𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘢𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳

• trente-et-un •

- À qui ?

- Mélissa.

- Pas tes affaires Nour. lâchait-elle simplement en remettant ses cheveux bouclés en place à travers le miroir de l'ascenseur. Puis qui t'as dit qu'elle aimait les femmes ?

- Personne mais on lui a pas demandé pour être sûre.

- Et tu ne vas certainement pas le faire, je te préviens.

- Pourquoi ? Depuis que Jida est là, t'arrêtes pas de la chercher du regard.

- N'importe quoi. Cora pouffait de rire en me regardant mauvaisement tandis qu'on sortait de la cabine. Arrête de vouloir faire la cupidon quand même ta vie amoureuse n'est pas au beau fixe, t'es aussi nulle que moi en amour.

- Certes mais on ne parle pas de moi mais de toi.

- Et on va tout de suite arrêter de parler de moi, ce n'est pas le sujet. claquait-elle quand on arrivait devant la porte de la chambre de notre mamie. Tu touches un mot sur Mélissa à Jida et je te promets que je balance que t'as couché avec un mec qui n'est même pas encore ton copain. mes yeux s'écarquillaient devant tant de cruauté de sa part. Je suis née en second, c'est moi l'aînée sœurette.

Alors que j'allais répliquer, elle toquait avant d'attendre que notre grand-mère nous indique d'entrer. On ne l'avait pas prévenu de notre visite, on ne le faisait jamais, rien que pour l'embêter. On l'embêtait depuis qu'on avait exactement sept jours, alors on ne comptait pas s'arrêter maintenant.

- Quoi encore ? la voix soûlée de mamie nous fit pouffer de rire, elle était toujours la même.

- Coucou Jida. chantonnait Cora en entrant en première. Tu vas bien ?

- Vous vous rappelez que vous avez une grand-mère que maintenant ? elle nous dévisageait longuement, vautrée dans son fauteuil. Venez me faire un câlin oui.

Mon visage se scindait dans un sourire alors qu'on étouffait notre mamie à deux, la faisant ricaner difficilement. La maman de notre père était une vraie crème, elle nous adorait, surtout qu'on était ses seuls petits-enfants vu que ma tante, n'ayant pas voulu fonder de famille, préférait se concentrer sur son job. Cora était un peu dans le même objectif qu'elle, à sillonner la planète entière pour son travail tandis que moi, je comptais me créer mon petit cocon familial.

- T'as eu ton plateau dans ta chambre ? demandais-je en fronçant les sourcils, m'asseyant sur le lit de ma grand-mère.

- Oui, je voulais esquiver l'après-midi cartes de Martha, elle m'aurait tanné pour que je les suive si j'étais descendue à la cantine.

- T'es pas possible. rigolait Cora en levant les yeux au ciel. Tu pourrais te faire des copines.

- J'ai Luciane et Alizée, crois-moi que ça me suffit. On aime pas le reste des gens ici, ils sont trop vieux.

- T'abuses, c'est cool les aprèm comme ça non ?

Jida lançait un regard froid envers ma sœur qui se taisait en levant les mains au ciel avant de s'installer à mes côtés. Généralement, on passait pas moins de trois heures ici quand on avait le temps et je ressentais presque le besoin de venir dès que je le pouvais. J'avais l'impression d'avoir délaissé ma grand-mère avant son accident et je voulais vraiment me rattraper un maximum pour qu'elle sache qu'elle n'était pas seule.

C'était souvent quand les gens partaient que l'on se rendait compte d'à quel point ils étaient importants pour nous et je ne souhaitais vraiment pas ressentir ça.