Deuil

Cinq ans

Cinq ans. Mille huit cent vingt-cinq jours que maman n'est plus avec nous. Emma est en terminale et moi j'ai obtenu mon bac, j'aurais aimé que maman soit là et me félicite de tout ça, je me doute que là-haut elle reste fière de moi mais j'aurais aimé qu'elle me le dise de vive voix.

Ça fait maintenant deux ans que je vois ma psy, elle m'a vraiment aidé et continue toujours de m'aider.

Je commence à relever la tête. Je m'éloigne du fond de l'océan pour me rapprocher de la surface.

J'essaie de plus en plus à re vivre et à essayer de me créer de nouveaux souvenirs sans maman. C'est dur car en vivant ma vie, j'ai l'impression de l'oublier alors que ce n'est pas du tout le cas.

Cette année je ne vais plus à l'école, mes dernières années scolaire ont été catastrophiques et puis je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie.

Papa m'as dit que si je n'allais plus à l'école il fallait que je l'aide et que je trouve un petit travail. Au fond je pense que ce n'est pas tant pour avoir de l'argent en plus à la maison mais pour ne pas que je me renferme une nouvelle fois dans ma bulle, que je ne sorte plus de la maison en ne faisant que de penser à maman.

Aujourd'hui nous allons la voir pour ces cinq ans sans elle, c'est vraiment difficile mais heureusement que j'ai la psy avec moi.

"Maman, je me doute que de là où tu te trouve tu veille sur nous tous. J'aimerais tant que tu sois là pour entendre une nouvelle fois le sons de ta voix, sentir tes bras qui m'entourent fort quand je ne vais pas bien, sentir tes bisous sur ma joue pour me souhaiter une bonne nuit, je voudrais encore tellement vivre de choses avec toi. J'ai l'impression de t'oublier par moment, je ne sais plus quelle était ton odeur, ton rire, ta joie de vivre, ta bonne humeur, toi finalement. Papa est là pour nous mais c'est différent, tu nous manques maman. Je t'aime."

Je laisse la place à Emma et cette année j'arrive à ne pas pleurer. Chaque année je déverse des litres de larmes comparé à papa et Emma et pour une fois, cette année j'arrive à me calmer.

Au moment de quitter maman, quand je me retourne pour rejoindre le chemin qui mène à la sortie, je sens comme une caresse fraîche sur ma joue. Je suis sûre que c'est maman, il n'y a qu'elle pour être délicate comme ça. Je laisse une seule et unique larme couler, c'est la première fois que maman me montre qu'elle est là, avec nous.

- Chloé ?, ma puce tu viens ?

- Oui.

Je rejoins papa et Emma plus loin, quand j'ai sentie maman j'ai arrêté d'avancer. Je voulais profiter de sa présence. J'aurais pu rester des heures comme ça à la sentir si proche de moi.

- Ça ne va pas ma puce ?

- Si papa, ça va même bien, vraiment bien. Je réponds en souriant.

Je n'es tellement plus souris comme ça ces dernières années que mes joues m'en font mal. Mais je m'en fiche, je suis heureuse maman est toujours la près de moi, de nous et ce, pour toujours, à chaque moment de ma vie.