MY LORD | • Loki Laufeyson •

COMPASSION

- Laurent...

La voix de Liv était lointaine, étouffée... Loki l'entendait sans vraiment comprendre les paroles que prononçaient sa femme. Il était parfaitement immobile. Le Dieu était tombé à genou sur le sol froid et n'arrivait pas à détacher ses yeux de ses mains. Il tremblait de tout son être, incapable de se reconnecter à la réalité. '

Qu'avait-il fait...?

Il y avait encore quelques minutes, il se sentait léger, apaisé. Il avait passé un moment avec Odin et il avait réussi à rester calme, écoutant ce que le Père de toute chose avait à lui dire, et il avait été attentif à toutes les règles qu'Odin avait énumérées et qui dictaient à présent sa vie au Palais... Et surtout, il les avait acceptées... Pour être en paix... Pour Liv et pour Máni... Pour offrir à sa famille la vie qu'elle méritait, loin des intrigues politiques Asgardiennes...

Après qu'Odin ait accepté de le laisser tranquille, Loki avait rejoint les appartements de sa mère. Il devait simplement passer récupérer Máni mais la Reine Frigga l'avait retenu un petit moment trop heureuse de passer du temps avec son fils et sa petite-fille réunis. Cet élan de tendresse avait réchauffé le cœur du Prince et, après plusieurs minutes, il avait réussi à se détendre complètement, redevenant le petit garçon qu'il avait été jadis.

Frigga avait proposé à son fils une tasse de thé et elle l'avait aidé à rentrer dans une forme de méditation, apaisant les maux qui faisaient rage dans son corps. Elle avait cherché au plus profond de son être la partie Jotun qui sommeillait en lui. Loki avait ainsi passé une grande parie de l'après-midi à tenter de contrôler la part de lui qu'il détestait le plus au monde. Il avait réussi à se maitriser en présence de Liv mais il savait que cette victoire était encore trop fragile et il était hors de question qu'il mette la vie de qui que ce soit en danger. Ainsi, il avait reproduit avec application tout ce que Frigga lui avait dit de faire et il était parvenu à enfermer mentalement l'animal. La séance avait duré longtemps si bien que lorsque le Dieu était revenu à lui, il s'était sentit vidé de toute énergie.

Épuisé, il s'était empressé de rejoindre ses appartements avec Máni où il avait hâte de se reposer en compagnie de Liv. En arrivant, il avait pensé que sa femme n'était pas encore de retour et, le bébé s'étant endormie pendant le trajet, il avait directement été la déposer dans son berceau.

Tout était ensuite allé si vite... Loki n'avait pas tout de suite compris ce qu'il se passait. Ses yeux s'étaient posés sur Liv et aussitôt une onde de chaleur s'était propagée dans tout son corps, électrisant chaque pore de se peau. Puis, ses yeux avaient rencontré ceux de l'homme qui accompagnait son épouse. Ses yeux... Il les aurait reconnu entre mille et un frisson avait parcouru son être alors qu'il avait ressenti comme la pointe d'un poignard s'enfoncer dans son coeur. En une fraction de seconde, des sentiments contradictoires s'étaient entrechoqués dans son corps. De la tristesse, du regret, de la culpabilité... Et de la colère...

À l'instant même où la fureur avait envahi sa tête et son coeur, Loki avait commencé à perdre pied. Il avait tenté, de manière totalement désespérée, de rassembler le peu d'énergie qu'il lui restait pour garder son calme. Mais la bête en lui était trop féroce et trop désireuse de s'échapper de sa camisole imaginaire. Il s'était jeté sur Laurent...

Laurent...

Il l'avait regardé droit dans les yeux alors que ses mains se serraient de plus en plus fortement autour de son cou. Il avait vu la peur dans son regard et ses larmes couler sur ses joues. Il avait entendu Liv lui hurler d'arrêter... Et il avait essayé... Il avait essayé de toutes ses forces...

Jamais il n'aurait fait autant de mal à Laurent de son plein gré mais il ne se contrôlait plus. La rage et la douleur qu'il ressentait étaient bien trop fortes et trop difficiles à supporter. Il s'était retrouvé complètement à la merci de ses démons et il avait voulu faire souffrir Laurent autant qu'il souffrait lui-même alors qu'il n'en avait jusqu'à présent pas eu conscience.