Class Codes - Ancienne Version

17 ⚜ Things can change

-Ah oui".

Il attrape un morceau de coton dans un tiroir et essuie le sang sous mon nez.

"Ça fait plusieurs fois que je remarque que tu ne manges pas grand chose... Par exemple, hier soir tu as à peine touché à ton assiette. En plus j'avais fait des spaghettis..."

Des spaghettis ?

Quelle importance?

Je n'ai pas faim, un point c'est tout.

Que ce soit des pâtes ou un gâteau au chocolat c'est pareil.

Je me contente de hausser les épaules en faisant mine que ce n'était pas plus grave que ça.

"Ah bon? C'est juste que je n'ai pas trop faim en ce moment mais... Ça va revenir..."

Il beugue quelques secondes et finit par froncer les sourcils.

"Revenir ?"

Il arrête de me tapoter le visage avec son coton et le pose sur le côté.

Je n'étais toujours pas à l'aise avec sa proximité, et je ne voyais pas pourquoi il se tenait aussi proche de moi d'ailleurs.

J'étais obligée de tenir mon peignoir contre moi et c'était vraiment le pire moment pour discuter.

Apparemment il s'en fout.

J'imagine qu'il doit souvent avoir des conversations spirituelles avec ses putes après une bonne baise.

Mais premièrement, je ne suis pas une pute, et deuxièmement je ne veux pas avoir de conversation spirituelle avec lui.

Et puis il pourrait très bien attendre que je m'habille pour me parler.

"La dernière fois que tu as voulu minimaliser quelque chose, t'as fini à l'hôpital et c'était hyper grave. Se fâche t'il.

-Oui mais ça n'a rien avoir avec ce dont on parle.

-Non. Mais si tu minimalises absolument tout dans ta vie, on n'est pas sortis de l'auberge".

Je me pince la lèvre inférieure et fixe le sol en réfléchissant.

Il est vrai que j'ai tendance à régresser la gravité de certaines choses.

Comme par exemple, quand Rachel est arrivée en pleurs en disant que son ex l'avait violée et que je lui ai répondu qu'elle en faisait tout un plat pour pas grand chose parce que de toute façon il l'avait déjà enculée une dizaine de fois avant.

En prenant du recul, je me rend compte que je n'aurais pas aimé que ça m'arrive, même avec un mec que je connaissais bien.

Peut-être que je commence à avoir une part d'humanité.

Je n'en sais rien...

Bref, il m'est déjà arrivé de rire lorsque l'on m'annonçait la mort de quelqu'un.

Je dois avouer que Kyle a raison sur ce coup-là... Je suis bien trop détendue en ce qui concerne les choses graves.

Enfin...

C'est mieux que d'être paranoïaque...

"Ouais... Peut-être..."

Il déverrouille son téléphone.

"Il te reste exactement un mois et demi à passer ici... Essaie de... Je sais pas... Relativiser ?"

Je me met à rire.

"Non sans blague. Au lieu de chercher un moyen de t'enfuir et de te prendre la tête... Fais comme si t'étais en vacances avec un super beau gosse - moi - et quand tu rentreras tu pourra jouer la comédie et pleurer toutes les larmes de ton corps en faisant croire que t'as passé un mauvais moment".