Class Codes - Ancienne Version

35 ⚜ Sort of pain

C'est là que ma sonnerie se met à retentir et je soupire en levant les yeux au ciel.
Je coupe le gaz et me dirige vers le boîtier électronique à côté de ma porte.

"Bonjour. Ici Cassidy.

-Mademoiselle Wallace, vous avez de la visite. Déclare la vieille.

-C'est de la part de qui?

-C'est un jeune homme, brun, il souhaite entrer, mais il n'a pas sa carte d'identité sur lui".

Merde.
C'est Jarvis, il doit s'inquiéter car je n'ai pas répondu au téléphone.
Mais je ne veux absolument pas le voir.

"Vous voulez venir contrôler? Questionne t'elle.

-Pas la peine, je sais qui c'est. Ne le faîtes pas entrer. Je suis occupée. Dîtes lui avec délicatesse.

-Très bien. Pardon pour le dérangement et joyeux anniversaire mademoiselle.

-Merci".

Je coupe la liaison et retourne terminer ce que je me préparais à manger.
J'augmente de nouveau le volume de la musique pour essayer de ne plus penser à Jarvis.

Cette omelette était immonde, trop cuite, trop sèche.
Mais je l'ai quand même mangée, je me suis forcée, car mon corps avait besoin d'ingérer autre chose que de l'alcool.

Je retourne dans ma chambre et m'assois devant mon miroir pour retirer mes bigoudis.
Mon téléphone sonne, c'était encore Jarvis.

Bon sang, il n'arrêtera donc jamais?!

Je grogne et raccroche de nouveau.
S'il ne peut pas comprendre et se mettre dans la tête que je suis contrariée et que je ne risque pas de lui adresser la parole, alors je ne peux plus rien pour lui.

Lorsque je contemple ma chevelure soyeuse et toute bouclée, le sourire me revient aux lèvres.

J'adore.

J'applique quelques crèmes sur mon visage et décide de rester au naturel aujourd'hui.

De toute façon, je ne compte absolument pas sortir de chez moi.
Pas après ce qu'il s'est passé.

J'aurais l'impression à tous les coins de rue, que tout le monde me dévisage, que tout le monde est au courant de ça.

C'est mon putain d'anniversaire, et je suis bien plus heureuse toute seule, en train de m'occuper de moi.

J'entend un petit bruit sourd provenant de mon balcon et je tourne la tête, distraite.

Il ne se passait rien dehors.
J'ai dû rêver.

Je me lève et ajuste mon short en soie en soufflant sur mes mèches de cheveux.

En coulissant la porte de la baie vitrée, l'air frais vient me caresser le visage et ça me faisait du bien.

Je m'appuie contre le rebord et fixe le paysage calmement.
J'aime beaucoup me mettre là, de temps en temps, c'est apaisant, ça me calme.

Le soleil était légèrement de sortie, ses rayons venaient se poser sur ma peau pour me réchauffer.

Je ferme les yeux et inspire un grand coup avant de vider mes poumons complètement.

Ça ira mieux demain Cassy.
Tu verras.

Combien de fois me suis-je dit ça?
Combien de fois me suis-je trompée?

Peu importe.
Ça n'a plus d'importance.

Lentement je me penche vers le bas sans ouvrir les yeux.
Je pouvais sentir la barrière en marbre sous mon corps, qui devenait de moins en moins protectrice.

Je vais tomber.

Quel terrible accident, le jour de mes dix neuf ans, une tragédie...

J'imagine déjà les grands titres sur les journaux, les magazines, le discours de mon père dans les années à venir.

Dommage que je ne sois pas là pour y assister parce que ça m'amuserait de les voir se comporter tous comme des hypocrites.

Mes cheveux se prennent dans le vent et mes pieds ne touchaient déjà plus le sol du balcon.

C'était si étrange, je ne ressentais aucune peur, j'avais même envie de sourire.

Suis-je folle?

Je vivais cet instant en ralenti, tel un film de cinéma.

Au moins, avant de fermer les yeux, je me souviendrai de cette vue imprenable d'Oxford, de cette odeur d'arbres, de fleurs, de cette chaleur mélangée à cette fraîcheur printanière...

Quel beau tableau.

Dommage que je le gâche de cette façon.

C'est là que je sens deux bras m'attraper, et c'était tellement soudain que c'en était violent.

Mes yeux s'ouvrent et je fixe le vide en dessous de moi.
Quelqu'un était en train de me tenir fermement pour m'empêcher de le rejoindre.

Mon cœur se met à battre plus fort quand je réalise ce que je venais d'essayer de faire.

Cette fois je ferme les yeux pour de bon et perd connaissance.