- Non, non. Elle est là ?

- Qui ça ? Nour ?

- Euh... Ouais ? je la dévisageais furtivement, ça me paraissait logique.

- Oh oui, évidemment, je suis trop bête. un fin sourire venait esquisser ses lèvres tandis qu'elle se rasseyait bien sa chaise. Il me semble qu'elle était encore là mais elle est sur le départ par contre. Il est un peu tard pour des conseils avec son avocat. j'me retenais de répliquer à son presque sous-entendu chelou.

- J'sais, ce sera pas long.

- Je vous en prie.

Elle me pointait du doigt le couloir où se trouvait le bureau de sa pote, gardant ses yeux sur son PC. Ne me faisant pas plus prier et, surtout, pour éviter son p'tit regard en coin qui voulait dire trop de choses, je m'empressais d'emboîter le pas en direction des locaux de mon baveux. Il était presque sept heures du soir et j'avais vraiment stressé à l'idée que Nour soit déjà partie.

J'savais même pas ce que je foutais là, j'étais dans le coin depuis le début d'aprèm' pour traîner avec des collègues et, au lieu de rentrer direct chez moi, j'avais voulu faire un arrêt chez maître Kassab.

Plus je me rapprochais de son espace clos et plus la lumière de la pièce se faisait réfléchir sur le sol du couloir, elle était toujours là. Au fur et à mesure, j'commençais à discerner plus de choses, comme le bruit des papiers qui se froissaient, les classeurs qui se fermaient et l'écho que faisaient les doigts de la brune quand ils frappaient son clavier.

Je connaissais Nour comme quelqu'un de très pointilleux, de très méticuleux. Elle aimait quand tout était bien rangé et à sa place, et ça sentait toujours bon. Même elle, elle sentait bon en général. Une vague odeur de lilas qui me faisait du bien aux narines à chaque fois.

Puis, quand j'arrivais enfin devant sa porte, j'me retenais au dernier moment de taper dessus, vu qu'elle était ouverte, et je découvrais ainsi mon avocate, le nez dans son ordinateur. Elle tapait à une vitesse ahurissante, trop absorbée par ses écrits pour remarquer ma présence. Du coup, délicatement, je me raclais la gorge avant de donner deux petits coups sur le bois de la chambranle.

- Oh, Hak- Monsieur Akrour. Nour sursautait avant d'enlever ses lunettes de vue et de croiser ses bras sur son bureau. Nous n'avons pas de rendez-vous non ?

- Ouais, ouais, j'sais t'inquiètes.

- D'accord. elle me regardait un peu plus en détail, avant de reposer son regard sur son écran. Un soucis ?

- J'voulais savoir si tu- Vous, enfin bref, si tu voulais boire un truc avec m-

- Merde, attends excuse-moi.

Fermant direct ma bouche, je fixais juste Nour qui levait un doigt pour clairement me faire signer de la boucler, avant qu'elle n'attrape son portable sur son bureau et qu'elle décroche. Sans rien dire, je la suivais du regard et, j'avalais même de travers quand elle se levait de sa chaise, me laissant découvrir sa tenue.

Je la connaissais comme une femme très coquette et, du peu que j'avais vu, elle était bien du style à être toujours habillée correctement, elle portait toujours une chemise rentrée dans un pantalon à pinces. Mais là, Nour avait changé sa marque de fabrique pour se doter d'une robe pull qui descendait jusqu'à ses genoux, suivie de bottines qui devaient lui tenir chaud.

Elle était très belle.

- Oui Allan, attends encore dix minutes s'il te plaît... Je sais mais j'ai eu du retard avec de la paperasse... Promis, je me dépêche... Moi aussi je t'aime, à tout de suite. Nour finissait par raccrocher son appel, son bras se saisissant déjà de son long manteau qu'elle posait nonchalamment sur ses épaules. Désolée Hakim, tu me disais quoi ?

Ses yeux se ré-aimantaient aux miens et j'sentais monter une bouffée de chaleur intense me prendre tout le corps, tandis que Nour me regardait simplement, la tête légèrement penchée et les sourcils froncés.

- Ah rien, j'venais juste voir si y avait du nouveau sur l'affaire ou... Si t'avais trouvé un truc. Un délire dans l'genre.

- Oh je vois. elle retournait à son bureau en réajustant bien les manches de son manteau, perchée sur ses petits talons.

Cette nana avait vraiment la classe en elle, c'était limite inné.

- On en parlera ensemble pour ton prochain rendez-vous mais j'ai sûrement une piste à suivre pour étoffer un peu ce que je possède déjà. déclarait mon avocate en relevant son regard souligné par un trait de crayon, sur ma personne. J'ai pas trop le temps pour faire ça, je m'en excuse monsieur Akrour.

- T'as pas à t'excuser t'inquiètes, c'est en dehors de tes honoraires, j'respecte. Mais arrête de me vouvoyer juste s'te plaît. un sourire venait esquinter mes lèvres devant le rougissement de ses joues. On a presque le même âge, tu pourrais être ma pote ou ma sœur.

Ou autre chose.

- C'est compliqué pour moi de tutoyer des clients, ça rend l'affaire moins pro je trouve.

- Et moi j'préfère quand tu me considères comme un humain et pas un robot, ça m'dérange pas hein.

- Bon très bien, j'essaierai de m'améliorer alors. me promettait-elle tout en éteignant son PC avant d'empiler les classeurs sur son bureau pour les poser dans un coin. Tu passes au mauvais moment, je comptais y aller moi. ricanait-elle avant de récupérer son sac qu'elle faisait passer autour de son cou.

- Ah merde, désolé... Tu veux qu'j'te ramène ?

- Mon copain m'attend dehors pour m'emmener manger, mais c'est très gentil de ta part Hakim.

La mâchoire serrée, je laissais mon avocate poser sa main sur mon épaule avant de me taper la bise, gorgeant mon sweat de son parfum à la lilas qui commençait à s'imprégner de trop à mon odorat, jusqu'à ce que j'en apprécie les nuances aromatisées de son parfum. Finalement, je suivais simplement Nour jusqu'à la sortie de son cabinet, nous faisant arrêter au passager par sa secrétaire qui avait un énorme sourire au visage.

J'comprenais pas trop d'où venait leur excitation et en réalité, j'avais pas trop envie de leur demander ce que c'était, j'avais bien trop peur de mal interpréter la situation. Du coup, je me séparais ainsi de Nour, sans grande cérémonie, elle qui partait d'un côté du trottoir et moi, de l'autre, avec un simple "à demain" pour phrase d'adieu.

Et en réalité, j'avais eu raison sur l'origine de l'engouement des deux jeunes femmes cette soirée-là, Nour était venue le lendemain avec un gros caillou au doigt avec lequel elle narguait sa copine.

Elle était fiancée.


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coucou j'espère que l'histoire vous plaît toujours !!

en tout cas rebelote, à demain :)

𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘢𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳Where stories live. Discover now