- J'avoue m'être emporté.

- Emporté ? Juste ça ? un sanglot éclatait dans ma gorge, il ne pouvait pas prendre la situation avec autant de recul. J'ai fini à l'hôpital avec deux points de suture par ta faute.

- Tu as perdu l'équ-

- Je sais très bien ce qu'il s'est passé alors arrête de me mentir putain ! Assume que tu me fais du mal !

- Alors si je te fais du mal pourquoi tu restes hein ?! c'était à son tour de hausser la voix sur moi et je me détestais pour en avoir sursauté. Tu te plains, tu te plains mais en attendant, c'est toujours moi que t'attends sur le canapé en rentrant ! Tous les cadeaux que je te fais pour m'excuser, tu les acceptes bien et tout ça, sans broncher ou lever un doigt ! T'es vraiment ce genre de meufs à se prendre deux coups, à pleurer sur le moment et à tout oublier après !

Au fur et à mesure qu'il parlait, au fur et à mesure qu'il s'enfonçait, j'observais toutes les qualités de l'homme que j'avais tant aimé, se faner comme une fleur où l'on décrochait lentement les pétales. Mon coeur me faisait un mal de chien, pire que lorsqu'il m'avait insulté, pire que lorsqu'il m'avait poussé, pire que lorsqu'il m'avait frappé.

Je n'étais même plus en colère contre Allan, j'étais juste déçue, je m'en voulais d'avoir rencontré ce gars.

- Putain, regarde ce que tu me fais dire. grognait-il dans sa barbe en passant sa main dessus, avant de daigner baisser ses yeux sur moi. Je voulais pas m'exprimer comme ça. C'est la pression, je suis sûr que tu la ressens toi aussi.

Pas au point de rejeter la faute carrément sur l'autre.

- Ouais... murmurais-je honteusement, je m'en voulais de m'aplatir face à lui à chaque fois.

J'étais faible, c'était pour ça que je restais, je n'avais ni la force physique, ni la force mentale pour répliquer et me sortir de ce terrain miné que représentait ma maison. Je ne m'y sentais même plus à ma place et c'était terrible comme sentiment, avoir l'impression d'être une étrangère au sein de son propre foyer, c'était affolant.

Je ne pouvais remercier qu'une personne pour le coup. Moi.

- Allez lèves-toi, j'ai envie de t'emmener manger au restaurant, l'un des derniers avant que tu ne deviennes madame Jovert.

Un sourire crispé au visage pour ne pas faire ma reloue, j'acceptais à contre-coeur la main que me tendait Allan afin que je me relève. Je n'arrivais même pas à pouffer de rire quand il tapotait gentiment ma fesse pour en enlever la poussière qui était dessus alors que d'ordinaire, j'aurais râlé ironiquement en lui demandant d'arrêter, n'attendant que qu'il continue.

Or là non, je préférais ne rien faire pour qu'il ne s'emporte pas et qu'il ne poursuive pas ses enfantillages. Ça devenait de plus en plus compliqué à gérer.


(...)


- Nour, je peux entrer ?

Sans lever les yeux de mon écran, j'autorisais Célia à prendre ses aises et c'était ce qu'elle fit très rapidement d'ailleurs, en se posant confortablement sur le canapé de mon bureau.

- Tu finis dans combien de temps ? me demandait-elle en baillant lourdement.

- Dans une heure environ.

- Ça te dit qu'on se fasse un petit truc ce soir, genre un bowling et tout ?

- Ouais, de ouf. déclarais-je avant de m'autoriser une petite pause, laissant tomber mon dos contre le dossier de ma chaise à roulettes. Tu racontes quoi de beau toi sinon ?

𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘢𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳Where stories live. Discover now