La belle ou la bête ?

Tension et nuit agitée.

Les deux commandants racontaient leurs histoires, plus incroyable les unes que les autres, et Melody rigolait de toutes les mésaventures, ce qui incitait ses deux amis à continuer. « Amis », Melody avait du mal à croire qu'elle en avait maintenant. Ça lui paraissait si irréel, elle aurait pu se croire dans un rêve. Mais ce n'en était pas un. Non, elle ne voulait pas que ce soit un rêve, car tous ses rêves finissaient en cauchemars. Cet instant, elle voulait qu'il dure éternellement. Mais un appel mit fin à ce moment de rigolade, enfin plutôt un grognement, celui de l'estomac d'Ace qui demandait sa dose quotidienne de viande. A l'entente de ce bruit sourd, les trois amis rigolèrent et Marco proposa d'aller manger. Effectivement, ça faisait un moment que l'heure était passée. Les deux garçons partirent devant et Melody les regarda d'un air triste. « Est-ce que j'y ai vraiment le droit ? », pensa-t-elle en baissant la tête. Mais le ventre sur patte qu'était le commandant de la seconde division ne l'entendait pas de la même oreille et se retourna en direction de la nouvelle pour lui demander :

« Pourquoi tu ne viens pas ? Tu manges avec nous n'est-ce pas ?! »

Enfin demander était un bien grand mot, car c'était plus un ordre qu'autre chose. Mais pour la première fois de sa vie, Melody était contente de recevoir un ordre car cela voulait dire que ce moment allait continuer. Elle releva la tête, regarda en direction deux hommes et acquiesça avec un grand sourire de joie. « Sourire », encore une expression qu'elle avait crue bannie de son vocabulaire à jamais. Ils continuèrent de discuter sur le chemin et ils entrèrent dans le réfectoire. Melody fut surprise de l'ambiance et de toutes les personnes qui était présentent. C'était complètement différent des autres fois. Tout le monde rigolait, discutait, chantait comme des bienheureux. Alors c'était ça les pirates de Barbe Blanche. Devant le regard hébété de la brune, Marco s'approcha et lui demanda ce qui n'allait pas.

« C'est juste que je n'aie jamais vu le réfectoire comme ça avant... » Répondit la jeune fille.

« Ah bon ?! Mais pourtant tu as déjà mangé ici non ? » Rétorqua Ace.

« Oui mais en début ou fin de service, pas aux heures de pointes. »

« Ah c'est vrai que ça peut paraître assez impressionnant au début, mais ne t'en fais pas, tu vas vite t'y habituer. » Rassura le phœnix.

« Aller, n'aie pas peur, ils ont l'air un peu rustre comme ça mais ils sont tous très gentil, tu verras ! » S'exclama Ace en la prenant par le bras

Melody tiqua au mot « peur », des images lui revenaient en tête, des visages, des actes... Non elle ne voulait pas revoir ça. Elle tendit ses jambes et poussa brusquement sur ses pieds pour se stopper et stopper par la même occasion Ace qui la regarda d'un air interrogatif. Elle le fixa avec colère et s'écria :

« Je n'ai pas peur ! »

Elle tira un grand coup sur son bras pour qu'il le lâche, et se dirigea vers Marco sans adresser un seul regard vers le second commandant. Il n'y avait plus un bruit dans la salle, et tout le monde regardait Melody et Ace à tour de rôle. Ce dernier ne comprenait pas ce qu'il avait fait pour la mettre dans cet état, il avait juste dit ça pour rire et la dérider un peu mais apparemment il avait fait l'inverse. Il regarda Marco avec interrogation pour lui demander silencieusement s'il avait compris ce changement soudain de comportement mais il lui répondit d'un mouvement de tête négatif. Voyant le malaise qui s'était installé, Satch, qui était ami avec les deux commandants hurla le sourire aux lèvres :

« Et bah alors les gars, vous avez perdu votre langue  ? »

Tout le monde le regarda quelques secondes et chacun retourna à son occupation principale : parler, manger et rigoler, et bien sûr, tout ça en même temps. Marco remercia le commandant de la quatrième division et, avec Melody, ils s'installèrent à la table des commandants, suivit de près par Ace. Le repas se passa dans la bonne humeur, les hommes rigolaient et Melody jouait elle aussi le jeu. Mais il y avait juste une ombre au tableau : la tension palpable entre Ace et Melody, qui snobait complètement le commandant de la seconde division. Le repas se finit et Melody était heureuse d'avoir fait de nouvelles rencontres. Ace au contraire était complètement perdu, il ne savait pas comment réagir. Il n'avait pourtant rien dit de mal, il avait seulement fait une blague. Tous les commandants et Melody sortirent du réfectoire, ils discutèrent un peu sur le pont. Mais la fatigue se fit sentir et ils se séparèrent, chacun retrouvant sa cabine. Ace retourna lui aussi dans sa cabine, réfléchissant encore et encore puis il décida de se reprendre en main plutôt que de se lamenter comme un dépressif. Demain, il lui parlera, oui, il devait le faire le plus tôt possible, sinon ça allait empirer.

De son coté, après avoir prit une bonne douche, Melody était dans son lit, les yeux grands ouverts. Elle s'était pourtant promit de ne pas résister mais c'était plus fort qu'elle, elle ne voulait pas dormir et revivre ces horrible scènes. Pendant qu'elle y pensait, ses yeux se fermaient petit à petit, encore une nuit qui risquait d'être courte.

Humide et froid, c'est tout ce qu'elle sentait. Elle ouvre les yeux, sombre, étroit, c'est tout ce qu'elle voyait. Un bruit, ou plutôt un grincement, des pas, un rire, un visage une intense douleur. Le même scénario encore et encore, cette salle blanche, toutes ses personnes qu'elle s'était promit de faire souffrir au point qu'ils l'implorent de les tuer. En attendant elle subissait tout ce qu'ils lui faisaient, au gré de leurs humeurs. Elle criait, elle les suppliait « S'il vous plait... arrêtez ». Ça n'en finissait pas, elle avait beau faire tout ce qu'elle pouvait, rien n'y faisait, ils continuaient tous les jours, elle n'en pouvait plus. STOP !!!

Melody se réveilla en criant ce dernier mot, oui stop, elle en avait assez de revivre ça. Elle remercia intérieurement Barbe Blanche pour les murs insonorisés et prit le temps de reprendre son souffle et de se calmer. La brune se leva tel un zombie vers la salle de bain. Le reflet que lui offrait le miroir était loin d'être flatteur, encore une fois... Des yeux rouges sang, un teint plus blanc qu'un linge, des valises noires à la place des cernes, que demander de plus... Bon il faut s'y faire, après tout, elle y était habituée maintenant. Elle se mit un coup d'eau sur le visage puis deux, puis trois. Elle se sentait mieux, même si ce n'était pas non plus la joie de vivre. La brune s'habilla en vitesse avec les habits qui traînaient sur la chaise du bureau et sortit de sa chambre. De l'air, de l'air frais, elle avait besoin d'un bon bol d'air frais. La brune courrait dans les couloirs, tournant à gauche, à droite, se rappelant du chemin prit la veille. Elle se retrouva enfin sur le pont vide, et inspira un grand coup pour s'imprégner de l'air marin. Les yeux fermés, elle profita du calme matinal pour s'accouder à la rambarde et ne penser à rien, à part à ses sensations. Le vent qui fit voler ses cheveux, les vagues qui s'écrasent sur la coque du navire ainsi que toutes les personnes présentent sur le Moby Dick. Son père lui avait dit que ça s'appelait le haki de l'observation, et que ça pouvait être très utile en combat mais pour elle, s'était surtout un moyen de se détendre. Mais grâce à ce haki, Melody put sentir que quelqu'un la regardait, quelqu'un qu'elle commençait à connaitre maintenant.