Class Codes - Ancienne Version

30 ⚜ Where you been

C'est le mieux à faire.

Je le sais.

Cependant, Jarvis est ce genre de personne qui vous laisse penser que vous allez être heureuse avec lui, finalement, au bout de quelques jours il oublie totalement qu'il est en couple.

Ça fait longtemps que je me suis rendue compte de ça, je l'ai même déjà dit à mes parents, mais ils ne veulent rien entendre.

Pour eux, c'est seulement "des sottises adolescentes", ils pensent que lorsque Jarvis sera adulte et marié, il se tiendra mieux avec moi.

J'attends de voir.

Parce qu'il a déjà dix huit ans et je ne vois aucun changement dans son caractère depuis ses quinze ans.

Mais apparemment, ce n'est pas un argument valable pour rompre les liens avec sa famille, car ce sont de bonnes personnes avec une très bonne éducation.

Mon œil.

En arrivant à l'aéroport, je me présente à l'accueil pour réclamer le jet privé que mon père m'a envoyé tout à l'heure.

J'ai à peine une heure de trajet jusqu'à Paris, mais il tenait à ce que je sois entre de bonnes mains dans son avion à lui.

Quand j'y pense, c'est vrai que je n'ai jamais pris aucun transport public dans ma vie. Même pas un bus...

J'ai tellement l'impression, aujourd'hui, d'être isolée des gens par ma richesse.

Pourtant, avant ça me donnait confiance en moi, je me rassurais en me disant que j'étais au-dessus de ces gens.

Maintenant, je me sens seule, je voudrais être populaire sans avoir à être une riche pétasse.

Une femme de l'aéroport me conduit jusqu'à la porte d'embarquement de mon jet et me souhaite un bon voyage lorsque j'entre à l'intérieur.

Je m'installe sur une grande place et y dépose mes deux sacs.

Mon chauffeur avait déjà déposé ma valise en soute.

Les deux pilotes viennent me saluer avant le décollage et je leur souris agréablement car ça faisait un bon moment que je ne les avais pas vus.

Lorsque je peux enfin me détacher après le décollage, je sors mon ordinateur portable de mon sac et travaille longuement sur une dissertation à rendre la semaine prochaine.

D'habitude, je ne fais qu'écouter de la musique en attendant l'atterrissage, mais encore une fois, j'essaie de changer mes mauvaises habitudes.

Et puis, si je ne fais pas ce devoir maintenant, je ne le ferais pas, j'aurais trop la flemme.

Je le termine plutôt rapidement et commande un verre de champagne à l'hôtesse de l'air.

En fait, je voulais de l'eau, mais ils n'avaient que du champagne, encore une putain de tradition de riches inutile.

Lorsque l'avion atterrit enfin à Paris, mon père et mon frère m'accueillent à l'extérieur de l'avion.

J'arbore mon plus faux sourire dans leur direction et me dirige vers eux.

"Cassy enfin! Qu'est ce que..."

Je marque une pause dans ma démarche en voyant mon père s'exclamer.

"Qu'y a t-il?" Demandais-je en fronçant les sourcils.

Je place mes lunettes de soleil sur mon nez pour les voir mieux.

Mon père claque du doigt auprès de son homme de main et il me débarrasse de tous mes sacs.

Ah oui, j'ai faillis oublier...

Ce n'est pas à moi de porter mes bagages.

Il y a vraiment trop de choses à savoir, ma tête va finir par exploser.

"Oh merci. Je..."

À ce moment-là, je me suis demandé ce que je devais dire pour que mon père ne me dévisage pas en colère avant de me faire la morale.

Puis à force de me creuser le cerveau en moins d'une seconde, je finis par me souvenir de ma façon d'être pour plaire à mon paternel.

"Franchement... Tous des incapables! Je suis obligée de me coltiner mes sacs, quand même... C'est un monde!"

Je fais mine d'être essoufflée et énervée et mon frère ricane.

"En ce moment, ils prennent trop de liberté. C'est dingue.

-Je baisserai encore leurs salaires". Déclare mon père en croisant les bras.

J'allais sortir mon téléphone de ma poche pour enlever le mode avion et vérifier que je n'avais pas de messages depuis le décollage, mais je me rappelle en le saisissant qu'il est entièrement fissuré, et je n'avais clairement pas envie d'expliquer à mon père qu'une voiture m'a renversée avant de s'en aller à toute vitesse.

Je le remet donc dans ma poche discrètement et me place face aux deux hommes de ma famille.

"Bonjour Daddy! Souriais-je.

-Bonjour Cassidy. Comment s'est passé le voyage ?

-Oh très bien. Je n'ai pas vu le temps passer... Le champagne était délicieux.

-Jarvis n'est pas là?"

Je ravale difficilement ma salive et inspire un bon coup avant de répondre.

"Non. Il n'a pas pu se joindre à nous. Il s'en excuse platement, mais il avait déjà un grand tournoi de football prévu depuis quelques mois, cela fait longtemps qu'il s'y prépare.

-Un tournoi de football?"

Je ferme les yeux en attendant la sentence finale.

Soit, il a compris que je mentais.

Soit, il a gobé mon mensonge.

Tout se jouait maintenant.

"Pff... Quand même... Depuis quand le sport passe avant sa femme? Rétorque mon frère.

-Eh bien. Qu'il fasse. Ce n'est pas bien grave. Pour une fois qu'il manque à l'appel, ça te donnera l'occasion de rencontrer d'autres personnes plutôt que de rester avec lui". Conclut mon père.

Je souffle de soulagement en me recoiffant.

"Bien. Votre mère est à l'hôtel. Ne la faisons pas plus attendre".

On hôche la tête et mon père ouvre la marche jusqu'à notre limousine.

De nombreux journalistes nous bombardent de flash à la sortie de l'aéroport et les vigiles m'encerclent pour que je puisse atteindre la portière.

Depuis mon retour, les journaux télévisés et les magazines ne parlent que de moi.

Chacun invente une histoire, ou reprend mes mots en les modifiant.

De toute façon, au final, personne ne connaît la vraie version des faits.

Et personne ne la connaîtra jamais.

J'ai décidé, que je ne le dirais pas.

Cette histoire, c'est la seule chose que je partage avec Kyle, et je veux la garder en moi, presque comme un souvenir.

Malgré toutes les mauvaises passes, mes problèmes cervicaux, sa mauvaise humeur...

Je n'avais jamais passé autant de bons moments avant de le rencontrer.

Et depuis je me sens vivre, pour de vrai.