Entre lumière et désespoir (Light Novel)

Chapitre 1 : Flashback

"Tu n'as pas envie de crever ?" "Mizuhara, tu me dégoûtes !" "Va rejoindre ta mère au cimetière !" "Sérieux, tu fais pitié !"

Voici les mots qui ont été écrits sur mon bureau peu avant le début des cours. Les élèves de ma classe me fixent tous d'un air méprisant, alors que je n'ai rien fait. Je n'ai fait de mal à personne, je n'ai même pas demandé à venir au monde. C'est injuste, mais ce monde ne tourne pas rond de toute façon. Tout allait si bien, avant que Yuriko Tanaka n'arrive dans ce lycée. C'est de sa faute... J'essaye tant bien que mal d'effacer les injures mais comme elles ont été écrites au marqueur indélébile, je ne fais que d'étendre la couleur. J'entends des rires résonner.

— Eh Mizuhara, je suis sûr que ça partira plus facilement avec ça !

Takeshi vide sa bouteille d'eau sur mon banc et se sert de mon roman en guise de serviette pour tamponner le tout.

— Oh non, tu ne vas pas te mettre à pleurer ? ajoute Akane.

Tout le monde éclate maintenant de rire. Je ramasse vite mon cartable, cours hors de la classe en me cachant le visage et traverse le long couloir menant à la cage d'escaliers. Je l'emprunte en montant les marches deux par deux jusqu'au toit du lycée. Je viens souvent ici pour être à l'abri des regards, pour ne croiser personne. Quand tout va bien, je poursuis l'écriture de mon roman. Mais cette fois-ci... Cette fois-ci c'en est trop, je ne peux plus endurer tout ça. J'escalade le petit muret qui sert de rambarde au toit et scrute l'horizon, passant rapidement mon regard sur le terrain de football qui fait la fierté de la préfecture. En baissant les yeux, je me rends seulement compte de la beauté des cerisiers mourants qui bordent le lycée. En ce mois d'octobre, ils sont assez fades. C'est un jour idéal pour mourir. J'essuie mes larmes d'un vif geste du bras, prends une grande inspiration, ferme les yeux et laisse mon corps se faire pousser par le vent. Mes pieds ne touchent plus le sol, la cravate de mon uniforme me fouette le visage et les battements de mon cœur s'accélèrent. Je ne peux pas m'empêcher de penser à une chose : si seulement je n'avais jamais rencontré Yuriko Tanaka...

— Désolé Mitsuya...

Alors que le temps paraît figé, je tombe la tête la première... sur le plancher du gymnase.

— Je vous souhaite à tous la bienvenue au lycée de Shizuoka. J'espère que vous avez bien profité de vos vacances pour entamer une nouvelle année du bon pied.

C'est quoi ce bordel ? Il y a quelques secondes, je venais de sauter du toit de l'école. Alors qu'est-ce que je fous dans le gymnase mais surtout pendant la cérémonie de bienvenue qui a eu lieu en avril ? Il débloque complètement le proviseur ! Je vérifie mon portable et à ma grande stupeur, il affiche la date du 4 avril 2022. Lorsque j'ai sauté, je suis persuadé que c'était le 11 octobre.

— Je vais maintenant laisser la parole au Président du Bureau des Étudiants, Shôta Muneyuki.

— Merci beaucoup, Monsieur le Proviseur. Chers élèves, c'est un grand honneur pour moi de me présenter en ce jour devant vous en tant que Président du Bureau des Étudiants. Je jure d'accomplir assidûment la mission qui m'a été confiée, à savoir, faire de ce prestigieux établissement un endroit où il fera bon vivre avec pour valeurs entraide et discipline.

Tu parles... On m'a abandonné alors que j'implorais de l'aide. Je n'étais qu'un pauvre chien errant sur qui le monde avait rejeté la faute. Je déteste ce genre de discours éloquent mais dépourvu d'honneur. On se croirait presque dans de la politique.

— Ensemble, nous allons placer une nouvelle pierre à l'édifice qui construira nos vies. Nous sommes l'avenir de notre pays et nous devons nous montrer dignes de reprendre le flambeau de nos prédécesseurs.