Le mystère de Poudlard tome 2

Chapitre 6 : Hugo Turner

Un jeune garçon aux cheveux d'un noir de jais était affalé dans un fauteuil en cuir, le regard posé sur un livre, dans les sombres cachots de Poudlard. Ses yeux étaient semblables à deux diamants, deux perles qui brillaient dans la pénombre. Ses cheveux étaient légèrement en bataille, sa cravate mal nouée et ses jambes négligemment étendues sur le tapis. Il était plongé dans la lecture d'un livre de Quidditch offert par sa sœur il y a plusieurs semaines, lui qui était si avide de pouvoir un jour pratiquer ce sport. Mais il fallait se rendre à l'évidence, il ne savait pas voler et participer aux sélections était comparable à se jeter de la tour d'astronomie. Peu importe le poste dont il rêverait, c'était impossible de faire partie de l'équipe de Serpentard. Il soupira et regarda sa montre d'un air absent, les sélections étaient dans plusieurs heures mais il ne trouvait pas le sommeil. C'était pareil depuis la rentrée, chaque nuit il se réveillait aux alentours de cinq heures et il lui était impossible de refermer l'œil, alors il passait ses matinées dans la salle commune, à rattraper son sommeil dans les livres. Il faisait toujours le même cauchemar, et chaque fois il avait l'impression que c'était réel, trop réel. Une affreuse créature plantait ses griffes dans son estomac et lui ôtait la vie, et chaque fois le cri de Hugo se perdait dans le vide, il était seul. Il pensait que ses cauchemars étaient terminés mais revenir à Poudlard l'avait affecté plus qu'il ne voulait l'admettre. Il aurait tout fait pour tout recommencer à zéro, et ne jamais avoir été envoyé à Serpentard. Mais il ne parlait à personne de ce stress et de ces rêves qui le suivaient partout, il avait trop honte d'avouer ses faiblesses et il ne voulait pas inquiéter sa sœur.

-Salut, tu es déjà debout toi ?

Le jeune Serpentard sursauta et fit tomber son livre sur le sol, en se maudissant lui-même. Il se retourna et rencontra le regard de Terrence, son protecteur. Il avait une affection particulière pour lui mais il n'avait jamais osé montrer une once de sympathie ouvertement, ayant trop honte de sa situation. Toute l'école avait remarqué son comportement, il rentrait plus tôt, évitait la foule et ne parlait pas beaucoup. Et le fait que Terrence le suive partout ne faisait qu'empirer les choses...

-N'aies pas peur ce n'est que moi. Dit-il d'un ton rassurant en s'installant dans le sofa. J'ai remarqué que tu ne dormais pas beaucoup la nuit...

-En effet, je ne suis pas un gros dormeur.

Terrence le contempla quelques instants, en passant sa main dans ses cheveux en bataille. Il sortait tout juste du lit, son pyjama vert et ses cernes en témoignaient. Son air était désolé, mais compréhensif.

-Hugo tu ne comprends pas ce que je veux dire. Je ne suis pas idiot, je sais que tu vas mal et c'est tout à fait normal. S'il y a une personne à qui tu peux te confier c'est bien moi, je suis là pour ça après tout.

-Mais je n'ai pas besoin qu'on m'aide !

-On a tous nos démons, et ce que tu as vécu dépasse toute chose imaginable. Tu n'avais que 11 ans quand une malédiction s'est abattu sur toi, tu ne penses quand même pas que je vais croire que tu es joyeux ? Je n'imagine même pas la peur que tu as dû ressentir, mais sache une chose, tu n'es plus seul désormais. Alors vas-y, parle-moi.

Hugo n'avait même pas les mots pour dire à quel point Terrence était compréhensif. Ils ne se connaissaient pas et ce garçon semblait lire en lui comme dans un livre ouvert. Il sentit immédiatement les larmes lui monter aux yeux, tout ce qu'il avait retenu depuis des mois semblaient sur le point d'exploser. Evidemment qu'il allait mal, ce qu'il ressentait au fond de lui était indéfinissable, irrémédiable. Il se sentait ronger par la peur, l'angoisse et le stress à la moindre seconde, comme s'il s'apprêtait à voir la créature à l'angle d'un couloir. Certes il était devenu un bon sorcier en seulement une semaine et dépassait de loin ses autres camarades, mais c'était pour la simple et bonne raison que la seule chose qui le faisait oublier cette histoire était les cours. Dès qu'il en avait l'occasion, il se plongeait dans la lecture d'un nouveau cours, empruntait des dizaines de livres par jour et tentait de se focaliser seulement là-dessus. Personne sur cette Terre ne pourrait comprendre le quotidien qu'il vivait, personne ne ressentirait ce que Hugo Turner endurait... Et il était trop lâche pour avouer à sa sœur que tout allait mal, il ne voulait plus l'inquiéter, elle avait déjà fait beaucoup pour lui. Alors peut-être que Terrence avait raison ? Peut-être était-il temps de s'ouvrir à lui et de faire confiance à quelqu'un qui lui voulait du bien ? Ne pouvant retenir ses larmes, Hugo se lâcha et laissa toutes ses émotions prendre le dessus. Terrence le regarda sincèrement et Hugo pu lire dans son regard de la bienveillance, de l'amitié même. Comme par instinct, Hugo se blotti dans les bras du préfet et laissa toute sa tristesse se libérer, sans prendre garde qu'il trempait la robe de ce dernier. Terrence semblait surpris et tapota maladroitement l'épaule de Hugo.