THE NINTH HOUSE- Leigh Bardugo

LA NEUVIEME MAISON(THE NINTH HOUSE)LEIGH BARDUGOEdité chez De Saxus

*Cette revue ne prend en compte que MON avis personnel, et mes réactions en fonction de MES attentes livresques. Il ne s'agit pas de dénigrer le travail de l'autrice mais bien de partager mes impressions en temp que lectrice.

I. Résumé

A 20 ans et après une adolescence chaotique et violente, Alex Stern est l'unique survivante d'un horrible massacre inexpliqué. Sur son lit d'hôpital elle se voit offrir une seconde chance : intégrer la neuvième maison appelée Léthé, en suivant des cours à l'université de Yale. Elle accepte sa nouvelle mission de surveillance des huit maisons magiques de Yale et rencontre Darlington, un autre membre du Léthé qui l'initie aux pratiques magiques et funèbres de la maison.

Son mentor disparu mystérieusement, Alex se retrouve à devoir enquêter seule sur le meurtre d'une jeune fille qui lui rappelle étrangement son ancienne vie.

*SPOIL : les passages suivant contiennent des allusions à certains chapitres et même si je ne trouve personnellement pas qu'ils spoilent, il est important de préciser qu'ils donnent des indications sur l'histoire.

II. Remarques

Positives :

Les personnages du roman sont touchants et complexes, psychologiquement instables pour la plupart, leur morale douteuse nous rappelle qu'ils sont humains et imparfaits. L'effet est réussi : on peut s'y identifier et cela donne de la profondeur à l'histoire puisqu'ils ne se contentent pas de résoudre les énigmes qu'ils croisent, ils dérangent tout sur leur passage.

La plume de Leigh Bardugo est vraiment exceptionnelle, remplie de mélancolie et de nostalgie, elle émeut même dans les passages les plus simples. Les fins de chapitres sont mordantes et les répliques cinglantes. Les mots justes sont employés, quitte à utiliser la vulgarité dans certains cas, ce qui contraste avec la plume soutenue habituelle. Les longs passages descriptifs ainsi que ceux qui se passent uniquement dans l'imaginaire des personnages sont poignants et réalistes.

De plus, le format de retours dans le passé en parallèle de l'histoire est bien utilisé : il crée du suspens et fait une pause dans l'enquête plutôt rapide, l'immersion est totale. Dans le même esprit, de nombreuses allusions à des évènements passés ou à venir sont employées, exemple « Alex pensait encore s'en sortir impunément à ce moment-là » page 19, elles accrochent le lecteur et lui font un véritable clin d'œil (type : Te souviens-tu de ce détail ?) quand elles se vérifient plus tard dans le récit.

Enfin, en ce qui concerne le fond de l'histoire, l'autrice excelle encore une fois avec des choix poignants et réalistes. Tout le passé d'Alex, par exemple, est très bien exploité et les passages en lien avec sa mère sont très utiles et intéressants. En effet l'enfance d'Alex est pleine d'angoisse et ce malgré cette mère dont on apprend qu'elle n'a pas su aider suffisamment sa fille et la protéger de ses démons. Le chapitre 28 laisse penser à une réconciliation et Mira nous apparait plus lucide sur la façon dont elle a élevé Alex. C'est donc sans surprise mais de façon brillante que la jeune femme une fois seule et malgré elle, s'attache aux membres du Léthé, d'abord Darlington qui la prend sous son aile et décide de l'aider à vaincre ses démons sans pour autant la forcer à les lui révéler, puis Dawes qui sans l'envahir l'accompagne dans son enquête. Alex fini par se plaire dans cette routine et le manoir devient sa maison, ses habitants sa famille.

Négatives :

Viennent évidement les remarques plus négatives, aucun roman n'est parfait. Elles ne sont pas nombreuses mais doivent être abordées sans quoi cette revue serait incomplète. En effet, ce roman peut passer pour un « faux » thriller. Dans la mesure où il n'existe pas de « faux » thriller. Seulement, le récit démarre lentement (ça ne me déplait pas mais il faut le préciser) et une fois l'enquête débutée tout s'enchaine très vite. Certaines intrigues mériteraient d'être traitées plus longuement. De plus, l'autrice ne laisse que peu d'indice au lecteur et le dénouement final est impossible à deviner, ce qui en soit n'est pas un problème mais il serait intéressant qu'une fois la fin connue on puisse se souvenir d'indices lus précédemment qui la présageraient. Ce qui n'est pas le cas. Enfin, un passage en particulier m'a dérangé, celui de la vengeance d'Alex vis-à-vis de l'agression de son amie. Bien-sur une réaction était nécessaire mais on ne peut cautionner l'initiative qu'elle prend au chapitre 16. Toutefois ces actes nous font comprendre que sa morale n'est pas sans faille et rendent le personnage encore plus complet.

III. Conclusion

La neuvième maison est un roman que je recommande, sa lecture est agréable, le style est mordant et mélancolique. Bien que la première partie soit un peu longue pour certain, je considère qu'elle est nécessaire et vaut la peine d'être lue. Le roman n'est toutefois pas accessible à tous, et il est important de lire les trigger warning. C'est avec hâte que j'attend la traduction de la suite !