanches. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour me contrôler, être sûr de rouler jusqu'à chez mes parents sans risquer de nous tuer ma fille et moi. J'ai merdé. J'ai grave merdé, et je ne sais pas comment je vais pouvoir réussir à rattraper mon erreur. À travers le rétroviseur, je regarde Inès qui dort à poings fermé. Tant mieux. Je suis à seulement dix minutes de ma maison d'enfance, mais la pluie qui s'abat sur le pare-brise me renvoie encore à ce qu'il s'est passé hier soir.

Chez Juliann
Vendredi 6 Octobre
21 : 38

La tension est insupportable depuis plus de deux semaines. Je ne sais pas si elle le fait exprès, ou si c'est le sort qui se moque de moi, mais je n'arrive plus à résister. À lui résister. Ma queue se dresse dès que je la vois danser dans mon salon, dès qu'elle se mordille la lèvre en me fixant pendant mes cours, dès qu'elle ferme les yeux et gémit en goûtant les plats que je prépare... Et le pire, c'est que je sais que c'est réciproque. Je l'ai remarqué lorsque je l'ai vu serrer ses cuisses en me regardant m'activer aux fourneaux, ou lorsqu'elle arrête de respirer quand je passe près d'elle, et je ne parle pas de son regard de braise qui me rend fou.

J'ai constamment envie de passer ma main dans ses cheveux, de humer son odeur de vanille qui la rend si délicieuse. J'ai envie de caresser chaque centimètre de sa peau, de la vénérer comme elle le mérite. De la faire crier mon nom si fort que...

« Merde !  »

Mon ange interrompt le fil de mes pensées et se précipite pour ramasser le verre brisé en mille morceaux. Elle était assise sur le tabouret, comment a-t-elle réussi à le faire tomber ? Je prends une pelle et une balayette pour l'aider à ramasser, et son odeur vient une nouvelle fois chatouiller mes narines. J'ai voulu de la distance entre nous, mais il faut se rendre à l'évidence, ça n'a pas arrangé les choses. J'ai Ava dans la peau depuis qu'elle a levé les yeux sur moi. Je suis atteint.

«  Je suis désolée, fait-elle en tremblant. Le verre m'a échappé.
— Est-ce que ça va ? Tu trembles.
— Oui. Non ! Non, ça ne va pas ! »

Elle se relève vivement, puis passe ses mains sur son visage, l'air contrarié. Je me lève aussi, jette les morceaux de verre dans la poubelle, puis je la rejoins. Je n'aime pas la voir comme ça.

«  Ne vous approchez pas ! »

Son vouvoiement et le ton qu'elle utilise me font grincer des dents. Elle recule et va agripper le plan de travail pour prendre une grande inspiration. Je ne comprends pas, qu'est-ce que j'ai bien pu faire ? J'ai envie de la rejoindre, mais je me ravise.

«  Qu'est-ce qu'il se passe, Ava ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
— Rien ! s'exclame-t-elle en faisant volte-face. Rien du tout, tu n'as rien fait de mal. Ce n'est pas toi, le problème, c'est moi !
— Je ne comp...
— Je pense à toi tout le temps, Juliann. »

Merde. J'ai l'impression de me prendre un coup de poing dans le ventre. Mon estomac se contracte en réaction à ses mots si francs, si inattendus.

« Mon corps fait... Tout un tas de choses bizarres quand t'es là. Je rêve de toi, je ne pense qu'à toi ! Je n'arrive pas à me concentrer, tout ce que je veux, c'est pouvoir sentir tes mains sur moi... Je ne sais plus quoi faire.
— Tu crois que c'est différent pour moi ?  »

TEACHME [PUBLIÉ SUR KINDLE ET AMAZON LES 14 & 21 JUIN]Where stories live. Discover now